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21 janvier : le Jour de la tête de veau ou la Mémoire de Louis XVI

C’est une tradition vieille de 229 ans qui est à nouveau honorée cette année, en France, celle d’organiser des banquets où l’on sert de la tête de veau, pour célébrer la décapitation de Louis XVI, le 21 janvier 1793.

 

C’est une tradition vieille de 229 ans qui est à nouveau honorée cette année en France, celle des banquets où l’on sert de la tête de veau, pour célébrer la décapitation de Louis XVI, le 21 janvier 1793.  Il existe à Paris, un Club de la Tête de Veau, qui chaque 21 janvier, organise un banquet de ce type. Le restaurant Le Coq de la Maison Blanche, à Saint-Ouen, les a accueillis pendant des décennies, avant sa fermeture, récente.  Dans plusieurs villes de province, également, la tradition de ces banquets républicains s’est poursuivie jusqu’à nos jours (interrompu seulement en 2021 pour cause de covid).

La tradition remonte à 1794, quand le citoyen Romeau proposa, pour remplacer les fêtes religieuses, d’organiser, chaque 21 janvier, des banquets servant de la tête de cochon et chaque 14 juillet, de déguster un gâteau en forme de Bastille. Le gâteau du 14 juillet n’a pas pris mais la tradition, bien française, du banquet républicain à cette date anniversaire, a survécu jusqu’à nos jours, sauf que l’on est passé au milieu du XIXe siècle du cochon au veau.  La tête de cochon, c’était celle dont était affublé Louis XVI sous la plume des caricaturistes dans les premières années de la Révolution. La mode de la tête de veau est venue plus tard, d’Angleterre. Chaque 30 janvier, à Londres, les partisans de la monarchie constitutionnelle, y festoyaient à la tête de veau, arrosée de vin rouge pour célébrer la décapitation du roi Charles Ier, le 30 janvier 1649. L’habitude avait été prise de se moquer de ceux qui se rassemblaient chaque 30 janvier pour commémorer le décès de ce roi anglais catholique adepte d’une monarchie absolue. Cette cérémonie à la mémoire de Charles Ier est toujours organisée de nos jours au Banqueting House, mais le Calf’s head Club (club de la tête de veau) de Londres, créé pour se moquer, n’existe plus. Les Français, indécrottables républicains, ont adopté le symbole de la tête de veau, s’y sont tenus et l’on même parfois adapté. L’an dernier, la Cantine de Ménilmontant, à Paris, proposait un menu Tête de veau à la sauce gribiche, couscous vapeur à déguster pour se payer la tête de Bouteflika, le président algérien encore en place le 21 janvier 2020. En provinces, des confréries de la tête de veau et des associations de libres penseurs cultivent, eux aussi, la tradition républicaine héritée de la Révolution française. 

Ces derniers acharnés de la République sont moins nombreux qu’il y a un siècle. La république est un fait acquis. Ils croisent parfois les derniers royalistes, formant un autre groupuscule, mais bien rodés pour les célébrations. Le patron du restaurant Le Coq de la Maison Blanche racontait qu’il recevait aussiles 21 janvier, des royalistes qui sortent de la messe à la cathédrale de Saint-Denis sur le coup de 13 heures… Comme chaque année, ce 230e anniversaire est en effet l’occasion pour des personnes des beaux quartiers de la capitale de faire leur incursion annuelle dans le 93, car c’est à Saint-Denis que se trouve la nécropole royale. D’autres célébrations religieuses se déroulent en divers endroits, notamment à la Chapelle expiatoire à Paris, mais aussi, vers 10h, ainsi que place de la Concorde, lieu de l’exécution du roi. À 10h, une manifestation de l’Alliance royale à Saint-Germain l’Auxerrois, l’ancienne paroisse des rois de France. Toujours à Paris, le sanctuaire du catholicisme fondamentaliste, l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, donne elle-aussi sa messe. La province participe bien sûr aux célébrations annuelles : à Toulon, ancien fief royaliste, une messe de requiem est célébrée en l’église Saint-François-de-Paule, comme chaque année. À Marseille, c’est en la basilique du Sacré-Cœur, avenue du Prado qu’une messe est dite à la demande de l'Union Royaliste Provençale (une branche de l’Action Française) et du Souvenir Bourbonien. À paris, l’Action Française organise chaque 21 janvier une marche aux flambeaux partant de l’église Saint-Roch dans le 1er arrondissement. À Poitiers, c’est en l'église Notre-Dame-la-Grande… Cette semaine, les bouchers ont eu une demande accrue de têtes de veau, un peu partout en France. Qu’en pensent "Les entêtés de la tête de veau", une association créée en Corrèze, la région où Jacques Chirac a débuté sans carrière politique ?

Mais, si vous n’aimez ni les messes en latin ni la tête de veau, et que vous êtes tout de même adepte des cérémonies groupusculaires, vous pouvez vous tout aussi bien célébrer la mémoire de Lénine, mort lui aussi un 21 janvier. À Moscou, ils sont encore quelques milliers à se rassembler près de la Place Rouge où chaque année son mausolée est fleuri. Mais, en France, les hommages se font aujourd’hui très discrets. Son souvenir s’estompe, la plaque mentionnant le domicile parisien de Lénine a été enlevée récemment de la façade de l’immeuble du 4 rue Marie-Rose, dans le 14e où il habita.

Le 21 janvier est aussi l’anniversaire de la mort de George Orwell, en 1950… « Il y a assez de causes réelles de conflits pour ne pas les accroître en encourageant les jeunes gens à se lancer des coups de pied dans les tibias au milieu de rugissements de spectateurs en furie. » écrivait-il. Il avait raison.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 janvier 2023

 
Louis XVI affublé d’une tête de cochon, une caricature de 1792

Louis XVI affublé d’un corps de cochon, une caricature de 1792

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1917, URSS, Russie, 7 novembre, Biélorussie, révolution Bruno Teissier 1917, URSS, Russie, 7 novembre, Biélorussie, révolution Bruno Teissier

7 novembre : le souvenir de la Révolution d'Octobre

Le jour n’est plus est férié en Russie (remplacée par le 4 novembre), mais reste une journée importante pour beaucoup de Russes. Pendant 73 ans, elle a été marquée par un grand défilé militaire à la gloire de la Révolution d’octobre. Poutine en a fait une journée patriotique sans référence révolutionnaire.

 

La Biélorussie est le dernier État de l’ex-URSS à célébrer encore le Jour de la Révolution d'octobre (Дзень Кастрычніцкай рэвалюцыі) comme un jour férié en organisant des défilés militaires. La révolution d’Octobre est aussi commémorée officiellement en Transnistrie, au Vietnam et à Cuba.

Le jour n’est plus est férié en Russie (remplacé par le 4 novembre), mais il reste une journée importante pour beaucoup de Russes. Pendant des décennies, elle a été marquée par un grand défilé militaire à la gloire de la Révolution d’octobre. Selon l’historiographie communiste, la révolution aurait débuté dans la nuit du 24 au 25 octobre 1917 par un coup de force bolchevique. La Russie vivait à l’époque sous le calendrier Julien, conservé aujourd’hui seulement par église orthodoxe. Dès 1918, la révolution a été célébrée le 7 novembre, selon la date du calendrier grégorien que les révolutionnaires venaient d’adopter mais le nom de « Révolution d’Octobre » est resté.

Pour occuper l’espace politique, Vladimir Poutine organise chaque 7 novembre des manifestations de ses partisans et tente de récupérer pour son propre compte des éléments de gloire de la geste stalinienne. Officiellement, on célèbre aujourd’hui le 81e anniversaire de la grande parade militaire de 1941, lorsque les soldats de l'Armée rouge ont marché sur la place Rouge avant de rejoindre le front pour défendre le pays contre les troupes nazies, alors aux portes de Moscou. À l'époque, ce défilé, organisé par Staline, avait pour vocation de commémorer la Révolution de 1917. Aujourd'hui, on se contente de rendre hommage aux soldats tombés pour la patrie pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans la Russie de Poutine, la figure de Staline n'est plus du tout vouée aux gémonies, bien au contraire, son règne est aux yeux du régime, un grand moment de l'histoire de la Russie. Certaines statues de Lénine ont aussi été rétablies.

Le dictateur biélorusse, Alexandre Loukatchenko, qui a failli lui-même être balayé par une révolution en 2020, suite au trucage des élections présidentielles qui lui a permis de rester au pouvoir, expliquait il y a quelques jours pourquoi il maintenait la commémoration de la Révolution d’octobre : « Notre histoire du siècle dernier est basée sur certains principes. Nous avons toujours fait des cadeaux à notre peuple à l'approche du 7 novembre. Cette date marque presque une fin d'année, ce qui signifie aussi l'achèvement de tous les travaux agricoles. C'était l'une des raisons pour lesquelles j'ai maintenu cette fête : les gens ont l'habitude de recevoir des cadeaux des autorités, les uns des autres, alors donnons-nous l'occasion de le faire », déclarait le président Loukatchenko en octobre 2022.

En outre, en Biélorussie, le 7 novembre est aussi la Journée de l'aviation civile (Часопіс грамадзянскай авіяцыі). Drôle de fête quand on sait que presque tous les aéroports d’Europe sont fermés aux appareils de la Belavia, la compagnie nationale biélorusse ! Cela depuis l’atterrissage forcé, le 23 mai 2021, d’un avion de Ryanair avec le journaliste Raman Pratasevich à bord. Cet acte de piratage avait permis au dictateur biélorusse de mettre la main sur un de ses principaux opposants en exil et de le jeter en prison, où il se trouve toujours.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 novembre 2022

 

En Biélorussie, en 2017, lors du centenaire de la révolution

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À Moscou, à l’époque des célébrations de la révolution.

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