L’Almanach international
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30 juin : la fête nationale de la RDC
La république démocratique du Congo fête son indépendance. Obtenue en 1960, après 75 ans d'occupation belge, mal préparée, elle a été accordée en catastrophe…
La République démocratique du Congo fête son indépendance. Obtenue en 1960 après 75 ans d'occupation belge, mal préparée, elle a été accordée en catastrophe. Onze jours plus tard, la riche province du Katanga faisait sécession, un mois plus tard, c'était le tour du Kasaï. Le 4 septembre, le premier ministre Patrice Lumumba, le héros du 30 juin, était destitué, malgré une majorité acquise à l'assemblée... la république du Congo était bien mal partie. Depuis, ce sont des présidents mal élus et contestés qui ont présidé, chaque année, aux festivités de la fête nationale. L’élection présidentielle de 2019 a toutefois offert au pays sa première alternance pacifique même si l’élection de Félix Tshisekedi a été contestée, celui-ci a néanmoins été réélu en décembre 2023 avec plus de 73 % des voix.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 juin 2024
23 mars : une date de paix ou de guerre en Afrique méridionale
Le 23 mars dans le sud du continent africain est à la fois symbole de guerre, voire de massacres dans l’est de la RDC, et de paix quand on songe à ce que la fin du conflit postcolonial, il y a 36 ans, a permis de bouleversements géopolitiques comme la paix en Angola, l’indépendance de la Namibie et la fin de l’apartheid en Afrique du Sud.
Ce 23 mars 2024, un sommet extraordinaire de la SADC (Communauté de développement de l'Afrique Australe) est réuni à Lusaka, capitale de la Zambie, pour débattre de questions de sécurité dans l’Est de la République démocratique du Congo et à Cabo Delgado, au Mozambique. Kinshasa compte sur la force de la SADC en cours de déploiement dans l'est de la RDC pour l'aider à "récupérer les territoires" occupés par la rébellion du M23 (le Mouvement du 23 mars).
Cette date du 23 mars est brandie par un mouvement rebelle, majoritairement tutsi et soutenu par le Rwanda. Ce mouvement du 23 mars, également appelé M23, est un groupe créé à la suite de la guerre du Kivu. Il est composé d'ex-rebelles réintégrés dans l'armée congolaise à la suite d'un accord de paix signé le 23 mars 2009 avec Kinshasa. Mais, en 2012, nombre de ses membres se sont mutinés, considérant que le gouvernement congolais n'avait pas respecté les modalités de l’accord de 2009. C’est ainsi qu’est né le M23. Dans l’est de la RDC, les combats ont repris de plus belle depuis 2021. Le M23 est accusé de nombreuses violences contre les populations civiles, par des ONG (Human Rights Watch), par la cour pénale internationale et par le gouvernement américain. C’est de cette situation d’urgence dont on débat aujourd’hui à Lusaka, hôte d’un sommet de la SADC.
Ce même jour, le 23 mars, a une autre signification en Afrique australe, depuis 2018. Cette année-là , on fêtait le 30e anniversaire de la bataille de Cuíto Cuanavale et le 23 mars a été décrété Jour de la Libération de l'Afrique Australe (Dia da Libertação da África Austral) en souvenir de la fin de cette bataille qui s’est déroulée du 15 novembre 1987 au 23 mars 1988 sur le territoire de l’Angola. Ce pays, en particulier, en a fait une célébration nationale qui a lieu chaque année, principalement à Cuíto Cuanavale et à Luanda. Pour le régime de Luanda, issu de ce conflit post-colonial, cultiver la gloire de cette victoire est un moyen de faire oublier l’absence totale d’alternance politique depuis un demi-siècle.
La bataille de Cuíto Cuanavale est décrite comme l’une des plus importantes et l’une des dernières de la guerre froide. Elle opposait l’armée du FPLA, un mouvement de libération angolais, au pouvoir à Luanda depuis l’indépendance du pays, à celle de l’UNITA, un autre mouvement rebelle dirigé par Jonas Savimbi, qui combattait pour le camp adverse, avec le soutien de l’Afrique du Sud (encore sous apartheid) et des États-Unis. Alors que les forces de Luanda bénéficiaient du soutien militaire de Cuba et de l’URSS selon la logique de la guerre froide.
Cette bataille qui gangrenait le sud du continent, s’est arrêtée un 23 mars, en 1988, et a débouché sur les Accords de New York, qui ont donné lieu à la mise en œuvre de la Résolution 435/78 du Conseil de sécurité de l'ONU, conduisant à un retrait des forces cubaines et sud-africaines, puis à l’indépendance de la Namibie deux ans plus tard (presque jour pour jour) et finalement en 1994, à la fin du régime de ségrégation raciale en vigueur en Afrique du Sud. C’est dire l’importance de cette date, même si cette victoire militaire est loin d’être le seul facteur des bouleversements géopolitiques vécus dans la région à la toute fin du XXe siècle.
La décision de faire du 23 mars un jour de commémoration a été approuvée à l'unanimité par 15 États membres de la SADC lors du 38e sommet ordinaire de cette organisation régionale qui s’est tenu en 2018 dans la capitale namibienne, Winddhoek. Sa célébration est variable selon les États. Seule l’Angola en a fait un jour férié et chômé, reporté à lundi puisque cette année, le 23 mars tombe un samedi.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mars 2024
17 janvier : il y a 60 ans, l'assassinat de Patrice Lumumba
Patrice Lumumba a été assassiné le 17 janvier 1961, la journée est consacrée à son souvenir. Celui-ci n’a pas eu le temps de gouverner longtemps de le pays, entre son discours du 30 juin 1960, lors de l'indépendance, qui l’a propulsé d'emblée au rang des héros de l’anticolonialisme et son assassinat six mois plus tard.
Patrice Lumumba a été assassiné le 17 janvier 1961, la journée est consacrée à son souvenir. Celui-ci n’a pas eu le temps de gouverner longtemps le pays, entre son discours du 30 juin 1960, lors de l'indépendance, qui l’a propulsé d'emblée au rang des héros de l’anticolonialisme et son assassinat six mois plus tard, le 17 janvier 1961. Les conditions de la mort de Patrice Lumumba, en ont fait un mythe, un martyr de la guerre froide, sacrifié aux intérêts des grandes compagnies minières qui craignaient un rapprochement du Congo avec l’URSS.
Une cérémonie, souvent un peu bâclée, se déroule chaque 17 janvier, place de l'échangeur de Limete (aujourd'hui appelée place de la Reconstruction) à Kinshasa où a été érigé en 2002 une grande statue de Patrice Emery Lumumba haute de 10 m. Une célébration eucharistique en la cathédrale Notre Dame du Congo en mémoire du grand homme est également organisée.
Soixante ans après son assassinat, la famille de Patrice Lumumba attend toujours un procès à Bruxelles. Son corps n’a jamais été retrouvé, mais une dent va lui être restituée. La relique a été saisie par la police belge chez la fille du policier qui avait été chargé de faire disparaître le corps. Le président Félix Tshisekedi a annoncé son intention d’organiser un hommage national le 30 juin 2021, date du 61e anniversaire de l’indépendance. L’idée est d’offrir enfin une sépulture à celui qui fut un éphémère premier ministre du pays, même si c’est pour n’abriter qu’une si dérisoire relique, preuvre de l’acharnement implacable contre le leader africain. C’est l’Occident tout entier qui s’est ligué contre lui, son assassinat a été tout autant inspiré par les États-Unis que la France ou la Belgique.