L’Almanach international

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1988, Arménie, Azerbaïdjan, 20 février Bruno Teissier 1988, Arménie, Azerbaïdjan, 20 février Bruno Teissier

20 février : la date fétiche des Arméniens du Haut-Karabagh

Le 20 février est célébré comme la Journée de la renaissance de l'Artsakh. Une guerre avait permis de créer une République de l’Arstakh, une autre guerre a acté sa totale disparition et le départ des Arméniens qui y vivaient… Le 20 février était leur fête nationale.

 

Ce jour-là, le 20  février 1988, à la faveur de la perestroïka de Gorbatchev, le Soviet suprême (l’assemblée) du Haut-Karabagh a voté sa séparation d’avec la république soviétique d’Azerbaïdjan et son unification avec l’Arménie. En Azerbaïdjan, on a réagi en s’en prenant aux Arméniens qui vivaient nombreux dans les grandes villes de cette république. Aux pogroms, les Arméniens ont répondu militairement… 400 000 Arméniens quittaient le pays et les Azéris quittaient l’Arménie ainsi que le Haut-Karabagh, région de l’Azerbaïdjan à majorité arménienne. La guerre qui débute en 1988, s’arrêtera en 1994 sur une victoire arménienne. L’unification n’a pas lieu, elle n’était pas possible en droit international. Les forces arméniennes occupent 15% du territoire azerbaïdjanais et une république de l’Artsakh s’autoproclame, elle occupe non seulement le Haut-Karabagh, très majoritairement arménien depuis des siècles, mais aussi tout un glacis territorial qui a été vidé de sa population azérie. Le statu quo se maintient pendant trois décennies. En 2017, l’Artsakh se dote d’une constitution, adoptée par référendum le 20 février… Bakou qui n’ a jamais accepté cette situation, finit par réagir militairement. Cette nouvelle guerre du Haut-Karabagh va tourner à son avantage, avec l’aide de la Turquie et la bienveillance de Moscou qui a retourné sa veste. En septembre 2020, une partie des territoires perdus sont reconquis. Les Arméniens se sont épuisés dans une guerre très meurtrière. Le 20 février 2023 sera le dernier Jour de la renaissance de l'Artsakh (Արցախի վերածննդի օր) à être fêté à Stepanakert, la capitale de la petite république.

En septembre 2023, les Azerbaïdjanais prennent le contrôle total des territoires qui leur échappaient. Sur les 120 000 Arméniens de l’Arstakh, 100 000 ont fui vers l’Arménie. Le 28 septembre 2023, les autorités de la république de l’Artsakh annoncent sa dissolution d'ici le 1er janvier 2024. Le gouvernement en exil à Erevan reviendra sur sa dissolution, mais le pays demeure virtuel. Le 20 -Février n’est plus qu’une journée du souvenir d’un pays dont les Azéris s’acharnent à effacer les vestiges.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 février 2024

« Nous sommes nos montagnes » (Մենք ենք մեր սարերը), une sculpture monumentale de Sarkis Baghdassarian, située à Stepanakert, la capitale du Haut-Karabagh. Ce monument est devenu le symbole de l’ex-république auto-proclamée de l’Artsakh.

 
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2020, Azerbaïdjan, Victoire militaire, 8 novembre Bruno Teissier 2020, Azerbaïdjan, Victoire militaire, 8 novembre Bruno Teissier

8 novembre : l’Azerbaïdjan fête sa victoire sur les Arméniens

Ce jour férié a été instauré en 2020. Ce Jour de la Victoire fait référence à l’issue du conflit qui a opposé l’Azerbaïdjan à l’Arménie en octobre-novembre 2020. Cette guerre de 44 jours comme la nomment les Arméniens, la Guerre patriotique pour les Azerbaïdjanais, a commencé le 27 septembre et s’est terminée le 10 novembre par la victoire écrasante de Bakou.

 

Ce jour férié a été instauré en 2020. Ce Jour de la Victoire  (Qələbə Günü) fait référence à l’issue du conflit qui a opposé l’Azerbaïdjan à l’Arménie en octobre-novembre 2020. Cette guerre de 44 jours comme la nomment les Arméniens, est appelée Guerre patriotique par les Azerbaïdjanais, elle a commencé le 27 septembre et s’est terminée le 10 novembre. C’est la deuxième guerre du Haut-Karabagh. La première avait permis aux Arméniens de cette enclave d’échapper à la tutelle de Bakou en se déclarant indépendant, en écrasant les forces azerbaïdjanaises et en chassant les populations non arméniennes de la région.

L’enclave arménienne du Haut-Karabagh avait été accordée à l’Azerbaïdjan par Staline, avec un statut d’autonomie. De 1988 à 1990, une série de pogroms anti-arméniens provoquent la rupture avec les autorités de Bakou. Finalement, quelques avant la disparition de l’URSS, la république autonome du Haut-Karabagh proclame son indépendance. Ce qui provoque une première guerre qui, de 1992 à 1994, chasse les forces azerbaïdjanaises d’environ 15% de l’Azerbaïdjan. Le Haut-Karabagh est devenu la République de l’Artsakh, un État arménien indépendant mais non reconnu, pas même par la République d’Arménie, occupant tout un glacis territorial la séparant de l’Arménie. Bakou n’a cessé de réclamer la restitution de ces territoires occupés. Aucune négociation avec Stepanakert (capitale de l’Artsakh) ou Erevan n’ayant été possible, la situation est restée figée du cessez-le-feu de 1994 à la guerre de l’automne 2020 dont l’Azerbaïdjan célèbre aujourd’hui la victoire. Entre-temps, Azerbaïdjan s’est enrichi grâce au pétrole. Aidées par la trahison de Moscou à l’égard de l’Arménie qui se croyait sa protégée pour toujours, par les forces turques et la technologie israélienne, ainsi de régiment pakistanais et d’islamistes syriens, les forces azerbaïdjanaises ont écrasé les forces des deux républiques arméniennes. La république d’Arménie appelée en renfort a subi de lourdes pertes. L’enclave du Haut-Karabagh est réduite d’un tiers, les territoires occupés ont été récupérés par Bakou et la route la reliant à l’Arménie coupée.

Le jour férié (et chômé) célébrant la victoire aurait dû être placé le 10 novembre, date de la fin du conflit. Mais vouant éviter de se superposer avec l’anniversaire de la mort d’Atatürk, le 10 novembre, qui est aussi fêté en Azerbaïdjan, c’est le 8 novembre, jour de la prise de Chouchi qui a été retenue.

Cette guerre ne sera pas la dernière, l’offensive azerbaïdjanaise de septembre 2023 permettra à Bakou d’occuper la totalité de l’enclave, de faire disparaître la république de l’Artsakh et d’en chasser la majeure partie de la population arménienne.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 novembre 2023

 

La célébration du Jour de la Victoire à Bakou

Le dictateur président Aliev et la vice-présidente, son épouse, fêtent au sein de l’armée, le premier anniversaire de la victoire (2021)

Communication officielle.

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1992, Arménie, armée Bruno Teissier 1992, Arménie, armée Bruno Teissier

28 janvier : les 30 ans de l’armée de la République d’Arménie

Le Jour des forces armées, jour férié, est l’anniversaire de la création officielle de l’armée de la République d’Arménie, le 28 janvier 1992. Depuis la défaite de 2020, face à l’Azerbaïdjan, l’ambiance de cette journée a totalement changée.

 

Depuis 2001, l’Arménie célèbre son armée par un jour férié (et chômé depuis 2003). Le Jour des forces armées (Բանակի օր) est l’anniversaire de la création officielle de l’armée de la République d’Arménie, le 28 janvier 1992, soit un mois après la disparition de l’URSS et quatre mois après la déclaration d’indépendance de l’Arménie. Néanmoins, des forces armées arméniennes s’étaient déjà constituées dès février 1988 afin de défendre l’autonomie du Haut-Karabagh. Les deux entités, l’Arménie et le Haut-Karabagh, auront ensuite deux armées distinctes.

Jusqu’en 2020, cette journée de l’armée était l’occasion de défilés militaires triomphants. Avec le choc de la défaite, novembre 2020, de l’armée de défense de l’Astrakh (Haut-Karabakh) épaulée par l’armée arménienne face à l’armée azerbaïdjanaise, appuyée par la Turquie, l’ambiance de la journée du 28 janvier a totalement changé. Aujourd’hui, harcelée aux frontières par les forces azerbaïdjanaises, l’armée arménienne est franchement sur la défensive.

« La situation résultant de la dernière guerre bouleverse un fragile équilibre que la partie arménienne tenait pour acquis. Habituées à un schéma de guerre de tranchée et forte de son avantage sur le terrain, l’armée arménienne et l’armée de défense de l’Artsakh s’étaient retranchées derrière une sorte de ligne Maginot le long d’un territoire re- connu comme azerbaïdjanais. La nouvelle carte issue du cessez-le-feu du 9 novembre 2020 complexifie considérablement la défense du territoire. »

« Si l’Arménie n’est pas restée les bras croisés pendant que l’Azerbaïdjan poursuivait son effort de guerre, la guerre de l’automne 2020 a toutefois révélé les failles de la stratégie de défense d’Erevan. En premier lieu l’armée arménienne a négligé l’émergence d’une nouvelle doctrine d’emploi de drones et de munitions téléopérées dont l’usage massif durant le récent conflit a démontré la constante évolution. De même, les défenses sol-air (DSA) arméniennes frappées d’obsolescence se sont révélées inadaptées face à l’offensive turco-azerbaïdjanaise. 

L’Arménie a fondé sa capacité de dissuasion sur le couple défense populaire-missile à longue portée. Pour cela l’armée de conscription, ajoutée à l’appel aux volontaires et aux forces d’autodéfense de l’Artsakh, aurait pu stopper l’agression comme ce fut le cas lors de la courte guerre d’avril 2016. Mais la guerre de 2020 a montré que cette stratégie était frappée  » (deux extraits de la Géopolitique de l’Arménie de Tigrane Yégavian)

Le point sur la situation : une interview de Tigrane Yégavian

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

 
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1920, Arménie, 22 novembre Bruno Teissier 1920, Arménie, 22 novembre Bruno Teissier

22 novembre : il y a 100 ans, l'État promis aux Arméniens

Chaque année les défenseurs de la cause arménienne rappellent la décision arbitrale du 22 novembre 1920 prise par le président américain W. Wilson sur le tracé de la frontière entre une future Turquie et l’Arménie.

 

Cette année, le 22 novembre a un goût bien plus amer qu’à l’ordinaire alors que les combattants arméniens viennent d’être écrasés par l’armée azerbaïdjanaise au point d’avoir perdu presque tous les territoires conquis sur ce pays en 1993-1994. L’Arménie reste un petit pays, plus enclavé que jamais, alors qu’il avait rêvé d’un territoire bien plus vaste reflétant ce qu’il avait été au Moyen-Âge.

Chaque année les défenseurs de la cause arménienne rappellent  la décision arbitrale du 22 novembre 1920 prise par le président américain W. Wilson sur le tracé de la frontière entre une future Turquie et l’Arménie. Celui-ci accordait à l’Arménie une partie des provinces de l’actuelle Turquie orientale mais, les victoires militaires turques de 1923 rendront cet arbitrage caduque dans les faits. Le traité de Sèvre de 1920 ne put jamais être appliqué. En 1923, un nouveau traité, signé à Lausanne, gommait le projet d’une grande Arménie et d’un Kurdistan indépendant.

Depuis un siècle, le 22 novembre est une date sacrée en Arménie. C’est, par exemple, un 22 novembre, en 1993, que fut créée sa monnaie, le dram. Chaque année, le Président de la république prononce un discours, la télévision prévoit un programme spécial. Cette année, en raison de la terrible guerre qui vient de s’achever, la journée est plus solennelle que les autres années. Le centenaire de la déclaration de Wilson prend un tour dramatique.

Ce  22 novembre 2020 a été décrété par Armen Sarkissian, président de la république arménienne, Journée du souvenir des victimes tombées pour la défense de la patrie dans la guerre de libération de l'Artsakh (le Haut-Karabagh). Suite à un appel du Catholicos de tous les Arméniens, Garegin II, une messe est dite dans toutes les églises arméniennes du monde. Au Saint-Siège de Saint-Etchmiadzin, la cérémonie de commémoration est organisée par le Catholicos après la sainte liturgie à 13h30.

Pour en savoir plus, lire Géopolique de l’Arménie par Tigrane Yégavian

 
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