L’Almanach international
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14 janvier : la Thaïlande fête ses enfants… devenus de plus en plus rares
Aujourd’hui, la Thaïlande célèbre ses enfants. De nombreuses animations sont prévues pour eux dans tout le pays… La Thaïlande fait bien de choyer ses enfants car ils sont de plus en plus rares dans le pays. La natalité a baissé continuellement depuis un demi-siècle et a véritablement chuté depuis 2013. Les Thaïlandais n’ont plus d’enfants, aujourd’hui le taux de fécondité est tombé bien en dessous de la moyenne européenne.
Chaque deuxième samedi de janvier, la Thaïlande fête ses enfants, la journée est connue sous le nom de Wan Dek (วันเด็ก), ou Journée nationale des enfants (Thai: วันเด็กแห่ง ชาติ). Ce jour-là, les grandes institutions font portes ouvertes aux enfants, y compris le bureau du Premier ministre. Les musées organisent des animations, les transports sont gratuits dans les grandes villes. Un peu partout dans le pays, des spectacles leur sont proposés aux enfants. Même l’armée s’y met, dans ce pays dirigé par une junte militaire. Aujourd’hui les casernes sont ouvertes et les militaires connaissent généralement beaucoup de succès en exhibant leur armement aux jeunes visiteurs.
La Thaïlande fait bien de choyer ses enfants car ils sont de plus en plus rares dans le pays. La natalité a baissé continuellement depuis un demi-siècle et a véritablement chuté depuis 2013. Le taux de fécondité est tombé à 1,35 enfant par femme (en 2020), un taux bien en dessous de la moyenne européenne (1,5), et le chiffre de 2022 serait plus bas encore. Ce qui pose des problèmes démographiques majeurs. En 2023, un million de Thaïlandais vont arriver à la retraite (l’âge légal est de 60 ans) alors que selon les projections, le nombre de naissance devrait être de 500 000 tout au plus en 2023. Ce pays de 70 millions d’habitants compte déjà de graves pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs qui sont comblés par plus de 5 millions de travailleurs migrants, principalement d’origine birmane, cambodgienne et laotienne. Dans 10 ans les plus de 60 ans représenteront 28% de la population. La baisse de la natalité touche toute l’Asie, à commencer par la Chine, mais la Thaïlande est un des pays, avec la Corée du Sud et la Japon, à être le plus loin du remplacement de population qui est de 2,05 enfants par femme. C’est en 1991 que la Thaïlande est tombée en dessous de ce taux et depuis, le taux de fécondité n’a fait que baisser.
Les autorités semblent ne pas en avoir vraiment pris conscience. Comme chaque année, le Premier ministre, le général Prayut Chan-o-cha a dévoilé le slogan de la Journée nationale de l'enfant 2023 : « connaître le devoir, la discipline, poursuivre le bien ». Cette année, la ville de Bangkok a prévu d’organiser des événements sur deux semaines, du 6 au 22 janvier dans les deux musées pour enfants de la capitale, 34 centres de jeunesse et la bibliothèque de la ville de Bangkok.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
10 décembre : faute de démocratie, la Thaïlande célèbre sa révolution constitutionnelle
La Thaïlande commémore par un jour férié, sa première constitution, promulguée le 10 décembre 1932. Cette première charte avait fait basculer le Siam d’un système de monarchie absolue à un régime constitutionnel
En cette journée mondiale des droits de l’homme, la Thaïlande commémore par un jour férié, sa première constitution, promulguée le 10 décembre 1932. Cette première charte avait fait basculer le Siam (devenu la Thaïlande) d’un système de monarchie absolue à un régime constitutionnel où, en principe, le pouvoir du monarque demeure limité.
Ce Jour de la constitution ou Wan Rattha Thammanun (วันรัฐธรรมนูญ) est une fête paradoxale quand on sait que la constitution de 1932 n’a duré que 14 ans et que depuis, la Thaïlande a connu une vingtaine de constitutions ! La plupart ont été adoptées après un coup d’État militaire destiné à restreindre l’élan démocratique d’une population toujours prête à réclamer plus de liberté. L’instabilité chronique du pays s’est même accentuée ces dernières années. La constitution actuelle ne date que de 2017, elle remplaçait celle de 2014 qui elle-même se substituait à celle de 2007. La précédente ne datait que de 2006…
À Bangkok, un monument de la démocratie, situé sur l'avenue Ratchadamnoen, symbolise la constitution de 1932. Il est gardé par quatre structures en forme d'aile destinées à représenter les quatre branches des forces armées thaïlandaises – l'armée, la marine, l'aviation et la police – qui ont participé à la révolution de 1932. Car à l’époque l’armée s’était rangée du côté des révolutionnaires contre le pouvoir royal.
Cela n’a plus été le cas par la suite. La plupart des dictateurs thaïlandais sont des militaires royalistes. C’est le cas du général Prayut Chan-o-cha, commandant en chef de l’armée, qui occupe aujourd’hui le poste de premier ministre. Son coup d’État de 2014 qui l’a amené au pouvoir avait été approuvé par le très respecté roi Bhumibol (Rama IX). Ce qui pourrait changer la donne, c’est à l’inverse, caractère si peu respectable du roi actuel, Vajiralongkorn (Rama X), ses frasque et ses tendances tyranniques. Des monarchistes convaincus sont en train de lâcher le monarque, certains éléments de l’armée se montrent de moins en moins convaincus par l’opportunité de soutenir le roi. Va-t-on vers une seconde révolution en vue de l’instauration d’une véritable démocratie ? La jeunesse qui manifeste régulièrement n’aspire qu’à cela. Les choses s’accélèrent, la situation politique se dégrade. Il y a fort à parier qu’elle-ci aura lieu avant 2032, tant la demande de démocratie est grande dans le pays.