L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
17 mars : la Saint-Patrick, fête mondialisée
Ce n’est pas l’Irlande seule mais une communauté entière d’Irlandais de par le monde qui célèbre aujourd’hui son saint patron, affirmant haut et fort sa fierté d’être Irlandais. De Dublin à New-York, les trois maîtres mots pourraient être : bière, musique et danse ! Le caractère festif de la journée dépasse depuis quelques années la seule diaspora irlandaise…
Qui se souvient que la Saint-Patrick était une fête religieuse, une journée sans pub, mais une journée chômée en Irlande (depuis 1607) pour vénérer le saint patron de l’île ? La fête a lieu pendant le Carême, mais l’habitude a été prise de rompre le jeûne à l’occasion de la Saint-Patrick. En Irlande, c’est un jour férié officiel depuis 1903, mais ce n’est que récemment, à la toute fin du XXe siècle que la Saint-Patrick est devenue un festival de célébration et de promotion de la culture irlandaise. Le premier Saint Patrick's Festival s'est tenu le 17 mars 1996. En 1997, il devient un événement de trois jours...
Pour les Irlandais c’est l’occasion d’affirmer haut et fort ses origines, combien on est « proud to be Irish » (fiers d’être irlandais). De Dublin à New-York, les trois maîtres mots pourraient être : bière, musique et danse ! Le caractère festif de la journée dépasse depuis de nombreuses années la seule diaspora irlandaise.
La dimension festive du 17 mars n’est pas une invention irlandaise mais américaine. Les Irlandais des différents quartiers de New York avaient pris l’habitude d’organiser des fêtes locales le jour de la Saint-Patrick. En 1848, ils eurent l’idée de se rassembler pour former une parade unique dans le centre de la cité afin de monter leur nombre face aux Anglo-saxons protestants qui n’avaient que mépris pour ces réfugiés catholiques d’une île où régnait la famine. Ils ont ensuite été imités par d’autres groupes nationaux, italiens, grecs, chinois… Mais la parade de la Saint-Patrick, à New York la plus ancienne au monde, est aussi la plus grande des États-Unis, avec plus de 150 000 participants. Chaque année, près de 3 millions de personnes se répartissent sur les 2,5 km de son trajet pour assister au défilé, qui dure plus de 5 heures ! Cette parade a toujours lieu le 17 mars, sauf si c’est un dimanche. Dans ce cas, la parade a lieu la veille. Elle commence à 11h00 et se termine vers 17h00 et se déroule autour de la cathédrale Saint-Patrick sur la Fifth Avenue.
Chaque grande ville américaine a aujourd’hui sa parade de la Saint-Patrick, à Chicago, où elle a eu lieu le 15 mars, on colore même la rivière en vert pour célébrer la couleur de l’Irlande !
La toute première parade irlandaise était un défilé militaire : le 17 mars 1762, des soldats irlandais, qui servaient l’Armée anglaise, défilaient dans les rues de New York afin de célébrer leurs origines.
À Dublin, c’est trois jours de fête (15-17 mars) où se mêlent carnaval, musique à tous les coins de rue, théâtre, feux d’artifice, défilé de plus de quatre mille participants devant un million de spectateurs dit-on, sans compter des pubs ouverts nuit et jour où l’on peut déguster tout ce que l’Irlande a de meilleur en termes de boissons alcoolisées : bières et surtout la fameuse Guinness, véritable symbole national, la Beamish ou la Caffrey’s, whiskeys Bushmills ou Midleton de renommée mondiale et le nom moins célèbre irish-coffee.
Saint Patrick n’était pas irlandais mais breton du temps où la Bretagne était ce que l’on appelle aujourd’hui la Grande-Bretagne. On était à la fin du Ive siècle. À l’âge de 16 ans, ce jeune citoyen romain fut enlevé dans sa villa près de Bannaven Taberniæ, et vendu comme esclave. Pendant six ans, il travaille comme berger pour le compte d’un chef de clan irlandais. La légende veut que le jeune homme, qui n’avait pas de pratique religieuse bien définie, fût appelé par Dieu à rentrer en Bretagne, et à s’engager en religion. On lui prête aussi un séjour en Gaule lors duquel le Pape Célestin l’aurait enjoint de retourner en Irlande pour évangéliser cette île restée païenne. Patrick aurait débarqué en Irlande le 5 avril 456. Comme il avait appris la langue locale son action évangélique eut plus de succès que celle des précédents envoyés du pape sur l’île. Patrick prend le titre d’évêque et serait mort en Irlande le 17 mars 461. Le personnage a sans doute existé mais sa vie est certainement totalement légendaire, ce que l’on sait de lui, c’est que c’était un patricien, un aristocrate, un patrice, qui a donné le nom de Patrick.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 mars 2025
17 mars : un nouveau jour férié letton pour célébrer la résistance aux nazis et à l’URSS
En 2023, cette Journée commémorative du mouvement de résistance nationale fixée le 17 mars, est célébrée pour la deuxième fois seulement en Lettonie. Elle fait référence à résistance aux deux ennemis mortels des années 1944-1945, les nazis et les Soviétiques. La création de cette journée a pour but de désactiver une célébration néonazie qui se déroule chaque 16 mars dans les rues de Riga.
En 2023, cette Journée commémorative du mouvement de résistance nationale (Nacionālās pretošanās kustības piemiņas diena) fixée le 17 mars, est célébrée pour la deuxième fois seulement. Elle a été créée en juin 2021, à l'initiative du président Egils Levits et sur décision de la Saeima (le parlement). Plusieurs dates auraient été possibles, le 17 mars a été choisi pour couper l’herbe sous les pieds de l’extrême droite lettone qui avait pris l’habitude chaque 16 mars de faire défiler d’anciens SS lettons ayant combattu dans l’armée allemande contre l’Armée rouge. Ce défilé qui attirait tous les néonazis de la région était du plus mauvais effet pour l’image de la Lettonie, d’autant que ce défilé provoquait aussi la réaction, parfois violente, de nombreux militants pro-kremlin vivant en Lettonie.
En choisissant la date du 17 mars, les autorités lettones honorent les élites lettones réagissant à la fois à l’occupation allemande – laquelle avait débuté en juin 1941 et s’était totalement terminée le 8 mai 1945 seulement, pour les derniers territoires libérés – mais aussi soviétique, car début 1944, l’URSS reprenait l’offensive contre l’Allemagne et menaçait de reprendre le contrôle total de la Lettonie.
Le 17 mars 1944, le Conseil central de Lettonie (LCP) dirigé par le professeur Konstantīns Čakste (fils du premier président de Lettonie, Jānis Čakste), a conclu la collecte de 188 signatures de personnalités lettones pour un mémorandum réclamant la restauration effective de l'indépendance de l'État letton. Les élites lettones demandaient la restauration de la république de Lettonie telle qu’elle avait existé de 1920 à 1940. Le 14 juin 1940, l’Armée rouge avait envahi la Lettonie, un an plus tard l’URSS était remplacée par l’Allemagne nazie comme puissance occupante. Au printemps 1944, la Lettonie était prise entre deux feux.
Le LCP (Latvijas Centrālā padome) avait été fondé clandestinement, sous l'occupation allemande, le 13 août 1943, par les représentants des quatre plus grands partis composant l’ancien Parlement de la République de Lettonie (la Saeima), le Parti ouvrier social-démocrate letton, l’Union des agriculteurs lettons, le Centre démocratique et le Parti des agriculteurs chrétiens de Latgale. L’ancien président de la Saeima (Paula Kalniņa) et l'évêque Jázeps Rancāns y participait. Le LCP était la plus importante organisation de résistance.
Son objectif est la restauration de l'indépendance du pays sur la base de la Constitution de 1922. Le LCP, qui se considérait comme le centre et le coordinateur du mouvement de résistance en Lettonie, avait déclaré une lutte contre les deux puissances d'occupation - les Soviétiques et les nazis - dans sa plate-forme politique. Le mémorandum du 17 mars a été signé par 188 éminentes personnalités politiques, sociales, scientifiques et culturels lettons, représentants de l'intelligentsia.
Au printemps 1944, les forces de sécurité allemandes ont lancé une sévère répression contre le LCP. En avril, K. Čakste a été arrêté puis envoyé au camp de concentration de Stutthof (en Alsace), où il est décédé le 22 février 1945. Après que Riga soit repassée sous occupation soviétique, en octobre 1944, LCP a opéré à partir de Kurzeme, avant que certains de ses membres se soient réfugiés en Suède.
En effet, en 1944 et 1945, l'une des activités importantes du LCP a été d'aider des réfugiés à quitter la Lettonie pour la Suède. Le LCP a organisé une « action de bateau » qui a aidé environ 5 000 personnes à échapper à l'occupation soviétique. La commission militaire LCP sous la direction du général Jānis Kurelis et du capitaine Kristaps Upelnieks était active. Le LCP a misé sur les possibilités de reconquérir le statut d'État indépendant au moment de la vacance du pouvoir d'occupation, quand les forces allemandes quitteraient le pays, et avant que régime soviétique ne réoccupe le territoire de la Lettonie, avec l’espoir d’un soutien des alliés occidentaux qui étaient en train de gagner la guerre mondiale. Mais, afin de ménager Moscou, ce soutien n’est jamais venu.
Certains partisans du LCP ont pris le maquis dans les forêts du pays et se sont battus pendant plusieurs années. En 1949 (à nouveau un 17 mars), 24 partisans, réfugiés dans un bunker, livrèrent leur dernière bataille contre 760 hommes de la Tcheka (la police politique russe). 15 partisans sont morts, neuf ont été capturés. Cette ultime bataille, désespérée, fait de la date du 17 mars un double symbole d’une résistance à la fois politique et militaire contre les deux ennemis mortels de l’époque, les nazis et les Soviétiques.
En 2023, alors qu’une guerre déclenchée par Moscou, se déroule non loin des frontières de la Lettonie, un pays où vit une très importante communiste russe, ce genre de commémoration prend une dimension particulière. Le souci du gouvernement letton est que cette commémoration soit celle de tout le pays et non celle de l’extrême droite et des courants les plus nationalistes comme c’est le cas du défilé du 16 mars dans les rues de Riga.
Ce vendredi 17 mars à 17h, un événement solennel dédié à la mémoire du Mouvement de la Résistance nationale se tient sur la place Brivibas, à Riga.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 mars 2023
L'original du mémorandum n'a pas été perdu. Il était caché à Riga sous le plancher d'un appartement, où il a été retrouvé en 2001 lors de rénovations.
Partisans lettons antisoviétiques
17 mars : l’anniversaire de cheikh Mujibur Rahman, père de la nation bangladeshie
C’est lui qui avait permis l’émancipation du Bangladesh par rapport au Pakistan, mais au prix d’une guerre d’une rare violence de la part de ce dernier.
Au Bangladesh, c’est l’anniversaire de la naissance du cheikh Mujibur Rahman (শেখ মুজিবুর রহমানের জন্মদিন), le jour est férié. Il est né le 17 mars 1920. Il y a deux ans on a fêté en grande pompe, le centenaire de celui que l’on surnommait Bangabandhu (l’ami du Bengale). Chaque année, on célèbre à la fois son anniversaire de naissance (aujourd’hui) et celui de son assassinat, le 15 août 1972. Il y aura 50 ans cette année. On commémore également, chaque 7 mars, son fameux discours de 1971 lançant la lutte pour l’indépendance du pays. Mujibur Rahman est en effet l’iniateur de la scission avec le Pakistan et donc de la création du Bangladesh, autrefois simplement désigné sous le nom de Pakistan oriental. On se souvient que le conflit visant à empêcher l’émancipation du pays, fut d’une rare violence (3 millions de morts).
Aujourd’hui, c’est sa fille aînée, Sheikh Hasina, qui dirige le Bangladesh en tant que Première ministre depuis 2009 (le Bangladesh a un régime parlementaire). Elle l’avait déjà été de 1996 à 2001. Elle a aussi repris sa formation politique son père, la Ligue Awami (socialiste et laïque). On comprend le culte voué aujourd’hui à Sheikh Mujibur.
Le père de l’indépendance du Bangladesh, n’a toutefois pas été un brillant gouvernant. Sheikh Mujibur Rahman a pris la tête du premier gouvernement bangladeshi, en décembre 1971. Deux ans plus tard, son parti a remporté les élections de manière écrasante, mais assez rapidement son régime est devenu autoritaire, les partis interdits et le parlement dépourvu de pouvoirs réels. De plus, il s’est mis à dos l’armée et a finalement été renversé par un coup d’État militaire en 1975 et tué avec une partie de sa famille. Ce qui lui vaut l’image d’un martyr de la cause bangladesghie.
Cet anniversaire, ainsi que la veille, le 16 mars, ont été désignés par Sheikh Hasina comme Journée nationale de l'enfant (জাতীয় শিশু দিবস), en lien avec son père et l’amour qu’il portait aux enfants, nous dit-on. En cela, elle a voulu imiter l’Inde où la Journée nationale de l'enfance est célébrée le 14 novembre, anniversaire de Jawaharlal Nehru, l'“oncle bien-aimé” des enfants. À l’échelle mondiale, c’est le 20 novembre que l’on fête les enfants ou le 1er juin.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 mars 2022
Mise à jour 2025 : Sa fille, Sheikh Hasina qui avait, elle aussi, virée à l’autoritarisme a été renversé en 2024, ce qui a grandement tempéré le culte voué à son père, Mujibur Rahman.