L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
21 novembre : l’armée grecque sous la protection de Marie
La religion est partout présente en Grèce, fêtes nationales et célébrations religieuses sont toujours étroitement associées. C’est le cas de la Journée des Forces armées qui est célébrée en Grèce le 21 novembre, jour la Présentation de Marie au Temple, une des douze fêtes religieuses les plus importantes pour l’Église grecque.
La religion est partout présente en Grèce, fêtes nationales et célébrations religieuses sont toujours étroitement associées. C’est le cas de la Journée des Forces armées (Ημέρα Ενόπλων Δυνάμεων) qui est célébrée en Grèce le 21 novembre, jour la Présentation de Marie au Temple (Παρουσίαση της Παρθένου Μαρίας), l’une des douze fêtes religieuses les plus importantes pour l’Église grecque.
Cela n’a pas toujours été le cas. Longtemps, l’armées grecque a été célébrée le 15 août, jour de l’Assomption de la Vierge, une autre fête dédiée à Marie. Mais pendant la dictature militaire, de 1967 à 1974, elle avait été déplacée au 29 août, sous le nom de « Journée de la vertu militaire des Grecs ». Lors de célébrations martiales au stade Panathénaïque, la junte commémorait l’écrasement des maquis communistes du Gramos, en 1949, qui avait mis fin à la guerre civile. C’est en 1975, au retour de la démocratie, que la Journée des Forces armées a été placée le 21 novembre, la Vierge étant la sainte patronne des Forces armées grecques.
La journée débute à 8h par une cérémonie de levée officielle du drapeau national sur l’Acropole, suivi d’une doxologie, à 10h30 en la cathédrale d'Athènes, présidée par l’archevêque d'Athènes et de toute la Grèce, Hieronymou II, en présence de la présidente de la République hellénique, Katerina Sakellaropoulou. Celle-ci se rend ensuite sur la tombe du soldat inconnu, place Syntagma, pour y déposer une gerbe à 11h30. En fin d’après-midi, à 17h09, descente officielle du drapeau du rocher de l’Acropole. À Athènes, la journée se termine par un concert retransmis en direct sur le site de l’État-major de la Défense nationale.
À cette occasion, une exposition des activités des Forces Armées et une présentation des écoles militaires se déroulent dans l'espace polyvalent de la station de métro "Syntagma". Elle s'adresse en particulier aux étudiants de tous niveaux d'enseignement, leur offrant une occasion unique de les informer sur la possibilité de faire carrière dans les Forces armées dans le cadre de leur orientation professionnelle. Dans le contexte de grande tension en Méditerranée orientale, l’armée joue un rôle très important en Grèce. Avec plus de 4% de son PIB consacrés aux dépenses militaires, la Grèce est le pays de l’Union européenne qui dépense le plus pour sa défense. Elle est aussi un des rares États européens à ne pas avoir supprimé le service militaire. En 2021, elle l’a fait passer de 9 à 12 mois. Car face aux menaces croissantes de la Turquie en mer Égée, la protection de la Vierge pourrait ne pas suffire.
La Présentation de Marie au Temple est l’une des rares fêtes célébrées le même jour par les chrétientés occidentales et orientales. Mais, il s’agit d’une fête non canonique, en effet, les Évangiles ne disent rien de l’enfance de Marie, la mère de Jésus. À la demande des fidèles, il a fallu postérieurement en inventer une. La tradition raconte que les parents de Marie, Anne et Joachim, décidèrent de présenter Marie au temple juif car ils voulaient remercier Dieu de la naissance de leur fille alors qu’ils étaient âgés et ne pensaient plus pouvoir avoir d’enfant. Des auteurs inconnus donnent de nombreux détails de l’événement…
En Orient, la fête est attestée dès le VIe siècle, mais le Vatican a attendu 1372 pour instaurer cette célébration qui demeure confidentielle dans le catholicisme. En revanche, dans le monde orthodoxe, en particulier en Grèce, elle fait partie des douze fêtes importantes qui rythme l’année religieuse. Elle est connue sous le nom de L'Entrée de la Vierge [au Temple] (Εισόδια της Θεοτόκου) ou de Présentation de la Vierge Marie (Παρουσίαση της Παρθένου Μαρίας). Beaucoup de localités, comme La Canée en Crète, lui réserve des festivités importantes. Quand à la sagesse paysanne, elle assure que le temps qui fait le 21 novembre se prolongera les quarante jours suivants.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 novembre 2023
17 novembre : les combats des étudiants de Prague et d'Athènes face aux dictatures
Les étudiants ont toujours payé un lourd tribut face aux dictatures nazies, communistes, colonels grecs… C’est la Journée internationale des étudiants. Elle fait référence à une manifestation antinazie réprimée dans le sang mais aussi à la “révolution de velours” à Prague et la répression de la dictature des colonels en Grèce contre les étudiants. À chaque fois, la date mémorielle est le 17 novembre.
Les étudiants ont toujours payé un lourd tribut face aux dictatures. Le 17 novembre 1939, les nazis ferment les universités de Prague et arrêtent 2000 étudiants. Deux jours plus tôt, les obsèques de Jan Opletal, étudiant en médecine mortellement blessée par la police, s’étaient transformées en manifestation contre l’occupation du pays par Hitler. Les leaders étudiants sont aussitôt exécutés, 1200 autres seront déportés. Suite à cet événement, sera lancée à Londres, dès 1941, une Journée internationale des étudiants. Celle-ci est toujours commémorée aujourd’hui, chaque 17 novembre, 83 ans après.
En 1989, il y a 33 ans, jour pour jour, donc encore un 17 novembre, et toujours à Prague, c’est un défilé d’étudiants à travers la ville qui est brutalement réprimé par la police. On compte 24 blessés graves. Le bruit ayant couru qu’un étudiant avait été tué, la population tout entière s’est soudain sentie concernée. Le 25 novembre, 700 000 personnes seront dans la rue (enclenchant la Révolution de velours). Le 29, ce sera la fin de la Tchécoslovaquie communiste. Le 17-Novembre est célébrée aujourd’hui comme le Jour de la lutte pour la liberté et la démocratie, fériée en Tchéquie (Den boje za svobodu a demokracii) et en Slovaquie (Deň boja za slobodu a demokraciu).
À nouveau un 17 novembre, mais cette fois à Athènes, on est en 1973, en pleine dictature. Les étudiants grecs en révolte depuis plusieurs mois contre le régime des colonels, avaient fini par se barricader dans l’École polytechnique d’Athènes pour échapper aux brimades de la police. Le 17 novembre, ce sont les chars qui ont l’assaut de l’école. Cela s’est soldé par des dizaines de morts, des milliers d’arrestations. La population a afflué aux abords de l’école… Cette fuite en avant du régime a abouti quelque mois plus tard à sa chute. Depuis le retour à la démocratie, en 1974, les écoliers grecs n’ont pas classe ce jour-là, en souvenir des victimes de la dictature. Depuis ce jour la police n’avait plus accès au périmètre de l’université, ce droit d’asile universitaire a existé jusqu’à sa suppression en 2019 par l’actuel gouvernement Mitsotakis.
Chaque 17-Novembre (17 Νοεμβρίου) est célébré officiellement à partir de 1982, quand la gauche est au pouvoir. La journée est aussi marquée à Athènes par des manifestations étudiantes plus ou moins violentes. Les discours de Kyriakos Mitsotakis, l’actuel premier ministre (droite), sur le retour à l’ordre n’a pas manqué, en effet, d’attiser régulièrement les tensions.
Il est vrai qu’en 2019, des hommes ont été arrêtés à Athènes, on les soupçonnait d’avoir préparé des attentats contre des ambassades. On se souvient qu’il a quelques décennies, un groupe terroriste marxiste grec, aujourd’hui disparu, se faisait appeler… « 17 novembre ». C’est ce groupe armé qui a assassiné, il y a 32 ans, Pavlos Bakoyiannis, le père du maire d’Athènes et donc, l’oncle du premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis. On peut comprendre qu’ils soient tous les deux aussi déterminés à mater l’esprit contestataire du quartier étudiant de la capitale grecque, repaire de l’ancien groupe armé.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 novembre 2022
6 décembre : rassemblement commémoratif de la gauche et de la jeunesse grecque
Chaque année, le quartier étudiant de l’Exarchia, à Athènes, se soulève en mémoire d'Alexis Grigoropoulos, un adolescent de 15 ans, tué par balle par un policier le 6 décembre 2008.
Chaque année depuis 2009, le quartier étudiant de l’Exarchia, à Athènes, se soulève en mémoire d'Alexis Grigoropoulos, tué par un policier le 6 décembre 2008. Après une brève altercation verbale entre Alexis et un policier, le garçon de 15 ans a été assassiné sur-le-champ par ce dernier qui lui tire trois balles, dont une en plein cœur. L'adolescent faisait partie d'un groupe de 30 jeunes qui lançaient des pierres contre un véhicule de police patrouillant dans ce quartier d’Exarchia. Le premier ministre de l’époque, Antonis Samaras (droite nationaliste) avait envoyé la police mater un quartier connu comme un haut lieu de la résistance à l’époque de la dictature militaire et qui a la réputation d’être un fief anarchiste dans la capitale grecque. La gauche au pouvoir n’a guère calmé ce quartier qui traditionnellement se soulève chaque 17 novembre et désormais chaque 6 décembre. C’est-à-dire, aujourd’hui à 17h.
Les manifestations ont repris de l’ampleur avec l’arrivée au pouvoir de Kyriakos Mitsotakis (droite) le 8 juillet 2019. Quelques jours plus tard, le 29 juillet, la peine d’Épaminondas Korkonéas, le meurtrier, condamné en première instance, en 2010, à la prison à vie (une première dans l’histoire de la Grèce où la police est généralement protégée par les tribunaux.) a été réduite à treize ans de prison. Ce revirement de la justice grecque a provoqué de nouvelles manifestations. Lors de la première audience de l'appel, qui avait commencé en décembre 2016, Korkonéas déclarait au tribunal qu'il était innocent, et qu’il ne comptait nullement s’excuser de son geste. Malgré cela, sa mise en liberté ne devrait pas tarder.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 décembre 2021
25 mars : les Grecs du monde entier célèbrent le bicentenaire leur révolution
D’Odessa à Ottawa, en passant par New York et Salonique, partout les Grecs célèbrent ce jour de 1821, où un évêque grec de Patras aurait levé l’étendard de la révolte contre l’occupation ottomane.
La Grèce fête les 200 ans du début de sa lutte pour l’indépendance. Cela aurait dû être une grande célébration internationale, l’épidémie de covid a tout remis en cause. Certains chefs d’État, comme le président Macron ont dû annuler leur venue. Comme chaque année, la fête nationale grecque (ελληνική εθνική εορτή) débute par une messe solennelle célébrée en l’église Saint-Deny l’Aréopagite, à Athènes, par le Primat de Grèce, à laquelle assiste toute la classe politique. Ensuite, le président de la République dépose une gerbe sur la tombe du soldat inconnu. Des membres de la communauté grecque de Paris font de même à l’Arc de triomphe. Il s’ensuit un défilé militaire dans les rues d’Athènes, qui débute par les evzones, mais se limitera aux troupes à pied, crise sanitaire et crise économique obligent. Cette année, comme l’année dernière, pas de défilé des étudiants au milieu de la foule. L'ambiance n'y est pas. Les Grecs sont invités à suivre la cérémonie devant leur téléviseur.
Triste bicentenaire qui aurait dû être une fête extraordinaire : cette année la traditionnelle Greek Parade sur la 5e avenue de New York est, elle aussi, annulée. D’Odessa à Ottawa, en passant par Salonique, partout pourtant les Grecs célèbrent ce jour de 1821, où un évêque grec de Patras aurait levé l’étendard de la révolte contre l’occupation ottomane. Ce geste n’était pas le premier et l’indépendance ne sera acquise que bien plus tard et elle sera toujours perçue comme incomplète, ne serait-ce qu’à cause de la situation de Chypre. Ainsi, comme au Mexique, préfère-t-on célébrer un premier cri d’indépendance, fut-il mythique que les débuts de l’État grec.
Quant à la date de la commémoration nationale, le 25 mars, elle n’a pas été choisie par hasard : les orthodoxes grecs célèbrent aujourd’hui l’une de leurs principales fêtes religieuse, l’Annonciation à Marie (ο Ευαγγελισμός της Μαρίας), notamment à Tinos.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 mars 2021