L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
20 octobre : journée de la libération de Belgrade
Le 20 octobre 1944, après six jours de violents combats, Belgrade était enfin libre après 1 287 jours d’occupation par les Allemands de la capitale yougoslave. Cette Journée de la liberté est l’occasion d’un défilé calqué, toute proportion gardée, sur ceux qui se déroulent à Moscou.
Le 20 octobre 1944, après six jours de violents combats, Belgrade était enfin libre après 1 287 jours d’occupation par les Allemands de la capitale yougoslave. Un grand nombre de citoyens sont descendus dans les rues pour saluer avec enthousiasme les libérateurs. Belgrade a été la seule capitale d'Europe dont la libération est due, à parts égales, aux forces de l'armée nationale régulière, l'Armée de libération nationale de Yougoslavie, et à celle d’une grande puissance, en l’occurrence l’armée rouge de l’URSS.
Ce matin, une proclamation de la ville est lue aux enfants de toutes les écoles élémentaires de Belgrade à l'occasion de la Journée de la libération de Belgrade (Дан ослобођења Београда).
Au centre-ville, à 11h, un défilé intitulé "Victoire de la liberté" commence devant l'hôtel Moskva sur Terazije. Les cadets de l'Académie militaire y participent avec des répliques des drapeaux des brigades qui ont participé à la libération de Belgrade en 1944, ainsi que des membres des forces armées serbes, des anciens combattants, des citoyens et des représentants de SUBNOR, qui portent des photos de leurs ancêtres qui ont participé aux batailles pour la libération de Belgrade de l'occupation allemande. Ce type de défilé est calqué sur ceux qui se pratiquent plusieurs fois par an dans la Russie de Poutine.
À l'occasion du Jour de la libération de Belgrade, le chœur, les solistes et l'orchestre de l'Opéra de Belgrade se produiront à Trg Republike à 14h15. On pourra entendre les chanteurs Dušan Svilar, Filip Žmaher, Ivan Milinković, les chanteurs Bojana Stamenov, Jelena du groupe Zana et Nevena Božović. Les artistes de ballet du groupe de Milan Gromilić ont également complété le programme.
Délégations du gouvernement de Serbie et de la ville de Belgrade déposent des couronnes au complexe commémoratif du cimetière des libérateurs de Belgrade et au monument aux pilotes soviétiques tombés sur Avala.
Dans quelques jours, le 1er novembre, on commémorera une autre libération de Belgrade, cette fois celle de 1918, à l’issue de la Première guerre mondiale. Ce sera la seconde des Journées de la liberté 2022 (Дани слободе 2022).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 octobre 2022
24 mars : la Serbie se souvient des bombardements de l'OTAN
L’OTAN avait bombardé la Serbie pendant plusieurs semaines en 1999 pour prévenir un nouveau génocide de la part des Serbes. Après les horreurs de Srebrenica, le même processus avait commencé au Kosovo. L’intervention, illégale au regard du droit, avait permis de stopper les massacres, mais au prix de centaines de victimes des bombardements.
La Serbie célèbre chaque 24 mars Journée à la mémoire des bombardements de l’OTAN (Дана сећања на жртве НАТО бомбардовања). Ce soir les sirènes d'alerte de défense antiaérienne vont retentir à 19H45 (18H45 GMT), l'heure des premières frappes du 24 mars 1999. Cette journée de commémoration officielle n’est pas fériée.
La campagne avait impliqué l’ensemble des membres de l’OTAN à l’exception de la Grèce. Elle a duré 11 semaines. L'Otan a visé des dizaines de cibles militaires, puis des infrastructures (ponts, intersections ferroviaires, réseau électrique). Mais les bombardements ont parfois manqué leur cible, en faisant des victimes civiles, dont le bilan ne fait pas consensus. Les chiffres vont de 500 morts, selon l'ONG Human Rights Watch (dont les deux tiers sont des Albanais réfugiés en Serbie), à 2 500 selon le chiffre officiel des autorités serbes.
Cette intervention de l’OTAN contre la Serbie est citée régulièrement en exemple par les extrêmes droites et extrêmes gauches européennes qui soutiennent l’insoutenable : la destruction de l’Ukraine par Vladimir Poutine. Pourtant les contextes sont très différents. Les forces serbes étaient en guerre contre les mouvements indépendantistes kosovars. La province autonome du Kosovo (peuplée à plus de 80% d’Albanais), à laquelle Belgrade a supprimé toute autonomie, était en lutte contre la tutelle serbe. Ce conflit avait déjà fait 13 000 morts pour l’essentiel des Albanais tués par les forces serbes. Le massacre qui a déclenché l’intervention de l’OTAN est le massacre de Račak, un massacre délibéré de 45 civils par la police serbe, le 15 janvier 1999.
Les opinions publiques occidentales avaient découvert l’ampleur des massacres opérés par l’armée serbe en Bosnie. Le plus terrible fut le massacre de Srebrenica ou plus de 8 000 hommes et adolescents bosniaques ont été méthodiquement sélectionnés et exécuté un à un par les Serbes quasiment sous les yeux des casques bleus de l’ONU. Ces derniers incapables d’intervenir, ont refusé l’intervention de l’OTAN qui déjà à l’époque s’était proposée. Ce massacre, et ce ne fut pas le seul en Bosnie, a été qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) et la Cour internationale de justice à plusieurs reprises. C’est pour ne pas être les témoins impuissants de tels massacres que les opinions publiques européennes et américaines ont soutenu massivement cette intervention de l’OTAN pourtant illégale au regard du droit international puisque le Kosovo n’est pas membre de l’OTAN et ne pouvait donc pas bénéficier de l’article 5, ni non plus la Bosnie-Herzégovine.
Les bombardements sur la Serbie avaient finalement contraint Slobodan Milosevic, le leader serbe, à retirer ses troupes du Kosovo. Cette province (anciennement autonome) majoritairement peuplée d'Albanais, avait été mise sous l'administration de l'ONU, puis a proclamé en 2008 son indépendance que la Serbie refuse toujours de reconnaître.
Aucune comparaison peut être faite entre l’entreprise génocidaire serbe en Bosnie et au Kosovo et les affrontements armés entre forces ukrainiennes et forces russes au Donbass qui en huit ans de guerre ont causé la mort de quelque 3500 civils.
En Serbie, le 24 mars est marqué par des cérémonies du souvenir organisées dans les villes et villages de toute la Serbie. Une cérémonie de dépôt de la colère à laquelle assistent de hauts responsables du gouvernement a lieu à la Flamme éternelle à Belgrade qui a été érigée en souvenir des victimes militaires et civiles du bombardement.
Au Kosovo, on se félicite de ce sauvetage inespéré qui a permis au pays d’exister et à un peuple de ne pas être dispersé ou massacré.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
27 janvier : la Saint-Sava, fête religieuse et nationale pour les Serbes
Saint Sava est vénéré comme le fondateur de l'Église orthodoxe serbe indépendante, c’est aussi un héros patriotique serbe, un symbole au service des ambitions géopolitiques de la Serbie.
Saint Sava est vénéré comme le fondateur de l'Église orthodoxe serbe indépendante. Sa fête tombe le 27 janvier du calendrier grégorien (14 janvier du calendrier julien auquel l’Église de Serbie est restée fidèle). Depuis 1830, saint Sava il est aussi le patron des écoliers serbes. La Saint-Sava est donc un jour de congé pour les étudiants en Serbie. Quant aux écoliers, ils participent à des récitals à l'église. Sa fête est aussi l’occasion de discours patriotiques.
Rastko Nemanjić est né en 1174. Il était le plus jeune fils de Stefan Nemanja, le Grand jouant serbe (grand prince). À l’insu de ses parents, à peine âgé de 16 ans, il suit un moine qui l’emmène au mont Athos où il devient lui-même moine sous le nom de Sava. Il fonde le monastère serbe de Chilandar au Mont-Athos pour les moines serbes. Son frère, le Grand Joupan de Serbie, Stefan Nemanjić est sacré roi de Serbie, en 1217, avec une couronne envoyée de Rome par le pape Honorius III, le sacre royal ayant été prodigué vraisemblablement par un cardinal. Deux ans plus tard (1220), Sava se rend à Nicée, afin d’être consacré premier archevêque de Serbie par le patriarche œcuménique Manuel Ier, avec l’approbation de l’empereur Théodore Ier Lascaris. C’est ainsi que l’Église serbe est restée dans le giron de l’orthodoxie et est devenue autocéphale (indépendante). Sava en est le premier législateur.
Canonisé sept ans après son décès en 1236, Sava est désormais appelé saint Sava. Ses reliques ont été l’objet d’une telle vénération, y compris par des catholiques et même des musulmans, que le grand vizir Sinan Pacha décida, en 1594, de les brûler pour ruiner le patriotisme serbe. C’était une action de représailles contre les Serbes qui portaient l’effigie de ce saint sur leurs étendards lors de leurs révoltes.
Le 27 janvier est fêté depuis 1893 (avec une interruption durant la période communiste). Cette journée est une journée particulière dans les écoles, collèges et lycées de Serbie, car saint Sava est le saint patron des “étudiants et du savoir”. On a, d’ailleurs, appelé Projet Rastko (son prénom de naissance) une bibliothèque électronique de la culture serbe.
À Belgrade, on a construit récemment une très grande église baptisée Saint-Sava (Храм Светог Савe), qui domine la ville. Elle a été édifiée sur le lieu même où le cercueil du saint a été brulé par les Turcs. Avec ses 3500 m2, elle peut accueillir plus de 10 000 fidèles. C’est la plus grande église orthodoxe du monde. À peine achevée, Vladimir Poutine l’a visité, en janvier 2019, et a promis que l'État russe financerait une partie des travaux restants du revêtement en mosaïque. Suite à la conversion de Sainte-Sophie d’Istanbul en mosquée en juillet 2020, le patriarche de Serbie Irinei et le président de Serbie Aleksandar Vučić ont, en août 2020, exprimé le souhait que l’église Saint-Sava remplace symboliquement Sainte-Sophie, dont elle est grandement inspirée, et devenir une ″Nouvelle Sainte-Sophie″, tel un avant poste orthodoxe face à l’Occident. Le culte de saint Sava s’inscrit depuis très longtemps dans le projet géopolitique serbe, et même russe.
De nombreuses églises ont été dédiée à saint Sava, c’est le cas de la cathédrale orthodoxe serbe de Paris, située 23 rue du Simplon. C'est aussi le siège épiscopal de l'éparchie d'Europe occidentale de l'Église orthodoxe serbe.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 janvier 2022