L’Almanach international
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26 mars : le Mali célèbre une démocratie qui a disparu
Le Mali commémore les « martyrs de la révolution de 1991 » et célèbre sa « démocratie ». Le pays fête le coup d’État du 26 mars 1991 qui a renversé un dictateur. Mais ce moment démocratique, même, imparfait, appartient au passé. Le Mali est aujourd’hui dirigé par une junte militaire.
Chaque 26 mars, le Mali commémore les « martyrs de la révolution de 1991 » et célèbre sa « démocratie ». Le pays fête le coup d’État du 26 mars 1991 qui a renversé le dictateur Moussa Traoré au pouvoir depuis 23 ans. Le nouveau pouvoir a permis l’adoption d’une nouvelle constitution rétablissant le multipartisme, la liberté des médias et des élections démocratiques. L’esprit du 26 mars a entretenu au Mali, dans les années 1990 et 2000, une démocratie imparfaite mais a fonctionné pendant deux décennies. En 2002, le Mali a vécu une alternance pacifique au pouvoir entre Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré. Elle est restée la seule à ce jour, le coup d’État militaire opéré en 2012 ayant mis un terme au régime du 26-Mars.
Aujourd’hui ce moment démocratique n’est plus qu’un lointain souvenir, anéanti par l’insécurité persistante dans le nord du pays et les coups d’État successifs de 2020 et 2021. Le pays est aujourd’hui dirigé de manière autoritaire par le général putschiste Assimi Goïta. Après la rupture des accords de paix avec les rebelles du nord, l’armée au pouvoir n’a pas été en mesure de rétablir la sécurité, au contraire l’insécurité a progressé au cours de l’année 2024. Quant à la promesse de rendre le pouvoir aux civils il a été oublié. En novembre dernier, le premier ministre Choguel Koala Maïga a été limogé par le chef de la junte et remplacé par un militaire à ses ordres. Le projet d’élections en 2025 semble abandonné, la dictature se renforce en faisant taire toute voix discordante.
La « transition vers la démocratie» s’éternise. Elle court depuis le 18 août 2020, date du renversement du Président Ibrahim Boubacar Kéita. Toute activité politique est interdite depuis avril 2024. Les leaders des partis politiques sont emprisonnés. Les médias traditionnels (terrorisés ou interdits) ont été remplacés par des « vidéomans », des influenceurs utilisant les réseaux sociaux qui reprennent le discours du pouvoir en place et relaient des éléments de désinformation élaborés par Moscou.
Faute de démocratie, la junte au pouvoir cultive la thématique de la souveraineté. La Mali a rompu avec la France, ancienne puissance coloniale, restée longtemps influente, pour ouvrir son territoire et offrir ses ressources à des miliciens russes sans scrupule et sans contrôle. Le Nord et de centre du pays échappe aujourd’hui au pouvoir central. Les groupes djihadistes et rebelles, profitant du retrait progressif de l'État dans certaines régions, renforcent leur contrôle sur des territoires entiers, transformés en bastions d'insurrection. Pour réduire sa dépendance à l’égard de la Russie, le régime militaire malien mise aujourd’hui sur un rapprochement avec la Turquie. Mais, il n’est pas sûr qu’Ankara lui offre son expertise en matière de fonctionnement démocratique.
Ce 26 mars 2025, Jour de la démocratie ou Jour des martyrs, les dépôts de gerbes au monument à la mémoire des martyrs de la révolution de 1991 se font dans un contexte particulièrement dégradé en matière de démocratie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 mars 2025
Le mémorial du 22 mars à Bamako
La sanglante répression du soulèvement populaire de 1991 s’est déroulée du du 22 au 24 mars 1991, causant plus de 200 morts.
Le stade du 26-Mars, à Bamako, inauguré en 2001 et baptisé en référence au coup d’État ayant mis fin au règne de Moussa Traoré
26 mars : le jour où les Pieds-noirs ont perdu l’Algérie
Il y a 62 ans des soldats français tiraient sur la foule des manifestants faisant des dizaines de morts parmi les Européens d’Alger qui manifestaient contre l’indépendance de l’Algérie. Ce drame occulté a marqué la fin du rêve d’une Algérie française.
Il y a 62 ans des soldats français tiraient sur la foule des manifestants faisant des dizaines de morts. Les victimes de la fusillade de la rue Isly, à Alger, le 26 mars 1962, étaient des Français vivant en Algérie manifestant contre le processus de décolonisation. Quelques jours plus tôt, le 18 mars, les accords d’Évian avaient décidé un cessez-le feu en vue d’accorder son indépendance à l’Algérie, mettant fin à 17 ans d’une sale guerre qui avait débuté le 8 mai 1945. Les appelés étaient enfin démobilisés, ce que la France célèbre chaque 19 mars. Mais pour les Pieds-noirs, tel qu’on appelait à l’époque les Français vivant en Algérie, le conflit n’était pas achevé. Le Cercle Algérianiste et d’autres associations de Pieds-noirs, souhaiteraient que l’on commémore le massacre du 26 mars, et demandent que cette journée soit inscrite prochainement à l'agenda des commémorations officielles. Ce qui n’est pas le cas, il n’y a pas de commémorations récurrentes, sauf des cérémonies ponctuelles et discrètes, dans diverses localités du sud de la France où vivent de nombreux descendants de Pieds-noirs.
Cela n’a pas empêché les autorités de célébrer le 80e anniversaire du drame en présidence du président Macron qui a dénoncé «une page tragique de notre récit national» et un massacre « impardonnable ». Le président français voulait contrebalancer, dans la mémoire des Pieds-noirs, son qualificatif de « crime contre l’humanité » dont il avait taxé la colonisation, lors d’une visite à Alger en 2017. Une qualification qui n’avait pourtant rien d’exagéré si on se remémore les conditions de la conquête de 1830 et des années qui ont suivi.
Le 26 mars 2022, le président Macron avait rendu hommage aux 800 000 Français d'Algérie, «déracinés au sein de leur propre patrie», mais sans pour autant reconnaître la responsabilité de l’État français dans ce massacre. Il est vrai que les circonstances étaient assez particulières. Quelques jours plus tôt, le 23 mars déjà, des Français avaient tué des Français. Les victimes étaient des soldats du contingent tués par des terroristes français engagés dans l’OAS, la sinistre Organisation de l’armée secrète qui s’était donné pour objectif de saboter de processus d’indépendance de l’Algérie. C’est cette même OAS qui avait appelé la population européenne d’Alger à la manifestation du 26 mars. Malgré son interdiction par le préfet de police, plusieurs milliers de partisans de l'Algérie française ont afflué. Ils se dirigent vers le quartier de Bab-el-Oued, refuge de membres de l'OAS, afin de forcer les barrages installés par l'armée française Le trajet principal passe devant la Grande Poste, à l'entrée de la rue d'Isly. Des soldats du contingent, marqués par la fusillade du 20 mars, étaient chargés du maintien de l’ordre. C’est là que tout a dérapé. Un premier coup de feu est parti. On ne sait d’où, car aucune enquête officielle n’a été faite après le massacre. Soudain, les soldats ont tiré sur la foule perçue comme menaçante. Le bilan officiel est d'une cinquantaine de morts et 150 blessés, sans doute plus, on ne sait pas exactement. Des pieds-noirs se sont aussitôt vengés en lynchant des Algériens du quartier de Belcourt (aujourd’hui Belouizdad)… l’enchaînement de la violence a ruiné tout espoir d’empêcher l’indépendance de l’Algérie. C’est dire si cette date est douloureuse pour ceux qui ont dû quitter un pays où ils étaient établis parfois depuis plusieurs générations, mais établis comme colons, au détriment d’une population autochtone dépourvue de tout droit politique. L'événement a marqué le début de l'exode massif des Européens d'Algérie.
Le soir du 26 mars 1962, le président Charles de Gaulle s'adressait aux Français pour leur demander de voter en faveur de l’indépendance de l’Algérie. Il ne fit aucune allusion à ce massacre occulté pendant des dizaines d’années. En 2010, toutefois, le gouvernement français a finalement décidé d'inscrire les noms des victimes de la rue d'Isly sur le Mémorial de la guerre d'Algérie à Paris, mais l'État français n'a jamais reconnu de responsabilité dans ces événements dans lesquels les terroristes de l’OAS ont aussi leur part. D’autant qu’après le 26 mars, l’OAS fera encore de nombreuses victimes, tant civiles que militaires. L’indépendance de l’Algérie qui arrivait beaucoup trop tard, était dans le sens de l’histoire. L’opinion publique française voulait tourner la page de la guerre d’Algérie. D’où l’occultation de ce drame, comme d’autres, pendant un demi-siècle. Mais voilà que cette date du 26 mars nous revient, avec tout le refoulé sur le bon vieux temps des colonies cultivé de plus en plus ouvertement par l’extrême droite.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 mars 2024
Quelques jours plus tôt, le 23 mars 1962
26 mars : c'est l'anniversaire de Zarathoustra
Pour les zoroastriens d’Iran, c'est l'anniversaire du prophète Zoroastre (appelé aussi Zarathoustra). La date est précise mais on ignore à quelle époque il vivait !
Pour les zoroastriens d’Iran, c'est l'anniversaire du prophète Zoroastre (appelé aussi Zarathoustra). La date est précise : le 6 Farvardin (soit le 26 ou le 25 mars), mais on ignore à quelle époque il vivait ! On pense que c'était il y a au moins 3000 ans, peut-être 3500 ans… Certains avant une année précise : 1768 avant J.-C. mais qui n’est nullement attestée.
Quelque 200 000 zoroastriens le vénèrent à travers le monde, principalement en Inde, mais aussi en Iran, pays d'origine de cette religion. Avant l’arrivée de l’islam, l’Iran était un pays où le culte zoroastrien dominait. D’où d’importantes résurgences de ce culte dans ce pays.
En Iran ou ailleurs, aujourd’hui, les membres de la communauté zoroastrienne portent de nouveaux vêtements et la maison est nettoyée un peu comme le jour du Nowrūz, le nouvel an iranien, le 21 mars dernier. Les fidèles se rassemblent dans les temples traditionnels du Feu pour faire une prière avant de célébrer l'anniversaire du fondateur de leur religion par un bon repas.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 mars 2023
26 mars : Hawaï célèbre un des ses derniers princes
Le prince Kūhiō aurait pu régner sur Hawaï si les Américains n’avaient pas aboli la monarchie. Il se contera d’une carrière de représentant de son île au Congrès des États-Unis. À Hawaï, un jour férié lui rend hommage.
À Hawaï, on célèbre l’anniversaire du prince Jonah Kūhiō Kalanianaʻole, né le 26 mars 1871 et mort, il y a juste un siècle, en 1922. Ce prince héritier de la dynastie Kalākaua, n’a jamais régné car la monarchie d’Hawaï a été reversée en 1893 par un groupe d'hommes d'affaires américains qui ont établi une république. Le prince Kūhiō a participé à une rébellion contre cette république imposée, a été arrêté et condamné à un an de prison.
Suite à l'annexion d'Hawaï par les États-Unis, le prince Kūhiō quitte le pays et voyage en Europe puis en Afrique. Il est finalement retourné à Hawaï en 1902 pour s’engager en politique. Au début, il a rejoint le Home Rule Party d'Hawaï, puis le Parti républicain. En 1903, il a été investi candidat républicain au Congrès des États-Unis et a été élu. Kūhiō a ensuite représenté le territoire d'Hawaï au Congrès jusqu'à sa mort en 1922. On lui doit une action politique en faveur de son archipel natal qui, en retour, a fait de son anniversaire un jour férié (Prince Kūhiō Day). Cette année, 2022, la date tombant un samedi, le vendredi 25 mars est également férié à Hawaï.
Le Prince Kūhiō Day a été officiellement établi en 1949. C'est l'un des deux jours fériés dédiés à la royauté, l'autre étant le Kamehameha Day (11 juin). Kūhiō est commémoré localement par des noms de rue, de plage et même de spot de surf. Lui est ses frères ont aussi été les premiers surfeurs sur les côtes californiennes.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 mars 2022
26 mars : le Bangladesh fête ses 50 ans
Il y a 50 ans, jour pour jour, apparaissait un nouvel État sur la carte du monde, avec un nom auquel il fallait désormais s’habituer : le Bangladesh. Jusque-là on appelait ce pays le Pakistan oriental. Celui-ci a obtenu son indépendance le 26 mars 1971.
Il y a 50 ans, jour pour jour, apparaissait un nouvel État sur la carte du monde, avec un nom auquel il fallait désormais s’habituer : le Bangladesh. Jusque-là on appelait ce pays le Pakistan oriental. Celui-ci a obtenu son indépendance le 26 mars 1971 après une guerre qui a coûté la vie à trois millions de personnes. Le pays était ruiné, plus de 80 % de sa population vivait alors sous le seuil de pauvreté. Un demi-siècle plus tard, ils ne sont plus que 10% à vivre dans la misère. Au cours de la dernière décennie, la croissance annuelle a dépassé les 7 % et le PIB par habitant a été multiplié par plus de quatre depuis l’an 2000. Le pays fait désormais mieux que l’Inde, même dans un contexte de pandémie. C’est l’un des pays les plus dynamiques d’Asie. Un bilan économique très positif qui n’était pas évident, il y a un demi-siècle, quand on sait que ce pays est installé sur un immense delta, toujours menacé par la mer. Et que sur ce territoire grand comme un quart de la France, vivent quelque… 165 millions d’habitants.
Son évolution politique n’est pas aussi florissante. Le Bangladesh a connu des coups d’États militaires et des assassinats, notamment celui de Sheikh Mujibur Rahman (1920-1975), qualifié de père de la patrie. La situation politique avait fini par se stabiliser et l’État de droit s’est imposé. Malheureusement depuis l’arrivée au pouvoir, en 2009, de Sheikh Hasina (Ligue Awami), la fille du fondateur du pays, la démocratie bangladaise a connu un net recul, surtout depuis le début de son quatrième mandat, il y a deux ans.
Le principal parti d’opposition, le Bangladesh Nationalist Party (BNP), a été anéanti et sa cheffe, Khaleda Zia, ancienne premier ministre, est malade et emprisonnée pour corruption. En 2018, le gouvernement bangladais adoptait le controversé Digital Security Act 2018, en vertu duquel toute critique du gouvernement sur internet ou tout autre média serait passible, à divers degrés, de peines de prison. Les intellectuels critiques sont jetés en prison. Ce fut le cas de l’écrivain Mushtaq Ahmed, arrêté pour avoir posté des messages sur Facebook dans lesquels il critiquait la gestion gouvernementale de la pandémie de Covid-19. Il est mort dans sa cellule en février 2021. Son décès a déclenché une vague d’indignation et plusieurs jours de manifestations et d’affrontements avec les forces de l’ordre. C’est un pays prospère mais glissant vers la dictature qui fête aujourd’hui son anniversaire et célèbre sa fête nationale.
Le Jour de l’indépendance ou Independence Day of Bangladesh (স্বাধীনতা দিবস), est célébré chaque année avec 31 coups de canons tirés dès le matin, suivis par défilés militaires, des discours politiques, des foires, des concerts, des cérémonies et divers autres événements publics et privés célébrant l'histoire et les traditions du Bangladesh. La fête nationale du Bangladesh est bien sûr un jour férié. Les stations de télévision et de radio diffusent des programmes spéciaux et des chansons patriotiques en l'honneur de la fête de l'indépendance.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 mars 2021
Sheikh Mujibur Rahman, dont on a fêté le centenaire en 2020, fait l’objet d’un véritable culte de la personnalité