L’Almanach international

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1922, Turquie, bataille célèbre, 30 août Bruno Teissier 1922, Turquie, bataille célèbre, 30 août Bruno Teissier

30 août : il y a un siècle, les Turcs écrasaient les Grecs

Le Jour de la Victoire est un jour férié en Turquie qui commémore la victoire de la bataille de Dumlupınar, la dernière bataille de la guerre gréco-turque, le 30 août 1922. Une victoire qui permit, quelques mois plus tard, la naissance de la république de Turquie.

 

Le Jour de la Victoire (Zafer Bayramı) est un jour férié en Turquie qui commémore la victoire de la bataille de Dumlupınar, la dernière bataille de la guerre gréco-turque de 1922.

L’armée grecque occupait une partie de l’Anatolie occidentale, depuis son débarquement le 15 mai à Smyrne (Izmir) avec l’autorisation des Alliés. Athènes voulait intégrer tous les Grecs vivant depuis des siècles au bord de la mer Égée au Royaume de Grèce. Les Turcs, après la défaite et le démantèlement de l’Empire ottoman, avaient repris le combat sous la conduite de Mustapha Kemal. La dernière offensive a été lancée le 26 août, elle se terminera le 30 août 1922 par la victoire finale des forces turque. Il y a exactement un siècle aujourd’hui.

Cet anniversaire de la victoire a été célébré pour la première fois en 1926, comme le Jour du commandant en chef (le futur Atatürk), à Dumlupınar, près du village de Val, dans la province de Kütahya. C’est à partir de 1926 que le 30 août est devenu le Jour de la Victoire.  Ce jour-là les écoles militaires organisaient leur cérémonie de remise des diplômes. Les célébrations ont pris de l’importance à partir des années 1960 avec la participation des enfants des écoles et le dépôt d’une gerbe au monument dédié à Atatürk dans chaque ville et village. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Erdogan et son tournant ultranationaliste, la journée a pris une dimension particulière, exacerbé cette année avec le centenaire de l’ultime bataille contre les Grecs et à quelques mois des élections générales en Turquie et des célébrations du centenaire de la république turque dont la naissance, en 1923, a été permise par la victoire du 30 août 1922. Cette défaite a été vécu par les Grecs comme la Grande Catastrophe (Μεγάλη Καταστροφή) puisque qu’ils ont été chassé massivement de la côte orientale de la mer Égée..

Dans la capitale, les cérémonies commencent à 07 heures le 30 août et se terminent à minuit. À midi, vingt et un tirs retentissent. Traditionnellement, pendant la journée, le président visite Anıtkabir (le mausolée d’Atatürk) et y dépose une couronne de fleurs.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1928, Turquie, Enseignants, Langues, 24 novembre Bruno Teissier 1928, Turquie, Enseignants, Langues, 24 novembre Bruno Teissier

24 novembre : en Turquie, drôle de fête pour les professeurs

Alors que depuis le coup d’État de 2016 quelque 50 000 enseignants ont été limogés, la Turquie fête ses professeurs, comme chaque 24 novembre. Des cérémonies sont prévues dans les écoles, les élèves lisent des compliments ou des poèmes à l’intention de leur professeurs…

 

Alors que depuis 2016 quelque 50 000 enseignants ont été limogés, la Turquie, comme chaque 24 novembre, fête ses professeurs. Des cérémonies sont prévues dans les écoles, les élèves lisent des compliments ou des poèmes à l’intention de leurs professeurs, lesquels reçoivent des fleurs, parfois des cadeaux de la part des parents, et cette reconnaissance dépasse aujourd’hui les murs de l’école. La fête est récente, elle ne date que de 1981, quand on a fêté le centenaire de Mustapha Kemal, le fondateur de la Turquie moderne. Le 24 novembre 1928, il avait été désigné officiellement comme le premier des professeurs de Turquie.

Ce jour-là, il avait fait ouvrir les écoles publiques pour permettre aux adultes de venir y apprendre le nouvel alphabet turc, emprunté à l’alphabet latin pour remplacer celui qui avait été hérité des Arabes. En 1934, à nouveau un 24 novembre, Mustapha Kemal était honoré du patronyme d’Atatürk, le « Turc-père ». Créée par le très kémaliste général Evren, quelques mois après avoir pris le pouvoir par le putsch de 1980, cette Fête des professeurs (Öğretmenler Günü) a, paradoxalement, conservé toute sa vigueur sous la majorité islamo-conservatrice de l’AKP, arrivée au pouvoir au début des années 2000.

Depuis juillet 2016, des dizaines de milliers d’enseignants, militants de gauche, sympathisants pro-kurdes ou encore fidèles supposés de l’imam Fethullah Gülen, le "cerveau" du putsch selon Ankara, se sont ainsi retrouvées sur des listes et limogés par simple décret. Certains d’entre eux sont désormais tenus à l’écart de la société. Leur sécurité sociale a été annulée, leurs passeports confisqués, ils sont condamnés à une mort sociale. Même ceux qui travaillent à l’étranger ne sont pas à l’abris. En mars 2018, six professeurs en poste au Kosovo ont été enlevés ramenés de force en Turquie à bord d'un avion privé affrété par le ministère turc de l’Intérieur.

Fondateur du mouvement turc Hizmet (Service), Fethullah Gülen prône un islam ouvert à l’éducation. Cet enseignement était suivi par des millions d’adeptes (et près de 10% de la population turque avant 2016 !). Le mouvement possédait un réseau éducatif international comptant des milliers d’établissements à travers le monde, cibles du régime d’Erdoğan, partout où ils trouvent. Beaucoup ont fermé depuis le début des persécutions.

À l’échelle internationale, c’est le 5 octobre que l’on célèbre les enseignants.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Mustapha Kemal, 1928

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1938, Turquie, 10 novembre, héros national Bruno Teissier 1938, Turquie, 10 novembre, héros national Bruno Teissier

10 novembre : que reste-t-il aujourd'hui d'Atatürk, père fondateur de la Turquie ?

À 9 h 05, ce matin, des sirènes retentissent et toute la Turquie se fige. La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé à 57 ans, le 10 novembre 1938. Mais, avec Recep Tayyip Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme ?

 

À 9 h 05, ce matin, des sirènes retentissent et toute la Turquie se fige. La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé à 57 ans, le 10 novembre 1938. Mais, avec Recep Tayyip Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme si ce n’est l’exaltation patriotique dans le cadre de conflits tous azimuts ?

​​Mustapha Kemal a combattu pour rétablir une Turquie indépendante, quitte à empiéter sur le territoire d’autres peuples : Arméniens, Kurdes... Son lointain successeur semble vouloir reconstituer un semblant d’Empire ottoman : guerres en Syrie, Arménie, Libye, tensions en Méditerranée, implantation au Soudan… À l’intérieur du pays, la situation est de plus en plus tendue. Devenues quotidiennes, les purges décidées par le président Erdoğan s’abattent sur tous les opposants : ceux de gauche, les syndicalistes, les militants des droits de l’homme et de la cause kurde. Tout le monde est sous la menace, les gens sont tétanisés par la peur. Les héritiers politiques d’Atatürk ont toutefois gagné, l’an dernier, les mairies d’Istanbul et d’Ankara. Le kémalisme, représenté par le principal parti d’opposition, n’a sans doute pas dit son dernier mot.
Ce matin, des centaines de personnes se rassemblent devant le palais de Dolmabahçe, à Istanbul, sur les rives du Bosphore où Atatürk a rendu son dernier souffle, le 10 novembre 1938, à 9h05. Heure à laquelle toutes les pendules du palais ont été arrêtées. Traditionnellement, une marche est organisée le 10 novembre par la municipalité de Beşiktaş jusqu’au palais de Dolmabahçe. Habituellement, une gigantesque chaîne humaine porte un drapeau turc mesurant plus d’un kilomètre de long. Cette année, en raison de la pandémie, les cérémonies sont beaucoup plus modestes.

D’ordinaire, à Ankara, des milliers de personnes affluent sur la colline d’Anıttepe où se trouve le mausolée Anıtkabir. La dépouille de Mustapha Kemal y a été transférée en 1953, lors de funérailles nationales. Le site accueille plus de 3 millions de visiteurs par an. Le mausolée abrite aussi un musée consacré à Atatürk et à la Guerre d’indépendance turque (1919-1922).

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

10 novembre : 80 ans après, la seconde mort de Mustapha Kemal

À 9 h 05, heure de son décès, des sirènes retentissent et toute la Turquie se fige. La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé le 10 novembre 1938. Avec Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme ?

 

À 9 h 05, des sirènes retentissent toute la Turquie se fige. Les sirènes retentissent La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé à 57 ans, le 10 novembre 1938, il y a 80 ans jour pour jour. Mais, avec Recep Tayyip Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme ?

​​Devenues quotidiennes, les purges décidées par le président Erdoğan s’abattent sur tous les opposants : ceux de gauche, les syndicalistes, les militants des droits de l’homme et de la cause kurde. Tout le monde est sous la menace, les gens sont tétanisés par la peur. Les dénonciations de Kemal Kiliçdaroglu, le chef du Parti républicain du peuple (le parti d’Atatürk !) ne pèsent pas grand chose face au rouleau compresseur du parti islamo-conservateur, l'AKP. 
Des centaines de personnes se rassemblent devant le palais de Dolmabahçe, à Istanbul, sur les rives du Bosphore où Atatürk a rendu son dernier souffle, le 10 novembre 1938, à 9h05. Heure à laquelle toutes les pendules du palais ont été arrêtées. Traditionnellement, une marche est organisée aujourd’hui par la municipalité de Beşiktaş jusqu’au palais de Dolmabahçe. Une gigantesque chaîne humaine doit porter un drapeau turc mesurant plus d’un kilomètre de long.

À Ankara, des milliers de personnes afflux sur la colline d’Anıttepe où se trouve le mausolée Anıtkabir. La dépouille de Mustapha Kemal y a été transférée en 1953, lors de funérailles nationales. Le site accueille plus de 3 millions de visiteurs par an. Le mausolée abrite aussi un musée consacré à Atatürk et à la Guerre d’indépendance turque (1919-1922).

 
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