L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
24 juin : la Saint-Jean, fête nationale du Québec
C’est en 1977 que la Saint-Jean-Baptiste est devenue officiellement la fête nationale du Québec et un jour férié. Au fil des ans, elle est devenue la fête de tous les Québecois et non plus seulement celle des Canadiens d’origine française, catholiques de surcroît.
On a coutume de se souhaiter « bonne Saint-Jean ! » en ce jour de fête nationale qui trouve son origine, comme dans beaucoup de pays de tradition catholique, dans les traditionnelles fêtes de la Saint-Jean.
Si toute la province est en fête, c’est à Québec (ville) que se déroule d’ordinaire la plus grande manifestation, sur les plaines d’Abraham qui peuvent accueillir jusqu’à 200 000 personnes. La fête mêle, comme toujours au Québec, discours patriotiques, chants en français , concerts musicaux, défilés et, bien sûr, feux de joie. Traditionnellement, ces rassemblements festifs se produisent sur les plaines d’Abraham à Québec ou au Quartier des spectacles à Montréal.
C’est en 1977, sous le gouvernement souverainiste du Parti québecois, que la Saint-Jean-Baptiste devient officiellement fête nationale du Québec et jour férié, et en 1984 que son organisation est confiée au Mouvement national des Québecoises et des Québecois. Au fil des ans, elle est devenue la fête de tous les Québecois et non plus seulement celle des Canadiens d’origine française, catholiques de surcroît.
En fait la fête remonte beaucoup plus loin, au point qu’en 2024, on fête son 180e anniversaire. Saint Jean Baptiste est, par ailleurs, le patron des Français du Canada. Au Québec, la Saint-Jean-Baptiste prend une nouvelle signification en 1834. Cette année-là, un grand banquet patriotique s’organise, avec pour objectif de donner aux Canadiens français une fête nationale annuelle. Le député Louis-Hippolyte Lafontaine, le futur avocat et premier ministre George-Étienne Cartier et le maire de Montréal Jacques Viger sont des festivités. Dans les années qui suivent, la population commence à souligner la Saint-Jean-Baptiste. La Rébellion des Patriotes, de 1837 à 1839, interrompt les célébrations de la Saint-Jean pendant cinq ans. Mais les Québécois ont toujours le cœur à la fête ! En 1842, on organise le premier défilé de la Saint-Jean-Baptiste, à Montréal. La coutume continue de s’ancrer dans les mœurs, et dans les années 1950, les fêtes de la Saint-Jean se multiplient dans les villes, les villages et les quartiers. Dans les années 1960 et 1970, la Saint-Jean-Baptiste perd son caractère religieux. En 1977, donc, le gouvernement de René Lévesque la proclame fête nationale du Québec, un jour chômé et férié.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 juin 2024
20 mai : la Journée des patriotes au Québec, pour éviter de fêter la Monarchie
Cette journée commémore les événements de 1837-1838 qui virent les Québecois s’insurger contre l’occupant anglais pour la reconnaissance de leur peuple et la démocratie. Ce même jour, dans le reste du Canada, c’est la « fête de la Reine », même si le monarque est aujourd’hui un roi.
Le Québec est en effervescence, drapeaux de la province bien en évidence sur les bâtiments officiels et dans les rues, ambiance de fête empreinte de solennité, la journée est un mélange de grande fête populaire et de cérémonie du souvenir : défilés en tenue d’époque, reconstitutions de scène de bataille, repas champêtres, conférences, expositions… Cette Journée des patriotes commémore les événements de 1837-1838 qui virent les Québécois s’insurger face à l’occupant anglais pour la reconnaissance de leur peuple et la démocratie. Autrefois, cette journée était célébrée en novembre car la rébellion avait débuté en novembre 1837. Mais, en 2003, il a fallu remplacer la fête de Dollard des Ormeaux, un héros aujourd’hui controversé de la lutte pour l’indépendance de la Nouvelle France. Or, cette journée étant fériée dans l’ensemble du Canada, il fallait lui trouver une thématique proprement québécoise faute de quoi, c’est le monarque qui est aujourd’hui célébré. On le sait, les Québécois n’aiment guère la monarchie britannique.
En effet, la Journée des patriotes a été placée ce jour-là pour concurrencer une autre fête, toujours d’actualité dans l’ensemble du Canada : la Fête de la reine ou Victoria Day. À l’origine, c’était l’anniversaire de la reine Victoria (née le 24 mai 1819). Aujourd’hui, le souverain du Canada est Charles III, mais la journée a conservé son appellation de Fête de la Reine. À cette occasion, l’Union Jack (drapeau du Royaume-Uni) flotte aux côtés du drapeau national canadien toute la journée.
Cela dit, pour beaucoup de Canadiens, cette journée instaurée en 1953, représente avant tout un jour férié et chômé qui permet, chaque année, un week-end de trois jours puisqu’il tombe toujours un lundi ! Pour beaucoup, c’est le premier congé de l’année, il arrive au moment où les températures commencent à se radoucir. Certes, pour les catholiques, ce 20 mai est aussi le lundi de Pentecôte mais il n’est pas férié au Canada.
Le drapeau des patriotes du Canada des années 1837-1838 (vert-blanc-rouge) est encore régulièrement brandi lors de la fête nationale du Québec, le 24 juin, et bien sûr pour la Journée des patriotes, au mois de mai.
En Ontario, où on célèbre officiellement Victoria Day, les Franco-Ontariens continuent toutefois de parler de cette journée comme de la fête de fête de Dollard.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 mai 2024
1er juillet : les québécois déménagent le jour de la fête du Canada
C’est la journée où beaucoup de locataires québécois déménagent. On estime que 200 à 250 000 familles changent de domicile le même jour, le phénomène est unique au monde. La raison est qu'au Québec les baux expirent généralement le 30 juin…
Le 1er juillet est la journée où beaucoup de locataires québécois déménagent. On estime que 200 à 250 000 familles changent de domicile le même jour, le phénomène est unique au monde. La raison est qu'au Québec les baux expirent généralement le 30 juin. Les autres Canadiens y voient un pied de nez au reste du pays qui célèbre la fête nationale chaque 1er juillet. Car longtemps, c’était le 1er mai que l’on déménageait. La loi a changé en 1974 pour repousser d’un mois la fin des baux.
À Montréal, les autorités municipales estiment que dix pour cent des ménages déménageront cette semaine. À l'approche du 1er juillet, de nombreux Québécois consultent frénétiquement les petites annonces dans l'espoir de pouvoir y dénicher leur prochain domicile. Des produits électroniques en fin de vie utile, des vêtements usagés, des jouets ou de la vaisselle, peuvent être déposés sur les trottoirs. Tous les ans, plus de 60 000 tonnes d’articles usagés à Montréal sont abandonnées dans la rue et ne sont pas réutilisées ou recyclés.
Le phénomène est particulièrement important dans les grandes villes comme Québec ou Montréal où le nombre de locataires dépasse les 50 %. Dans ces villes, il est presque impossible de circuler en ville tant les rues sont remplies de déménageurs ce jour-là. Cette tradition du Moving Day est vivace. Cela permet notamment d’éviter le déménagement au milieu de l’année scolaire.
Ce jour est aussi la fête du Canada, laquelle célèbre la promulgation de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867 qui a réuni trois colonies britanniques distinctes en un seul pays appelé Canada. Cette fête s'appelait à l'origine la fête du Dominion, mais elle a été rebaptisée en 1982, lorsque la Loi sur le Canada a été adoptée. La fête est, en principe, célébrée dans tout le pays, mais au Québec avec beaucoup moins d’enthousiasme qu’ailleurs.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde