L’Almanach international
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3 avril : mémoire du soulèvement de Jeju réprimé dans le sang
L’île coréenne de Jeju, un paradis touristique situé à mi-chemin entre la péninsule et le Japon commémore une insurrection matée dans le sang en 1948-49. Les syndicats sud-coréens profitent de ce 76e anniversaire pour se mobiliser contre le président Yoon Seok-yeol issu d'un parti conservateur.
L’île coréenne de Jeju, un paradis touristique situé à mi-chemin entre la péninsule coréenne et l’archipel japonais commémore une insurrection matée dans le sang en 1948-49. Pendant un demi-siècle, le sujet a été totalement tabou en Corée au point que le simple fait d’évoquer ce massacre pouvait vous valoir la prison. Il faut attendre les années 1990 pour qu’on commence à évoquer le sujet ; 2003 pour qu’un président prononce des excuses et le 70e anniversaire, en 2018, pour qu’un président coréen (de gauche), Moon Jae-in, fasse le voyage dans l’île pour commémorer le soulèvement de Jeju (제주 4·3 민중항쟁).
Tout avait commencé le 1er mars 1948, jour de la fête nationale. Un cheval de la police a grièvement blessé un petit garçon. La foule en colère contre les forces de l’ordre, se fait menaçante, les policiers tirent dans le tas faisant 8 morts et 6 blessés graves. La population de l’île réagit par une grève générale qui touche tous les secteurs y compris l’administration. La répression est féroce, les arrestations se multiplient. Ce qui pousse de nombreux jeunes à adhérer au nouveau Parti du travail, né d’une fusion des communistes et des socialistes coréens. Un parti aussitôt interdit à Séoul où les Américains sont en train d’installer au pouvoir des hommes d’extrême droite, notamment des collabos de l’occupation japonaise.
Le 3 avril 1948 une insurrection est lancée (c’est la date que l’on commémore aujourd’hui). Les autorités débordées négocient. Mais le 1er mai des incidents engendrent un véritable dérapage. On sait aujourd’hui qu’ils ont été volontairement provoqués par des éléments d’extrême droite de Corée du Nord, réfugiés à Jeju. On est en Corée du Sud dans un contexte de guerre froide exacerbée. Vu de Séoul, où les Américains sont encore au pouvoir pour quelques mois, l’île de Jeju est un véritable repère de communistes à éliminer . La répression est féroce : au moins 30 000 habitants de l’île sont massacrés (10 % de la population) et 40 000 s’exileront au Japon, principalement à Osaka où ils forment aujourd’hui un quartier. Les combats dureront jusqu’en 1949 et même sporadiquement jusqu’en 1953. L’île restera totalement bouclée jusqu’en 1954. Des dizaines de milliers d’habitants de Jeju sont emprisonnés. La majorité des victimes affirment avoir été arrêtées de façon arbitraire, interrogées et torturées par la police militaire avant d'être contraintes à signer une fausse déclaration confessant des crimes.
La répression a laissé des blessures profondes sur les victimes et leur famille. Nombre de leurs enfants, pendant des décennies, ont subi des discriminations lors de la recherche d'emploi à cause de la condamnation de leurs parents. Ces derniers ne seront réhabilités qu’en… 2019. Seuls 18 d’entre eux étaient encore en vie lors de ce verdict historique, prononcés il y a seulement deux ans. Des indemnités sont à l’étude pour leurs enfants. 8500 personnes ont reçu en 2020, une carte d’identité de victime qui leur permet, notamment, d’avoir une réduction de 50% sur les vols vers Jeju. Depuis 2014, le 3 avril est une commémoration officielle en Corée. En 2018, la ville d’Osaka a érigé une stèle commémorative. Le 3 avril 2022, le président élu Yoon Suk-yeol a fait un déplacement à Jeju, il s'agissait de sa première apparition publique après son élection.
En 2023, les syndicats sud-coréens ont profité du 75e anniversaire de la commémoration, pour se mobiliser contre ce président élu issu d'un parti conservateur.
En 2024, le 30 mars, le rassemblement national des travailleurs qui s'est tenu devant l'hôtel de ville de Jeju, a évoqué l'esprit du 76e anniversaire du soulèvement populaire du 3 avril. Quelque 2 500 membres de la Confédération coréenne des syndicats de tout le pays y ont participé pour réclamer, notamment, la démission du président Yoon Seok-yeol.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
2 octobre : la fête du travail à Canberra et à Sydney
Aujourd’hui, premier lundi d’octobre, dans le Territoire de la capitale australienne, en Australie-Méridionale et en Nouvelle-Galles du Sud, c’est Labor Day. On célèbre l’obtention de la journée de huit heures de travail.
En Australie, la Fête du Travail (Labor Day) célèbre les conquêtes du mouvement syndical, notamment l’obtention de la journée de travail de huit heures. Dans la plupart des pays, la Journée internationale des travailleurs (le 1er mai) est fériée, mais pas en Australie, ni dans les autres pays anglo-saxons. Chacun de ces pays a sa fête des travailleurs et en Australie, la date date varie même selon les États. Aujourd’hui, premier lundi d’octobre, c’est dans le Territoire de la capitale australienne, en Australie-Méridionale et en Nouvelle-Galles du Sud que l’on fête Labor Day avec un jour férié.
Le mouvement ouvrier australien a commencé à se structurer au milieu du XIXe siècle. À l’époque, la plupart des ouvriers travaillaient jusqu’à 14 heures par jour avec un seul jour de congé par semaine, le dimanche. Ils ne bénéficiaient ni de congés de maladie ni de vacances et les employés pouvaient être licenciés à tout moment sans raison valable.
Le 18 août 1855, les membres de la Sydney Stonemasons Society lancèrent un ultimatum informant leurs employeurs qu'ils ne travailleraient que huit heures par jour, après une période de transition de six mois. Cependant, certains travailleurs ne voulaient pas attendre aussi longtemps. Ils se sont mis en grève de manière préventive et ont immédiatement obtenu la journée de huit heures. Le 1er octobre 1855 , ils célébrèrent leur victoire par un dîner. C'est pourquoi la Fête du Travail à Canberra et dans la majeure partie du pays, est célébrée début octobre. En 2023, elle tombe ce 2 octobre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde