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30 octobre : la Mischief Night, nuit de chahut aux États-Unis

Ce soir dans le monde anglo-saxon, principalement aux États-Unis, c’est la Mischief Night (la nuit des méfaits), propice aux farces d’enfants et d’adolescents. Appelée aussi Devil’s Night (la nuit du diable), elle occasionne souvent des violents dérapages.

 

Ce soir dans le monde anglo-saxon, principalement aux États-Unis, c’est la Mischief Night (la nuit des méfaits), propice aux farces d’enfants et d’adolescents. Appelée aussi Devil’s Night (la nuit du diable), elle occasionne souvent des violents dérapages. Mais, le plus souvent, le chahut consiste à lancer des œufs sur les voitures ou de la farine sur les passants ou encore de décorer arbres et jardins avec du papier toilette… Les épiceries locales refusent souvent de vendre des œufs aux enfants et aux adolescents au moment d'Halloween pour cette raison. 

Aux États-Unis, la tradition de la Mischief Night est liée à Halloween, les journaux américains ont commencé à en parler dans les années 1930 et 1940. On dit que la coutume serait née de la Grande Dépression – le mardi noir (le 29 octobre 1929) ayant eu lieu juste avant Halloween – et que la menace de guerre aurait encouragé à la fois la tendance au vandalisme et le désir d'une tradition moins contrôlée que la fête du 31 octobre. C’est à Detroit, au début des années 1980, que les choses ont pris une tournure vraiment violente. En 1984, il y a eu plus de 800 incendies déclarés au cours des trois jours précédant Halloween et, en 1986, un couvre-feu a été imposé à toute personne de moins de 18 ans. À la fin des années 1980, la ville a commencé à recruter des bénévoles pour aider à prévenir les incendies d'Halloween. À la Nouvelle-Orléans, où la tradition carnavalesque est séculaire, on mélange également réjouissances et violence aveugle, les défilés Mischief Night font intervenir des chars et des costumes thématiques. Les participants s’adonnent volontiers au vandalisme et à des incendies ciblés. 

En Ontario, la soirée du 30 octobre est appelée Cabbage Night (Nuit de Chou) faisait référence à la coutume de piller les jardins locaux à la recherche des restes de choux pourris et de les jeter pour semer le désordre dans le quartier. Dans certaines régions des États-Unis, également communément connue sous le nom de Mat night (Nuit du chou). Au Québec, dans les quartiers anglophones, s’est développée une tradition de vol de paillassons lors de la Nuit du Diable.

Le Royaume-Uni, connaît une tradition semblable, mais généralement, le 4 novembre, veille du Guy Fawkes Day, même si le 30 octobre n’est pas oublié, notamment dans la région de Liverpool où la police est sur les dents, dans certains quartiers, ce jour-là. Au Pays de Galles, la nuit des méfaits est appelée Noson Ddrygioni et en Écosse, Oidhche nan Cleas.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 octobre 2024

 

Photo : Philip Schatz / Flickr

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30 octobre : en Russie, la mémoire refoulée du Goulag

Dans diverses villes de Russie, on commémore de manière officieuse les victimes du Goulag et de la répression à l’époque soviétique. Une cérémonie bien discrète au regard des 10 à 15 millions de morts. Mais l’heure est à la réhabilitation de Staline et à la célébration du dictateur Poutine qui fait emprisonner toute voix dissidente.

 

Ces dernières années, ils étaient quelques centaines, peut-être un millier, à se rassembler chaque 30 octobre autour d’une grosse pierre devant laquelle brûlent des dizaines de bougies. La roche a été rapportée des îles Solovki, là où les premiers camps de concentration soviétiques ont été établis dès les années 1920. Placée là par l’organisation Mémorial, elle sert à Moscou de monument commémoratif aux victimes de la répression politique que l’on célèbre officiellement en Russie. Nous sommes sur la place de la Loubianka à Moscou, le bâtiment qui abritait jadis le siège du KGB, et aujourd’hui celui de son principal successeur le FSB. Le 29 octobre, c’était la traditionnelle lecture publique des noms des victimes de la terreur politique soviétique.

Habituellement, un semblable attroupement a lieu au même moment à Saint-Pétersbourg devant une pierre de la même ori­gine. Cela dit, les commémorations demeuraient bien discrètes eu égard aux 10 à 15 millions de morts dans les camps du Goulag soviétique. La Russie de Poutine a eu de plus en plus de mal à regarder son passé en face et a procédé à un blanchiment complet de la figure de Staline.

En 2021, Poutine a fait interdire l’association Mémorial à l’origine des commémorations. La raison est que cette ONG russe continuait à affirmer qu’il y avait toujours, en 2021, des centaines de prisonniers politiques e Russie. Ils sont des milliers en 2022.

En 2022, il n’est plus question de commémoration officielle en Russie. L’association Mémorial, dissoute, a tout de même reçu le prix Nobel de la paix 2022.

Le 30 octobre 1974, dans son propre appartement Andreï Sakharov (et Sergueï Kovalev) organisaient la première conférence de presse annonçant que le 30 octobre serait désormais le « jour des détenus politiques en URSS ». Le même jour, dans les camps de Mordovie, de Perm et à la prison de Vladimir, des détenus politiques entament une grève de la faim. Les années suivantes des manifestations se déroulent à la même date. Le 30 octobre 1989, plus de 3000 personnes, tenant des cierges, font une chaine humaine autour du siège du KGB, sur la place de la Loubianka à Moscou. Ils sont dispersés par les troupes du ministère de l'Intérieur.

Finalement, en 1991, le le Soviet suprême fait inscrire le 30 octobre dans le calendrier des fêtes d'État comme Journée pour la mémoire des victimes des répressions politiques (День па́мяти жертв полити́ческих репре́ссий). Les cérémonies officielles sont souvent modestes, quoiqu’en 2017 (le 30 octobre), un imposant monument, dédié aux victimes des répressions politiques, a été inauguré par Poutine au croisement de la perspective Sakharov et de l’Anneau des jardins, dans le centre de la capitale russe. C’est le premier monument du pays dédié aux victimes du stalinisme. Tout à basculé dans le sens inverse en peu d’années, le régime de Poutine a récusé toute commémoration d’un passé qui est aujourd’hui totalement écrit. La propagande a si bien fonctionné que 70% des Russes ont une image positive de Staline, ils n’étaient que 40% en 2007.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29octobre 2022

Mise à jour 2024 : le 14 novembre, le Musée de l’histoire du goulag a été fermé (officiellement pour des questions de norme anti-incendie) et il y a peu de chance qu’il rouvre un jour prochain. Le 30 octobre 2024, il avait organisé une Journée de la répression politique en URSS. Des dizaines d’anonymes avaient lu les noms des victimes tuées pendant la terreur stalinienne. Ce musée avait reçu le prix du Musée, décerné par le Conseil de l’Europe. C’en était trop pour le régime de Poutine appliqué à réhabiliter l’URSS de Staline.

Le 3 décembre, on a annoncé le déplacement de la grosse pierre autour de laquelle brûlent des dizaines de bougies. Le projet est de l’installer le plus loin possible de la Loubianka afin d’effacer ce lieu de mémoire et de manifestation du 30-octobre.

 
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La roche rapportée des îles Solovki, devant l’immeuble de la Loubianka, telle qu’elle existait jusqu’en 2024.

Le 30 octobre 1989, à l'appel de Mémorial, plusieurs milliers de personnes avaient formé une chaîne humaine autour du bâtiment du KGB sur la place Dzerjinski (aujourd'hui Loubianka) à Moscou avec des bougies et des pancartes du type « Nous exigeons le procès des bourreaux du KGB ! ». Photo : Dmitri Borko

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30 octobre : l'anniversaire de la déclaration de la nation slovaque

Le 30 octobre (1918) est la date de la proclamation de la Déclaration dite de Martin. Dans ce document, les représentants du peuple slovaque, autoproclamés et qui étaient réunis dans la ville de Martin, ont entériné à leur tour la formation du nouvel État tchécoslovaque et ainsi marqué l’adhésion du peuple slovaque à celui-ci.

 

Longtemps le 28 octobre a été férié, en souvenir de la création de la Tchécoslovaquie en 1918. Il ne l’est plus depuis la partition du pays. Pour commémorer néanmoins l’officialisation d’une nation slovaque, en 1918, dans les décombres de l’empire Austro-hongrois, on ne pouvait pas reprendre la date du 28. Le choix s’est porté sur le 30 octobre, date de la proclamation de la Déclaration dite de Martin. Dans ce document, les représentants du peuple slovaque, autoproclamés et qui étaient réunis dans la ville de Martin, ont entériné à leur tour la formation du nouvel État tchécoslovaque et ainsi marqué l’adhésion du peuple slovaque à celui-ci.

Jusqu’en 1950, la petite localité se dénommait Turčiansky Svätý Martin. C’est déjà dans cette localité qu’un Mémorandum de la nation slovaque avait été rédigé en 1848 lors des semaines révolutionnaires qui ont cristallisé les nations. Dans le document signé le 30 octobre 1918, les représentants du peuple slovaque entérinaient la création de l’État tchécoslovaque, dans laquelle le général franco-slovaque Milan Rastislav Štefánik avait joué un rôle prépondérant.

En 2018, le 30 octobre a été déclaré férié. Néanmoins, le jour de la Déclaration de l’État slovaque (Výročie Deklarácie slovenského národa) ne sera plus les années suivantes, la Slovaquie étant déjà bien dotée en jours fériés — le record d’Europe —, mais cette date sera désormais marquée par des commémorations.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 octobre 2019

 
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