L’Almanach international
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10 février : le naufrage de Saint Paul, fête religieuse et nationale à Malte
Les Maltais sont convaincus que l’apôtre Paul a fait naufrage près de leur archipel et qu’il a évangélisé leur pays. La commémoration de l’événement, jour férié et chômé, est une grande fête populaire.
Les Maltais sont convaincus que l’apôtre Paul a fait naufrage près de leur archipel (et non au large des côtes croates comme l’affirment les historiens) et qu’il a évangélisé Malte et Gozo. Cet événement est considéré comme l'un des plus grands moments de l'histoire de Malte au point que la Fête du naufrage de Saint Paul (San Pawl Nawfragu) a été déclarée jour férié officiel.
La célébration principale a lieu, bien sûr, en l'église du Naufrage de Saint-Paul à La Valette, la capitale de Malte, avec trois messes successives à 8h 10h et 11h suivi d’une grande procession. Chaque 10 février, l’effigie en bois de l'apôtre Paul (une statue du XVIIe siècle) défile dans les rues de la ville, sous les applaudissements du public et les confettis lancés des fenêtres. À 12h00, c’est le tir des canons de la batterie de salut pour commémorer la fête du naufrage de St Paul (Feast of St. Paul's Shipwreck). Après la cérémonie religieuse, la procession prend vite l’allure d’un véritable carnaval parcourant la capitale.
En effet, selon la légende, saint Paul (Paul de Tarse) aurait fait naufrage à Malte, en l’an 60. Il venait de passer deux années en prison à Césarée, siège de l’autorité romaine en Palestine et naviguait vers Rome pour être jugé (comme citoyen romain), en compagnie d’autres prisonniers. Une terrible tempête se déchaîna qui laissa penser à l’équipage aussi bien qu’aux prisonniers que le naufrage était inévitable et son issue fatale. Mais Paul les rassura et leur dit : « Vous sortirez tous sains et saufs de ce naufrage. Cette nuit, un ange m’est apparu et m’a dit : « Paul, tu n’as rien à craindre ; il faut que tu comparaisses devant l’empereur romain. Et Dieu sauvera tous tes compagnons » De fait, les 276 occupants du bateau parvinrent à rejoindre la côte maltaise sans dommage, selon les promesses de l’ange ! Trois mois plus tard, Paul était embarqué sur un autre bateau vers Rome où il devait être jugé puis décapité.
Timbre-poste de 1919
Le passage de Paul à Malte, s’il fut bref, a laissé de nombreuses traces car on lui attribue plusieurs miracles. Ainsi, accueilli à Mdina, dans le palais du gouverneur romain Publius, il guérit miraculeusement le père de ce dernier atteint de la dysenterie. Publius se convertit et devient le premier évêque catholique de Malte. Mais Paul prêcha aussi l’Évangile à une population qui affluait, intriguée par cet homme, tout à la fois faiseur de miracles et ardent prédicateur ! Tout cela, c’est ce que dit la légende, car pour les historiens Paul aurait plutôt fait naufrage sur la côte dalmate.
De nos jours, la figure de saint Paul hante encore l’archipel, à commencer par l’imposante statue du saint, érigée en 1845 sur la côte même où le bateau est censé avoir échoué. Tout près de la grotte où il aurait séjourné durant trois mois, on peut visiter les catacombes qui portent son nom, peu n’importe si elles datent des IVe et Ve siècles. Légende ou pas, il est avéré que Malte fut la première colonie romaine à se convertir au christianisme. Paul est le saint patron de Malte, bien sûr, et celui de différentes paroisses de l’île.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 février 2025
Photos : Agustína Gava
7 juin : quand les Anglais tiraient sur des Maltais en colère
Le jour est férié à Malte en souvenir de ce jour de 1919 où les Anglais ont tiré dans la foule des manifestants qui protestaient contre le coût de la vie et l'occupation de leur pays : 4 morts, plusieurs dizaines de blessés.
Le jour est férié à Malte en souvenir de ce jour de 1919 où les Anglais ont tiré dans la foule des manifestants en colère : 4 morts, plusieurs dizaines de blessés. Le jour est commémoré comme le Sette Giugno. Les cérémonies commémoratives se tiennent place Saint-Georges à La Valette.
Le 7 juin 1986, le monument Sette Giugno a été inauguré place Saint-Georges (Place du Palais). En 1989, le Parlement maltais a déclaré cette journée comme l'une des cinq journées nationales du pays. Le premier souvenir officiel de cette journée a eu lieu le 7 juin 1989. Malte n'a obtenu son indépendance du Royaume-Uni qu'en 1964.
Chaque année, le Parlement maltais commémore les événements survenus le 7 juin 1919 à la suite d'une série d'émeutes des Maltais confrontés à une extrême pauvreté due à la forte augmentation du prix du pain. Les foules se sont rebellées contre les importateurs de céréales et les meuniers qui étaient considérés comme tirant de gros profits de la hausse des prix des denrées alimentaires alors que la population mourait de faim. Les troupes britanniques ont été appelées pour contrôler les émeutiers, ce qui a conduit à des coups de feu. Quatre Maltais, Manwel Attard, Karmnu Abela, Ġużè Bajada et Wenzu Dyer ont perdu la vie au cours de ces émeutes.
Ces événements ont marqué un moment crucial dans l'histoire politique de Malte, soulignant le besoin urgent de réformes sociales et économiques. À la suite de ces événements et des efforts déployés par les autorités maltaises, Malte a obtenu la Constitution Amery-Milner de 1921, accordant, pour la première fois, le droit à l'autonomie gouvernementale dans les affaires intérieures.
Le drame est célébré chaque année depuis 1989. Le 6 juin 2021, la célébration du Sette Giugno avait été récupérée par des militants d’extrême droite. Des complotistes de plusieurs pays faisant référence à la lutte pour la liberté du Sette Giugno, s’étaient rassemblés à Balluta Bay, sur la côte nord-est de Malte, pour affirmer que le virus de la Covid-19 n’existait pas ! Les manifestants, dont beaucoup étaient intentionnellement vêtus de jaune. La manifestation a été jugée indécente par la majorité des observateurs eu égard à la mémoire des Maltais qui ont lutté pour la liberté.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 juin 2024
11 septembre : le 11-Septembre, un épisode du choc des civilisations ?
Certains historiens américains adeptes de la théorie du choc des civilisations ne se sont pas privé de fouiller l’histoire pour tenter de décrypter le choix par Al-Qaïda de la date du 11 septembre pour frapper l’Amérique…
Certains historiens américains adeptes de la théorie du choc des civilisations ne se sont pas privé de fouiller l’histoire pour tenter de décrypter le choix par Al-Qaïda de la date du 11 septembre pour frapper l’Amérique, symbole de l’Occident, en plein cœur. Pour cela, ils ont sorti quelques événements symboliques qui ont vu s’affronter Orient et Occident.
Le 11 septembre 1565, les Turcs levaient le siège de Malte après 112 jours de présence hostile autour de l’archipel. Le lendemain, ils prenaient le large, renonçant à prendre pied sur cet archipel stratégique. La bataille fut terrible, à la fois militaire et psychologique. Terroriser l’adversaire était déjà une tactique de guerre. Les défenseurs chrétiens de Malte n’avaient pas hésité à bombarder leurs adversaires musulmans des têtes coupées de leurs prisonniers ! Cette défaite majeure des Turcs marquait le premier coup d’arrêt à l’expansion de l’Empire ottoman à qui, jusque-là, rien ne résistait.
Le 11 septembre 1609, les crieurs de rue de Valence annonçaient l’arrêté d’expulsion des morisques, les musulmans d’Espagne, suite à la décision prise par le roi très catholique Philippe III. Le premier convoi quittera le royaume le 2 octobre. Au total plus de 300 000 personnes seront déportées hors du pays, soit 5% de la population espagnole de l’époque. Après l’expulsion des juifs un siècle plus tôt, les Espagnols achevaient l’épuration ethnique de leur pays. Comme autrefois Al-Qaïda, Daesh réclame aujourd’hui de reprendre pied sur le territoire espagnol, mais ses dirigeants connaissent-ils cette date et le détail de cette histoire ?
Des historiens ont évoqué l’idée d’une vengeance des islamistes le 11 septembre 2001. Ce courant de pensée s’inspire d’un pamphlet américain titré The Clash of Civilizations et publié par Samuel Hungtington en 1996. Lui-même affirmait après le 11 septembre 2001 « les événements donnent une certaine validité à mes théories. », même s’il le déplorait.
Le 11 septembre 1683, les Turcs subissent l’attaque surprise du roi de Pologne, Jan Sobieski, venu au secours de la capitale autrichienne qu’ils assiègent et affament depuis plusieurs semaines. Le lendemain, ils doivent lever le siège de Vienne et battent en retraite dans la plus grande confusion. Cette déroute ottomane marque le coup d’arrêt de l’avancée des Turcs, lesquels ne feront dès lors plus que reculer jusqu’à la défaite finale de 1918 qui entraînera la disparition de l’Empire ottoman en 1922 et celle du Califat en 1924. Ce Califat que Daesh prétend aujourd’hui restaurer.
Les batailles opposant des armées chrétiennes et musulmanes sont très nombreuses et les dates multiples. Si les estocades finales ont bien été données un 11 septembre, les sièges de Malte et de Vienne ont, en fait, été levés un 12 septembre. Quant à l’expulsion des morisques, plusieurs dates mémorielles sont possibles : la décision, sa publication ou le début de son exécution, à des dates différentes en Castille et en Aragon... Il est peu probable que les terroristes du 11-Septembre connaissaient le détail de ces faits, auxquels, d’ailleurs, ils n’ont jamais fait référence. Il s’agit là de spéculations d’historiens soucieux de démontrer la permanence de ce qu’ils désignent sous le concept de « choc des civilisations ». Pour cela, il leur faut monter en épingle les ruptures, jamais les points de convergence.
Les détracteurs de ces théories dénoncent une lecture avant toute religieuse des conflits et le cloisonnement a priori des civilisations décrites par Hungtington. Lequel a toujours écarté l’idée la possibilité d’un métissage entre les cultures qui aurait contredit ses thèses.
Ce texte est extrait du livre Les 11-Septembre, celui des Américains, des Chiliens, des Catalans et tous les autres par Kader Abderrahim, Eduardo Olivares Palma, Maria Poblete, Cyril Trépier…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
L’assaut final, la cavalerie polonaise, conduite par le Roi Jean Sobieski, lors du siège de Vienne de 1683, œuvre de Piotr Arendzikowski
31 mars : Malte célèbre sa liberté
C’est à dire l’anniversaire du départ des Anglais de la base militaire de Vittoriosa après plusieurs années de tractations. Indépendante depuis 1964, Malte a attendu 15 ans pour voir partir la Royal Navy de son territoire. Cette fête est traditionnellement l’occasion d’organiser une régate.
Malte fête le Jour de la liberté (Freedom Day ou Jum il-Ħelsien). C’est à dire l’anniversaire du départ des Anglais de la base militaire de Vittoriosa en 1979, après plusieurs années de tractations. Indépendante depuis 1964, Malte a attendu 15 ans pour voir partir la Royal Navy de son territoire. Cette fête est traditionnellement l’occasion d’organiser une régate.
À 11 heures, ce matin, le président assiste à la cérémonie officielle du Jour de la Liberté et dépose une gerbe au Monument du Jour de la Liberté à Birgu (Vittoriosa). Un cérémonie est également prévue au Monument aux Morts de Floriana. Mais, l’évènement important se déroule dans l'après-midi au Grand Harbour où se déroule une régate compétitive (la Freedom day regatta). En temps normal, la régate attire des milliers de spectateurs et de participants des trois grandes villes (Birgu, Bormla et Isla), ainsi que des villes côtières. Cette année avec la pandémie, l’ambiance sera particulière. La régate fait partie de deux événements annuels de course d'aviron, le deuxième étant le Jour de la victoire, le 8 septembre. Le gouvernement espère une reprise du tourisme sur l’archipel le 1er juin.
Happy Freedom Day Malta #maltafreedomday #JumilĦelsien
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 mars 2021