L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
13-14 février : Pohela Falgun, le premier jour du printemps des Bengalis
Pohela Falgun est le premier jour du printemps du mois de Falgun, le onzième mois du calendrier bengali. Après la sécheresse de l'hiver, de nouvelles feuilles commencent à pousser sur les arbres et la nature orne les branches de nouvelles fleurs colorées comme les vêtements traditionnels que portent les jeunes gens ce jour-là.
En bengali, pohela signifie « premier » et Falgun est le onzième mois du calendrier bengali. Au Bangladesh Pohela Falgun (পহেলা ফাল্গুন) tombait autrefois le 13 février, mais depuis une modification locale du calendrier bengali (en 2020), elle est célébrée le 14 février, soit le même jour que la Saint-valentin. Depuis les deux fêtes ont tendance à fusionner chez les Bangalais. D’autant que l’une a été inventée alors que l’autre commençait seulement être connue en Asie. En effet, Pohela Falgun est une fête récente, elle a été lancée en 1991 par des étudiants de la Faculté des Beaux-Arts de l’Université de Dhaka, capitale du Bangladesh où ont lieu chaque année divers événements culturels.
Pohela Falgun est également fêtée en Inde et connue sous le nom de Basanta Utsab (বসন্ত উৎসব, littéralement, la « Fête du Printemps ») au Bengale Occidental mais aussi dans les autres États indiens qui ne sont pas de culture bengalie, notamment l'Assam, le Tripura, le Jharkhand et l'Orrisa. En Inde, on a conservé la date du 13 février.
Pohela Falgun est le premier jour du printemps. Après la sécheresse de l'hiver, de nouvelles feuilles commencent à pousser à nouveau sur les arbres et la nature orne les branches de nouvelles fleurs colorées. Les femmes ont pris l’habitude de s’habiller de saris de couleur bashonti (jaune ou orange) et ornées d'ornements floraux, tandis que les garçons portent des panjabis colorés. Vêtus de tenues traditionnelles, les gens, surtout les jeunes, se pressaient en grand nombre dans les magasins de fleurs et les lieux de sortie.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 février 2025
13 février : la mémoire occultée des Italiens du sud
Le 13 février 1861, François II, le dernier roi des Deux-Siciles capitulait devant les troupes du roi de Piémont-Sardaigne, lancé à la conquête de la péninsule pour créer l’Italie. L’histoire officielle et scolaire a glorifié le Risorgimento, occultant totalement ceux qui à l’époque étaient dans le mauvais camp, les Sudistes. Aujourd’hui, les frustrations politiques au sud de l’Italie font resurgir la mémoire.
Le 13 février 1861, François II, le dernier roi des Deux-Siciles capitulait devant les troupes du roi de Piémont-Sardaigne, lancé à la conquête de la péninsule pour créer l’Italie. Pour épargner sa capitale, le jeune François de Bourbon avait quitté Naples avec la partie des troupes qui lui était encore fidèle pour se réfugier à Gaète avec son épouse Sophie et une partie de sa cour. Le terrible siège de la forteresse a duré plus de trois mois. Sa capitulation entraînait la disparition de l’État des Deux-Siciles et la création d’un royaume d’Italie, proclamé le 17 mars 1861.
Rejetés par la majeure partie de la population, pour leur autoritarisme et leur conservatisme, les Bourbons de Naples ont été avant tout victimes de leur incapacité à moderniser leur royaume, ce qui explique la facilité avec laquelle Garibaldi a pris leur capitale. Un siècle et demi plus tard, les souvenirs se brouillent et une certaine nostalgie s’est installée. Les Méridionaux ont le sentiment d’avoir été les oubliés de l’unification de l’Italie. L’histoire officielle et scolaire a glorifié le Risorgimento, occultant totalement ceux qui à l’époque étaient dans le mauvais camp, les Sudistes. Aujourd’hui, la forteresse de Gaète est devenue un lieu de mémoire, on s’y réunit chaque année le 13 février, L'événement bénéficie même du patronage de la municipalité de Gaète. Un Mur de la mémoire est en train d’être constitué. Sur chaque brique est gravé le nom d’un village ou d’une ville où se seraient déroulés d’atroces massacres perpétrés par les troupes nordistes.
Régulièrement, des militants du Mouvement néobourbonien tentent de faire adopter une Journée de la mémoire des Méridionaux morts lors de l’Unification italienne (Giornata della Memoria per le vittime meridionali dell'unità d'Italia). Le texte a été présenté aux Conseils des régions du Sud – les Abruzzes, la Basilicate, la Campanie, les Pouilles et la Sicile – au Conseil municipal de Naples, à la Chambre et au Sénat de la République, avec à chaque fois, le 13 février comme date préconisée pour cette célébration officielle. Récemment, le mouvement méridionaliste a été largement récupéré par le mouvement 5 Étoiles (Movimento 5 Stelle ou M5S), dont, il faut le noter, la carte électorale depuis 2018 coïncide presque exactement avec le territoire de l’ancien royaume des Deux-Siciles.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 février 2024
La reine Marie, l'héroïne de Gaète, 1863 (Königlich Bayrischer Privatbesitz)
Le comportement héroïque de la jeune reine Marie-Sophie, la sœur de Sissi, pendant le siège de Gaète, est resté dans les mémoires.
13 février : comment faire cesser le traditionnel rassemblement néonazi de Dresde ?
La commémoration des bombardements de Dresde (Allemagne) tourne chaque année à l’affrontement entre l’extrême droite néonazie qui tente d’instrumentaliser cette journée et la population mobilisée contre les extrémistes en formant une chaîne humaine.
La commémoration des bombardements de Dresde (Allemagne) tourne chaque année à l’affrontement entre l’extrême droite néonazie qui tente d’instrumentaliser cette journée et une autre partie de la population mobilisée contre les extrémistes en formant une chaîne humaine. Plusieurs milliers de policiers sont mobilisés pour éviter les affrontements dans une région où l’extrême droite représente un bon quart de l’électorat.
Traditionnellement, le maire de la ville dépose des roses blanches sur le site commémoratif de l'Altmarkt, au cœur de la ville de Dresde, mais cette année, le site est en travaux. Il ne sera pas non plus accessible aux représentants de l’extrême droite, le AfD qui avait pris l’habitude d’organiser elle aussi une cérémonie ainsi qu’une marche rassemblant des néo-nazis venus de toute l’Europe pour l’occasion. Pour contrecarrer cette manifestation, quelque 20 000 habitants de Dresde organisent une chaîne humaine dans toute la ville. Elle fait sa jonction à 18h sur le Neumarkt, en présence du maire, Dirk Hilbert (CDU). Les cloches de Dresde sonnent alors quelques minutes en mémoire des morts et en rappel aux vivants. Chaque année, la police est sur les dents pour éviter les affrontements entre les néonazis venus pour leur marche et Dresden Nazifrei, une association d’extrême gauche qui s’y oppose. Cette année, c’est une association au spectre politique beaucoup plus large qui a pris les devants : Dresden Resist, regroupant une large société civile, de l'extrême gauche au centre de la société, en passant par le SPD, les Verts, le Parti pirate… pour contrer les manifestations de force de l’extrême droite. La chaîne humaine, introduite par maire Helma Orosz (CDU), il y a de nombreuses années, n’est plus adaptée face à la violence politique.
Cette tension politique éclipse les 25 000 victimes de la « tempête de feu », trois jours de bombardement au phosphore (du 13 au 15 février 1945) sur Dresde, la Florence allemande, dont il ne restera plus que ruines. Après ceux d’Hiroshima et de Nagasaki, il s’agit du bombardement aérien le plus meurtrier de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, Dresde n’était pas un objectif stratégique majeur et, en février 1945, l’Allemagne était déjà à genoux. Un demi-siècle plus tard, les Anglais et les Américains ont finalement prononcé des excuses pour tant de victimes civiles inutiles. Mais, comme il s’agissait de punir un pays et un peuple à l’origine de plusieurs millions de morts en Europe, l’histoire a finalement relégué ce drame au rang de simple épisode de la guerre.
Avec moins de victimes, ce fut aussi le sort de Varsovie, Rotterdam, Londres, Coventry… autant de villes bombardées par la Luftwaffe (l'armée de l'air allemande) qui fut à l’origine, ne l’oublions pas, de la stratégie consistant à s’en prendre au cœur des villes pour déstabiliser l’ennemi. Cette année, Kevin Maton, le maire de Coventry ville jumelle de Dresde, est présent aux commémorations.
Le martyre de Dresde est un thème récurrent des discours du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) et du mouvement xénophobe PEGIDA, lesquels affirment régulièrement qu’on aurait caché le nombre réel des victimes en avançant des chiffres fantaisistes allant de 100 000 à 250 000 morts... Ce parti d’extrême droite a connu de gros succès lors des élections régionales de l’automne 2019 en Saxe (27,5 %) dont Dresde est la capitale.
Le parcours commémoratif de cette année 2023 commence à 18h15 au mémorial de la destruction de l'ancienne synagogue et de la Shoah à Hasenberg, en face de la nouvelle synagogue. Il mène ensuite à la sculpture du Grand Homme en deuil, le morceau de débris du dôme de la Frauenkirche du côté nord, puis du côté sud-est de l'Altmarkt près du mémorial des victimes des raids aériens sur Dresde les 13 et 14 février 1945 à la Kreuzkirche au monument et mémorial puis à l'espace de réflexion pour la Sophienkirche et enfin à la Frauenkirche.
Enfin, pour ce qui restent chez eux, le traditionnel concert de l'Orchestre philharmonique de Dresde pour commémorer la destruction de la ville est diffusé en direct par Sachsen Fernsehen à partir de 18h30 et plus tard sur Radio Dresden. Cette année, l’orchestre d'État de Saxe, dirigé par Philippe Herreweghe, joue la Messe monumentale en si mineur de Jean-Sébastien Bach.
Dresde est considérée comme un symbole des horreurs de la guerre moderne. Mais l'avenir de la commémoration des raids aériens dévastateurs des 13 et 14 février 1945 est contesté. Les traditionalistes veulent continuer à commémorer les victimes. D’autres veulent faire de Dresde une ville de paix. Mais aujourd’hui, est-il possible de parler du 13 février 1945 dans ce présent sans parler de la guerre en Ukraine ?
Quelques images d’époque
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 février 2023