L’Almanach international
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5 août : le « miracle » de la neige en plein été
Rome, Prague et Saint-Laurent-les-Bains, un petit village de l’Ardèche, ont tous les trois en commun de célébrer aujourd’hui Notre Dame des Neiges…
Rome, Prague et Saint-Laurent-les-Bains, un petit village de l’Ardèche, ont tous les trois en commun de célébrer aujourd’hui Notre Dame des Neiges. Rome commémore le miracle qui fit tomber de la neige le 5 août 336 sur le Mont Esquilin, ce qui fut interprété comme un signe de la vierge pour désigner l’endroit où devait être érigée une église, connue comme Sainte-Marie-Majeure, une des quatre grandes basiliques de Rome.
Prague fit également édifier en 1347 une église gothique, la plus haute de la ville, consacrée à Notre Dame des Neiges, en hommage à celle de Rome.
Enfin, l’Ardèche possède un monastère trappiste, fondé en 1850, sous le vocable de ND des Neiges, connu pour ses fameuses caves à vin. Il accueillit aussi bien l’écrivain R.L. Stevenson que Charles de Foucault, alors jeune novice, qui y séjourna en 1890. Ses reliques y sont conservées depuis sa béatification à Rome en 2005.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 août 2024
9 mars : la bénédiction des automobiles
Depuis les années 1930, une bénédiction des voitures est organisée pour la Sainte-Françoise Romaine, patronne des automobilistes, même si celle-ci n’est plus que symbolique en raison des restrictions de circulation dans le centre de Rome.
Autrefois, le 9 mars, un curieux embouteillage se produisait via Teatro di Marcello, à Rome, près du Colisée. Mais, aujourd’hui avec les restriction de circulation dans le centre de Rome, seules quelques voitures bénéficiant d'une autorisation spéciale sont bénies de manière symbolique pour rappeler la cérémonie d’antan. Depuis les années 1930, une bénédiction des voitures est organisée le jour de la Saint-Françoise Romaine, devant l’église du même nom où repose les restes de la sainte. En 1925, la Sainte fut déclarée protectrice des automobilistes. Ses restes sont conservés au le Forum Romain, dans la crypte de la Basilique qui lui est dédiée. Elle est considérée comme la protectrice des automobilistes car la légende raconte que tout au long de sa vie, le chemin de la Sainte fut toujours éclairé par un ange.
Francesca Romana était une femme de la noblesse romaine qui vécu au XIVe siècle et consacra sa vie aux pauvres. Elle a aussi fondé la congrégation des oblates de saint Benoît pour les dames de sa conditions souhaitant s’adonner à la prière et aux bonnes œuvres. Le couvent, situé via del Mare, fait chaque anné « portes ouvertes » pour l’occasion.
Jadis les animaux de trait et leur conducteurs étaient béni le 17 janvier (c’est d’ailleurs toujours le cas), avec l’apparition des véhicules à moteur, l’Église se devait de leur trouver un saint protecteur, saint Christophe, patron des voyageurs, arboré par de nombreux automobilistes, n’ayant en réalité jamais existé.
En France, des paroisses, notamment celles qui sont consacrées à saint Christophe, organisent des bénédictions d’automobiles, elles ont généralement lieu en été. Aucune n’a le succès de celle qui se déroulerait chaque 9 mars et le dimanche qui suit, dans la capitale italienne.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 mars 2024
21 avril : c'est l'anniversaire de Rome !
Rome fête son 2776e anniversaire. Pour l’occasion, les musées sont gratuits et la journée se termine par un feu d’artifice tiré depuis le Tibre. C’est le 21 avril 753 avant J.C. que Rome aurait été fondée de la main de Romulus. C’est du moins ce que l’on raconte…
Rome fête son 2776e anniversaire. Pour l’occasion, les musées sont gratuits et la journée se termine par un feu d’artifice tiré depuis le Tibre. On raconte, en effet, que c’est le 21 avril 753 avant J.C. que Rome aurait été fondée de la main de Romulus. C’est tout au moins la date qui a été déterminée grâce à la légende du savant Varrone et aux calculs astrologiques de Lucio Taruzio. À 16h, on peut assister à la reconstitution du Tracciato del Solco (le tracé du sillon sacré par Romulus, geste qui sera à l’origine de la création de la ville de Rome sur le Palatin) au Circo Massimo.
L’anniversaire de Rome était déjà célébré le 21 avril à l’époque de la Rome impériale et donnait lieu à de grandes festivités. La date a été ensuite oubliée pendant des siècles. Elle a resurgi sous le fascisme qui a fait du 21 avril une fête nationale appelée "Natale di Roma”. Ce décret fut annulé en 1945, mais la date a continué d’être célébrée dans les milieux, longtemps confidentiels, de l’extrême droite païenne dont Alessandro Giuli est un des représentants.
L’anniversaire de la Ville éternelle est à nouveau célébré depuis les années 1990, mais avec une arrière-pensée touristique évidente. Le moment fort est le défilé historique, avec des centaines de figurants en costume d’époque romaine, qui démarre à 11h au Circo Massimo, puis emprunte la Via del Teatro di Marcello, pour arriver Piazza Venezia entre 12h et 13h, avant de retourner Circo massimo, via le Colisée. Cette année, le 21 avril tombant un vendredi, la fête se prolongera pendant tout le week-end, avec un spectacle de son et lumière tard dans la soirée.
S’il est un monument à ne pas manquer ce jour-là, c’est le Panthéon : une fois par an, le 21 avril, jour où l'on célèbre Dies Natalis Romae, à midi, un phénomène particulier se répète : un rayon de lumière s'élargit vers la porte d'entrée faisant face au nord en la rendant complètement dégagée. L'effet avait été conçu pour illuminer l'entrée triomphale de l'empereur au Panthéon .
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 avril 2023
17 février : Giordano Bruno, le philosophe brûlé par l’Église et qui n’a jamais été réhabilité
Chaque 17 février, une foule se rassemble sur une petite place du centre historique de Rome, le Campo de 'Fiori pour rendre hommage à un philosophe napolitain, Giordano Bruno, qui a été brûlé vif pour hérésie, à cet endroit, le 17 février 1600 sur ordre de la Sainte Inquisition.
Chaque 17 février, une foule se rassemble sur une petite place du centre historique de Rome, le Campo de 'Fiori à deux pas du palais Farnèse. Chacun vient pour déposer des couronnes, des poèmes et des bougies au pied de la statue d’un homme de bronze sous son capuchon de moine. L'homme que l’on honore est le philosophe napolitain Giordano Bruno. Il a été brûlé vif pour hérésie, à cet endroit, le 17 février 1600 sur ordre de la Sainte Inquisition. Le tribunal de l’Église lui reprochait ses livres dans lesquels il prônait la cosmologie héliocentrique de Copernic et affirmait que l'univers était infini et contenait plusieurs autres mondes. Seize ans plus tard, la même accusation sera portée contre Galilée, mais ce dernier se rétractera pour avoir la vie sauve. Bruno, lui, ira jusqu’au bout de ses convictions.
Le Vatican a fini par gracier Galilée, en 1992. Giordanno Bruno ne le sera pas en dépit de demandes répétées à l’approche du 400e anniversaire de son supplice. C’est le 4 février 2000, que le cardinal Poupard communique finalement la réponse du Vatican : certes, le Vatican regrette la violence employée pour faire taire le philosophe mais celui-ci ne peut en aucun cas être réhabilité, comme le furent Galilée ou Jean Hus. Selon le Vatican, les études menées sur la pensée de Giordano Bruno « ont mis en évidence qu'elle était substantiellement étrangère au message chrétien ». Au XXIe siècle, le philosophe brûlé par l’Église, il y a 423 ans, demeure dangereux pour sa trop grande liberté de pensée.
« (…) ce n'est pas hors de nous qu'il faut chercher la divinité, puisqu'elle est à nos côtés, ou plutôt en notre for intérieur, plus intimement en nous que nous ne sommes en nous-mêmes. » (Giordano Bruno, Le Banquet des cendres).
Giordano Bruno avait parcouru l’Europe pour répandre ses idées. Tous les deux ans, il a dû changer de pays pour éviter l’arrestation. Quitte à mourir pour ses idées, il a préféré que cela se passe à Rome, au cœur même du pouvoir de l’Église.
Au milieu du XIXe siècle, Giordano Bruno est devenu une sorte de héros pour les anticléricaux, tout particulièrement en Italie, dans le contexte de l'unification de la péninsule à laquelle les États de l'Église faisaient obstacle. En 1889, une statue a été érigée Campo dei Fiori, à l’endroit même de son bûché, à deux pas du Vatican. On doit la statue au sculpteur Ettore Ferrari, un franc-maçon notoire et militant laïque qui, à la fin de sa vie, sera violemment attaqué par les sbires de Mussolini.
Le philosophe, un peu oublié aujourd’hui, a eu une grande notoriété, également en France à la fin du XIXe siècle, au moment où une partie des Français cherchaient à échapper à la tutelle morale de la religion. C’est en hommage au penseur italien, qu’ Augustine Fouillée-Tuilerie, l'auteure du Tour de France par deux enfants, célèbre manuel de lecture des écoles laïques de la IIIe République, avait signé cet ouvrage paru en 1877 du pseudonyme « G. Bruno ».
”Maiori forsan cum peur sententiam in me fertis quam ego accipiam": "Peut-être tremblez-vous plus en prononçant cette phrase contre moi que moi en l'écoutant". Ce sont les derniers mots de Giordano Bruno, après avoir entendu la sentence de la Sainte Inquisition.
Chaque année, le 17. février à 17h, un hommage lui est rendu sur le Campo de 'Fiori, à Rome.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde