L’Almanach international
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27 novembre : le Maaveerar Naal, journée de deuil pour les Tamouls du Sri Lanka
Les Tamouls du Sri Lanka célèbrent les soldats tombés pendant la guerre qui les a opposé pendant un quart de siècles aux autorités de Colombo dominées par les Cinghalais. La période précédant le 27 novembre, célébrée sous le nom de Maveerar Naal ou Journée des héros, est une période importante pour les Tamouls de l'Eelam, car elle leur permet de se souvenir et d'honorer ceux qui ont fait le sacrifice ultime dans leur lutte pour l'autodétermination.
Les Tamouls du Sri Lanka célèbrent leurs soldats tombés pendant la guerre qui les a opposés pendant un quart de siècle aux forces armées de Colombo dominées par les Cinghalais. Ce conflit s’est terminé en 2009 par l’écrasement total des Tigres de libération de l’Eelam (le territoire défendu et revendiqué par les Tamouls, au nord de l’île), le LTTE, au prix de quelque 100 000 morts. L’armée tamoule est aujourd’hui dissoute et les manifestations liées à la Journée des héros ont été longtemps interdites au Sri Lanka. Seule la diaspora tamoule, en particulier dans les grandes métropoles occidentales, manifestait librement à l’occasion du Maaveerar Naal (மாவீரர் நாள்) organisé chaque 27 novembre. Tout récemment, suite à la victoire de l’opposition aux élections, l’ambiance politique a radicalement changé au Sri Lanka. Les manifestations commémoratives sont désormais tolérées mais à condition de ne pas utiliser des logos, des uniformes ou des photos de cadres des LTTE.
Malgré de fortes pluies, plusieurs commémorations ont eu lieu cette semaine à Jaffna. Une commémoration a également eu lieu au Chatty Thuyilum Illam - ou lieu de repos des héros - dans le district de Jaffna. Les événements ont commencé par une cérémonie poignante dans le cimetière détruit, où des personnes se sont rassemblées pour rendre hommage aux héros tombés au combat. Des fleurs ont été déposées au mémorial en signe de respect et de solidarité.
La date du 27 novembre est celle de la mort au combat du premier cadre du LTTE, le lieutenant Shankar (alias Sathiyanathan Suresh) en 1982. Le Maaveerara est célébré depuis 1989, traditionnellement, on allume des lampes à huile pendant trois jours (jusqu’au 27 novembre). Dans toute la diaspora, on arbore des drapeaux de l’Eelam tamoul aussi bien lors des cérémonies que des manifestations de rue ou sur les vitrines des magasins tenus par des Tamouls, un peu partout dans le monde.
Depuis sa mort en 2009, tombé dans une embuscade de l’armée sri lankaise, l’anniversaire de Velupillai Prabhakaran, qui tombe le 26 novembre, est inclus dans les commémorations. C’était le chef suprême, mythique et controversé, des Tigres de libération de l’Eelam, une organisation qu’il a créé en 1976. Sa mort avait sonné la défaite des Tamouls.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 novembre 2024
Mémorial discret et improvisé au Sri Lanka
Velupillai Prabhakaran, le chef mégalomane et charismatique des Tigres Tamouls devant la flamme du souvenir et la silhouette de l’État revendiqué : photomontage invitant au Maaveerar Naal 2020
Manifestation à Londres
Mémorial tamoul situé en Allemagne
27 novembre : drôle de fête en Birmanie
À l'époque où la junte militaire était au pouvoir, chaque 27 novembre, des manifestations étudiantes réclamait la libération d'Aug San Suu Kyi. Cette date fait aujourd’hui figure de fête nationale en Birmanie, elle rappelle une époque plus lointaine encore : la première grève des étudiants birmans face aux autorités coloniales britanniques…
À l'époque où la junte militaire était au pouvoir, chaque 27 novembre, des manifestations étudiantes réclamaient la libération d'Aug San Suu Kyi. Cette date fait aujourd’hui figure de fête nationale en Birmanie. Elle rappelle une époque plus lointaine encore : la première grève des étudiants birmans, en 1920, face aux autorités coloniales britanniques qui venaient d’adopter une législation discriminatoire. La grève débuta le jour de la fête nationale qui cette année tombe le le 27 novembre.
La Journée nationale est aussi marquée par le souvenir de Thibaw Min, le dernier roi. On se souvient qu’il demanda aux émissaires Britanniques de se déchausser avant d’entrer dans son palais. Ceux-ci refusèrent et le traitèrent de tyran. Ce fut le prétexte invoqué pour une conquête du pays par les Anglais. En deux semaines, le royaume birman était envahi, le palais royal pris d’assaut, le 28 novembre 1885. Le lendemain, le roi était expédié en exil en Inde. Le 1er janvier suivant, la Birmanie était intégrée à l’Empire britannique.
Aujourd'hui, ce sont les Birmans qui écrasent de leur mépris les Rohingyas sans défense et les massacrent dans le but de les éliminer du pays. Ne pourrait-on pas arrêter ce génocide, avant qu'il faille trouver une date pour le commémorer ? Alors le pays est le théâtre d'un vrai nettoyage ethnique visant la minorité Rohingyas victime de viols, tortures, massacres et meurtres... la Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, qui marraine le président actuel, reste étonnamment silencieuse face à ce génocide en cours même si elle a fini par concéder que la situation aurait pu être mieux gérée.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde