L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

26 septembre, Europe, Langues Bruno Teissier 26 septembre, Europe, Langues Bruno Teissier

26 septembre : l'Europe fête ses langues !

Si vous pensez que l’Europe doit se mettre au tout anglais pour plus d’efficacité, cette 23e Journée européenne des langues doit vous persuader du contraire. En effet, le plurilinguisme en Europe ne se limite pas aux 23 langues officielles de l’Union européenne.

 

Si vous pensez que l’Europe doit se mettre au tout anglais pour plus d’efficacité, cette 23e Journée européenne des langues (JEL) doit vous persuader du contraire. En effet, le plurilinguisme en Europe ne se limite pas aux 23 langues officielles de l’Union européenne. L’initiative vient du Conseil de l’Europe, au nom de ses 47 membres. Elle concerne 800 millions d’Européens aux d’origines diverses. Outre les langues européennes, on parle aussi sur le continent, l’arabe, le turc, le kurde, le berbère, le tamoul… autant de langues qui ont bien plus de locuteurs européens que le letton ou le gaélique, sans parler du sorabe ou du ladino. Si on compte les langues importées, ce sont plus de 300 langues qui sont effectivement parlées en Europe. Cette journée est destinée à une prise de conscience de ce patrimoine et se veut un encouragement à le préserver. Pourquoi ne pas en profiter pour assister à un cours d’initiation au bulgare ou au catalan ? La Journée est prolongée par une Semaine des cultures étrangères, animée par les centres culturels des différents pays.

Cette année, en 2024, le Conseil de l'Europe la fête sous la devise « Les langues pour la paix », soulignant comment la diversité linguistique et l'éducation aux langues peuvent jouer un rôle clé dans la promotion d'une culture de la paix, du vivre ensemble et de la démocratie. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 septembre 2024

 
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1949, Inde, Langues, 14 septembre Bruno Teissier 1949, Inde, Langues, 14 septembre Bruno Teissier

14 septembre : l'Inde célèbre sa principale langue nationale

Le Jour de l’hindi est observée chaque 14 septembre par l’Union indienne, en particulier dans les États hindi de l'Inde. Il célébre l'adoption de l'hindi comme l'une des deux langues officielles de l'Inde, avec l’anglais

 

 Le Jour de l’hindi (हिन्दी दिवस ; Hindī Diwas ) est observé chaque 14 septembre par l’Union indienne, en particulier dans les États hindis de l'Inde. Il célèbre l'adoption, le 14 septembre 1949, de l'hindi (écrite en devanagari) comme l'une des deux langues officielles de l'Inde, avec l’anglais. La constitution de 1950 prévoyait même qu’au bout de 15 ans, l’hindi deviendrait la seule langue officielle. En fait, il n’en a rien été, l’anglais reste utilisé de manière officielle comme langue de communication notamment dans les États du Sud où tout le monde ne parle pas le hindi, tant s’en faut. En réalité, la constitution donne aussi un rôle officiel à vingt autres langues qui constituent les langues officielles des différents États. D’ailleurs, une bonne partie d’entre elles n’ont aucune parenté linguistique avec le hindi. Dans le Sud, comme dans les petits États du Nord-Est, on est généralement peu enclin à célébrer la domination du hindi. C’est dans ces régions qu’on s’est battu pour conserver à l’anglais un statut équivalent.

L’hindi est la langue maternelle de 40% des Indiens environ. Dans son usage courant, elle est souvent mêlée à de l’anglais pour former un sabir baptisé hinglish. Métissée d’arabe et de persan, elle devient l’ourdou dans la bouche des musulmans.

Les écoles et collèges de la majeure partie du pays organisent chaque 14 septembre des programmes littéraires et culturels, des concours de poésie en hindi auxquels les étudiants participent. C’est Jawaharlal Nehru, le tout premier Premier ministre du pays, qui avait décidé en 1953 de célébrer la journée du hindi chaque 14 septembre.

Le hindi est la quatrième langue la plus parlée au monde après l’anglais, l’espagnol et le mandarin. Chaque année pour l’Hindi Diwas, lors d’une cérémonie à Delhi, le président de l'Inde remet les prix Rajbhasha à des personnes ayant contribué au rayonnement de cette langue.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 septembre 2023

Lire : Les Indiens et leurs langues, par Olivier Da Lage, éditions BiblioMonde

 
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1952, Bangladesh, Langues Bruno Teissier 1952, Bangladesh, Langues Bruno Teissier

21 février : la journée de la langue maternelle

Aujourd'hui, 40 % de la population mondiale n'a pas accès à l'éducation dans une langue qu'elle parle ou comprend. Dans certains pays, ce chiffre s'élève à plus de 90 %…

 

Toutes les deux semaines, une langue disparaît, emportant avec elle tout un patrimoine culturel et intellectuel. 2500 langues sont en voie de disparition dans le monde, dont 25 en France. Seulement 200 d’entre elles sont enseignées ou ont un statut officiel. Aujourd'hui, 40 % de la population mondiale n'a pas accès à l'éducation dans une langue qu'elle parle ou comprend. Dans certains pays, ce chiffre s'élève à plus de 90 %… Pour promouvoir la diversité linguistique, l’Onu a instauré en 1999 une Journée internationale de la langue maternelle chaque 21 février.

Pourquoi cette date ? C’est en souvenir des cinq étudiants bangladais tués par la police pakistanaise alors qu’ils manifestaient pour pouvoir continuer à étudier dans leur langue, le bengali. Le Bangladesh n’existait pas encore, le pays n’était autre que le Pakistan oriental. En 1952, les autorités pakistanaises n’avaient rien trouvé de mieux que d’imposer l’ourdou, la langue du Pakis­tan occidental, comme unique langue officielle de l’État du Pakistan, d’où le soulèvement de la population bengalie, violemment réprimé. Chaque année, à Dacca, à l’occasion de ce Langage Martyr Day (ভাষা শহীদ দিবস), une gerbe est déposée sur le mémorial des martyrs de la langue nationale.

En France, où le sujet est sensible, cette journée mondiale a peu d’échos sauf si les Corses ou les Bretons s’emparent de cette date, ce qui ne semble pas être le cas.  À l’Unesco, une cérémonie et une conférence sont prévues. L'édition 2020 contribuera à la promotion d'une approche pacifique du dialogue et au développement de sociétés inclusives.

En Afrique, c’est l’occasion d’une réflexion sur la place offerte dans les écoles aux très nombreuses langues maternelles, au nombre de 150 à 200 dans des pays comme le Tchad ou le Centra­frique. Peu de pays, à l’instar du Sénégal, leur offrent une vraie place.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 février 2024

 
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1966, Mauritanie, 11 février Bruno Teissier 1966, Mauritanie, 11 février Bruno Teissier

11 février : le Manifeste des 19 contre l’arabisation forcée de la Mauritanie

En Mauritanie, la communauté noire commémore chaque année l’arrestation des 19 signataires d’un manifeste de 1966 dénonçant la décision de rendre la langue arabe obligatoire dans les collèges et les lycées.

 

En Mauritanie, la communauté noire commémore chaque année l’arrestation des 19 signataires d’un manifeste dénonçant la décision de rendre la langue arabe obligatoire dans les collèges et les lycées.

Le 4 janvier 1966, la totalité des élèves noirs des lycées de Nouakchott et de Rosso s’étaient mis en grève illimitée pour réclamer la suppression du décret d’application de la loi du 30 janvier 1965 rendant obligatoire l’enseignement de la langue arabe dans le secondaire. Ce mouvement de contestation scolaire avait trouvé rapidement un écho favorable auprès de nombreux hauts cadres originaires de la vallée du Sénégal qui dénonçaient leur marginalisation dans un État où les Maures arabisés tiennent le haut du pavé. Le 6 janvier, par solidarité, dix-neuf d’entre eux apportent leur soutien à la revendication de ces élèves et posent le problème de la cohabitation nationale : ils publient que l’on appelle le « Manifeste des 19 ». Dans ce manifeste, ils dénoncent cette loi qu'ils voient comme un obstacle à l'avancement des Noirs non arabophones dans le pays, l'arabisation du pays, ainsi que l'effacement du caractère négro-africain de la Mauritanie dans toutes les sphères de la société. Ils réclament l'instauration du fédéralisme.

Pour contenir la contestation, les élèves du secondaire furent mis en vacances du 19 janvier au 4 février inclus. La rentrée s’est faite dans un climat de grande tension. Le 8 février au lycée de Nouakchott, des rixes ont eu lieu entre les élèves noirs et les élèves maures. Le lendemain, des Haratins (anciens esclaves noirs, de culture maure) armés organisaient des ratonnades dans les quartiers majoritairement noirs de la ville, accusant leurs habitants d’être des Sénégalais et non des Mauritaniens. Trois Maures et trois Noirs ont été tués mais près de 70% des blessés étaient noirs. À la suite de ces violences, le président Moktar Ould Daddah a fait fermer tous les établissements scolaires, musèlé Radio Mauritanie, ordonné un couvre-feu et l’arrestation des 19 signataires du Manifeste. Le 11 février 1966, ils sont emprisonnés à Nbeika.

Depuis cette date, l’anniversaire de l’arrestation de ces militants est l’occasion de dénoncer la marginalisation des Noirs dans ce pays créé par la France de manière arbitraire à cheval sur le Sahel et la vallée du Sénégal, deux mondes très différents. Dans les années 1960, il existait un mouvement panarabiste qui prônait un rattachement de la Mauritanie au Maroc. Certains de leurs porte-voix ont été, eux aussi, emprisonnés à l’époque.

Depuis la mort de Mohamed Abdallahi Ba en 2023, ils ne sont plus que deux signataires à être encore en vie : Daffa Bakary et Aly Kalidou Ba.

Le texte du manifeste de 1966 :

Nous soussignés :

- Déclarons être hostiles à la mesure rendant l'arabe obligatoire dans les enseignements primaires et secondaires.

- Engageons le combat pour détruire toute tentative d'oppression culturelle et pour barrer la route à l'arabisation à outrance.

- Exigeons l'abrogation pure et simple des dispositions des lois 65-025 et 65-026 du 30 janvier 1965 rendant l'arabe obligatoire dans les 1er et 2ème degré et qui ne tiennent aucunement compte des réalités mauritaniennes.

- Rejetons le bilinguisme qui n'est qu'une supercherie, une trahison permettant d'écarter les citoyens Noirs de toutes les affaires de l'Etat.

-Dénonçons la discrimination raciale, l'illégalité, l'injustice et l'arbitraire que pratique le régime en place.

- Dénonçons toute confusion hypocrite visant à poser un problème à tendance politique (Arabe) sous l'optique religieuse (Islam).

- Nions l'existence d'une majorité maure, car les propositions proclamées sont fabriquées pour soutenir le régime dans l'application intégrale de sa politique de médiocrité déjà entamée à l'endroit de la communauté noire.

- Exigeons le remplacement immédiat de tous les commandants de cercle et Adjoints, des chefs de subdivision, des chefs de postes administratifs, des commissaires de police, des commandants de gendarmerie, des juges et Maires-délégués, tous maures se trouvant dans le Sud par des administrateurs et fonctionnaires noirs, seuls soucieux du développement de cette partie du pays et respectueux des populations, et de toutes leurs valeurs.

- Exigeons le placement immédiat de tous les cadres noirs sous-employés dans les situations conformes à leurs diplômes et références.

- Sommes prêts à rencontrer le Président de la République, le Président de l'Assemblée Nationale, le Président du Groupe Parlementaire ;

- Mettons en garde tout responsable noir contre une éventuelle prise de position susceptible de léser les intérêts de la Communauté (noire) ;

- Jurons sur notre honneur de ne jamais transiger ni avec le devoir, ni avec la conscience, de ne jamais nous départir de nos positions justes et honnêtes, de nous maintenir dans ces positions jusqu'à la disparition totale de toute tyrannie, domination et oppression exercées sur la Communauté noire et jusqu'à ce que tout citoyen noir vive libre, digne et heureux en Mauritanie".

Les 19 signataires :  Ba Abdoul Aziz, magistrat ; Ba Ibrahima, ingénieur géomètre ; Ba Mohamed Abdallahi, instituteur ; Bal Mohamed El Habib, ingénieur des Eaux et Forêts ; Daffa Bakary, ingénieur des TP ; Diop Abdoul Bocar, commis comptable ; Diop Mamadou Amadou, professeur ; Kane Bouna, instituteur ; Koïta Fodié, ingénieur des TP et bâtiments ; Seck Demba, instituteur ; Sow Abdoulaye, inspecteur de Trésor ; Sy Abdoul Idy, statisticien ; Sy Satigui Oumar Hamady, instituteur ; Traoré Souleymane dit Jiddou, instituteur ; Bal Mohamed El Bachir, administrateur ; Ba Aly Kalidou, inspecteur de Trésor ; Ba Mamadou Nalla, instituteur ; Traoré Djibril, instituteur ; Coulibaly Bakary, instituteur

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 février 2024

 
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