L’Almanach international

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Afrique du Sud, 30 novembre Bruno Teissier Afrique du Sud, 30 novembre Bruno Teissier

30 novembre : la journée Regina Mundi à Soweto

L’église catholique Regina Mundi de Soweto fut un refuge pendant la lutte contre l’apartheid. Nelson Mandela lui a dédié une journée de fête chaque 30 novembre.

 

Conçue par l'architecte Anthony Noel Errol Slaven, Regina Mundi est la plus grande église catholique d'Afrique du Sud, elle peut accueillir jusqu'à 5 000 personnes. Elle est située à Soweto, un quartier résidentiel urbain noir proche de Johannesburg.

Pendant les années de lutte contre l’apartheid, les réunions politiques étaient interdites dans la plupart des lieux publics, mais le gouvernement ne pouvait pas interdire la fréquentation de l'église. C'est pourquoi Regina Mundi est devenue le lieu où les gens pouvaient se rencontrer et discuter en toute sécurité.

Regina Mundi a aussi été le refuge des étudiants, qui avaient été attaqués lors du soulèvement de Soweto, le 16 juin 1976. De nombreux manifestants se sont réfugiés dans l'église. La police est entrée dans l'église et a commencé à tirer à balles réelles. Il y eut beaucoup de blessés, mais personne n'a été tué dans l’église.

C’est Nelson Mandela, en 1997 qui a déclaré le 30 novembre : Journée Regina Mundi (Regina Mundi Day). Ce n'est pas un jour férié, mais c'est une journée de mémoire importante pour le peuple sud-africain.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 novembre 2024

Les vitraux de l’église Regina Mundi de Soweto montrent des scènes de l'histoire de la libération du township et de l'Afrique du Sud. (photo Willem van Valkenburg)

 
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1947, Israël, juifs, 30 novembre Bruno Teissier 1947, Israël, juifs, 30 novembre Bruno Teissier

30 novembre : la Journée commémorative du départ et de l'expulsion des Juifs des pays arabes et d'Iran

En 1947, l’annonce du plan de partage de la Palestine accélérait l’exode des juifs séfarades et mizrahi des pays à majorité musulmane où ils vivaient. Au total ce sont quelque 850 000 juifs, peut-être un million, qui feront le choix de quitter leur pays ou qui en seront expulsés. Israël commémore chaque 30 novembre cet exode. Mais, compte tenu à ce qui est arrivé à Israël le 7 octobre dernier, l’ambiance actuelle invite plus à réfléchir à l’avenir d’Israël qu’à se pencher sur son passé.

 

Hier, l’ONU a marqué officiellement sa solidarité avec les Palestiniens comme chaque 29 novembre. Aujourd’hui, c’est Israël qui marque la Journée commémorative du départ et de l'expulsion des Juifs des pays arabes et d'Iran (יום זיכרון ליציאתם וגירושים של יהודים ממדינות ערב ומאיראן), une journée commémorative établis par la Knesset, le parlement israélien, en 2014.

La date choisie, outre qu’elle offre un contrepoint à la commémoration du 29 novembre, commémore les émeutes antijuives qui ont éclaté à Aden au Yémen au lendemain même du vote de l’ONU sur la partition de la Palestine mandataire, soit le 30 novembre 1947. Ces pogroms avaient provoqué la mort de 82 personnes et l’incendie du quartier juif de la ville. Ils ont surtout entraîné le départ de la presque totalité des juifs du Yémen, c’est-à-dire d’un pays où ils vivaient depuis 3000 ans. Le pays avait même connu un royaume juif yéménite bien avant que l’islam ne surgisse dans la péninsule arabique.

Au total ce sont quelque 850 000 juifs séfarades et mizrahi qui ont quitté les pays à majorité musulmane où ils vivaient, le plus souvent en y laissant tous leurs biens. Selon les cas, ils ont choisi de partir ou en ont été expulsés. D’ailleurs, les tensions n’ont pas débuté en 1947. L’Irak par exemple avait connu des émeutes à Bagdad, les 1er et 2 juin 1941, qui ont entraîné en dix ans le départ du pays de presque tous les 135 000 juifs qui y vivaient jusque-là.

Pour ceux qui ont choisi Israël pour destination, leur installation ne fut pas des plus confortables car ils n’étaient pas attendus. Les autorités ne se sont intéressées que très tardivement à leur situation. Cette journée commémorative du 30 novembre ne date que d’une loi de 2014 et le monument qui cultive la mémoire de leur sort n’a été inauguré qu’en 2021. Il se trouve à Jérusalem sur la promenade Hass.

En Israël, la plupart des jours fériés et des jours commémoratifs sont célébrés selon le calendrier hébraïque, mais celui-ci est rythmé par le calendrier grégorien. Toutefois, si le 30 novembre tombe un vendredi ou un samedi, la journée commémorative est reportée au jeudi qui le précède. Mais, compte tenu à ce qui est arrivé à Israël le 7 octobre dernier, l’ambiance actuelle invite plus à réfléchir à l’avenir d’Israël qu’à se pencher sur son passé. Sa connaissance n’est pourtant pas inutile pour éviter de renouveler les erreurs tragiques.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 novembre 2023

 

Juifs yéménites près d’Aden en route pour Israël, 1949 (photo Zoltan Kluger, National Photograph Collection, Government Press Office of Israel)

Le mémorial de Jérusalem situé près de la promenade Sherover. On le doit à une initiative de la Jewish American Society for Historic Preservation. Ce Mémorial créé par le sculpteur de Jérusalem Sam Philipe s’inspire de la photo de Zoltan Kluger.

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1863, Philippines, 30 novembre, héros national Bruno Teissier 1863, Philippines, 30 novembre, héros national Bruno Teissier

30 novembre : la fête de Bonifacio, héros national philippin

Ce jour est férié aux Philippines en hommage à Andres Bonifacio, le père de la Révolution philippine contre les Espagnols. Comme ses prédécesseurs, c’est le président Marcos qui préside à la cérémonie nationale de ce 159e anniversaire de la naissance du héros. Mais, ce jour est aussi l’occasion de violentes manifestations anti gouvernementales.

 

Ce jour est férié aux Philippines depuis plus d’un siècle. Comme ses prédécesseurs, le président Ferdinand Marcos, dit Bongbong, préside la cérémonie nationale du 159e anniversaire de la naissance d’Andres Bonifacio au sanctuaire national du héros dans la ville historique de Caloocan.

Andres Bonifacio est né le 30 novembre 1863. Trois décennies plus tard, il a pris la tête de la révolution philippine contre les Espagnols qui dominaient l’archipel philippin depuis le XVIe siècle. En 1892, c’est lui qui fonde le célèbre Katipunan (ou le « Kataas-taasang, Kagalang-galangang Katipunan ng mga Anak ng Bayan »), une société secrète qui s'est transformée en un mouvement armé s’attaquant aux coloniaux espagnols. Bonifacio s’est imposé comme général de cette armée révolutionnaire de Katipunan. Cependant, un conflit interne à l’organisation l’a vivement opposé à un autre militant, Emilio Aguinaldo qui a fini par prendre le dessus. Après le renversement des Espagnols dont la puissance était déclinante, la convention de Tejeros a organisé un vote pour désigner celui qui sera le premier président des Philippines. À nouveau, c’est Aguinaldo qui a gagné face à Bonifacio, arrivé deuxième. Ce dernier a rejeté le résultat, évoquant une élection truquée, et a pris la tête d’une armée de rebelles qui a mis en place un gouvernement révolutionnaire. Si bien que Aguinaldo a fait arrêter Bonifacio, l’a fait jugé et exécuté le 10 mai 1897. Aguinaldo fera ensuite une carrière politique alambiquée, s’opposant puis collaborant avec les Américains qui imposent leur tutelle sur les Philippines, puis travaillant avec les occupants japonais… Avec le recul, c’est Andres Bonifacio, mort en martyr, qui restera dans la mémoire des Philippins. S’il est Honoré le jour anniversaire de sa naissance, le 30 novembre, et non celui de sa mort comme José Rizal, c’est qu’il a été mis à mort par ses compatriotes.

Dès 1901, ses partisans célébraient un Bonifacio Day qui deviendra officiel en 1921. Le président philippin dirige aujourd’hui les cérémonies de lever du drapeau et de dépôt de gerbe au "Monumento" qui revisitera et honorera le passé et Bonifacio, le plus prolétaire de tous les héros philippins.

La célébration de cette année 2022, dirigée par la Commission historique nationale des Philippines (NHCP), a pour slogan : Kabayanihan at Pagtindig sa Makabagong Panahon (Courage et réputation à l'ère moderne).

Les pouvoirs locaux organisent également des rites commémoratifs chaque 30 novembre au sanctuaire Andres Bonifacio à Tutuban, Manille ; au sanctuaire Spirit of Pinaglabanan à San Juan City ; au monument Bonifacio à Bonifacio Global City à Taguig City ; au monument Bonifacio à Cloverleaf, Quezon City et au Musée du procès à Maragondon, Cavite.

La célébration de la fête de Bonifacio l'année dernière avait permis la visite du réservoir souterrain d'El Deposito récemment restauré et la nouvelle exposition de diorama au Museo ng Katipunan à San Juan City, qui présente la bataille historique de San Juan del Monte.

Le « père de la révolution philippine » est toujours très présent dans le discours historiographique officiel. Mais Andres Bonifacio est aussi un leader révolutionnaire dont la figure est aussi brandie pour toute sorte de manifestations politiques anti gouvernementales. Certaines sont justement programmées le 30 novembre pour leur donner plus d’écho. Les plus grands rassemblements ont lieu dans la région métropolitaine de Manille. Par exemple, l’Alliance of Concerned Teachers organise, ce 30 novembre, un rassemblement à Liwasang Bonifacio pour demander une augmentation des salaires. Des manifestations sont également programmées dans la région de Mendiola, au palais de Malacanang, à la Plaza Miranda et à l'université des Philippines Diliman.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 novembre 2022

 

Le leader révolutionnaire symbole des manifestations

Cérémonie locale en 2018

KKK : Kataas-taasang, Kagalang-galangang Katipunan ng mga Anak ng Bayan

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Royaume-Uni, Écosse, 30 novembre, vie de saint Bruno Teissier Royaume-Uni, Écosse, 30 novembre, vie de saint Bruno Teissier

30 novembre : les Écossais fêtent leur saint patron

La Saint Andrew (André) est un peu la fête nationale écossaise. Cette journée, fériée depuis 2007, marquée par des fêtes de toutes sortes et des concerts (où la cornemuse est reine), donne aussi le coup d’envoi des marchés de Noël.

 

Bien moins connue que la Saint-Patrick des Irlandais, la Saint-André (St Andrew's Day) est un peu la fête nationale écossaise (en concurrence avec le Burn’s supper du 25 janvier) comme le St George’s Day pour les Anglais. Cette journée n’est fériée que depuis 2007 seulement. Elle est marquée par des fêtes de toutes sortes, ainsi que des concerts où la cornemuse est reine. Le 30 novembre donne aussi le coup d’envoi des marchés de Noël.

Cette année, en raison de la covid-19, la fête se déroule entre Écossais car une quarantaine de 14 jours est imposée à tous voyageurs provenant de nombreux pays dont la France, la Belgique, la Suisse, l’Allemagne…

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La saltire ou croix de Saint-André passe pour être l’un des plus vieux drapeaux au monde. C’est l’emblème de l’Écosse. Elle est figurée en blanc sur le drapeau du pays. L’indépendance de l’Écosse modifierait considérablement la physionomie du drapeau du Royaume-Uni. On retrouve aussi la croix du martyre et apôtre sur le drapeau basque (en vert), ainsi que sur la bannière de la marine royale belge.

En Écosse, sur le littoral de la Mer du Nord, une ville porte le nom de St Andrews. Son université est la troisième la plus ancienne du monde anglophone après celles d’Oxford et celle de Cambridge. Elle est aussi le berceau du golf, avec les parcours parmi les plus réputés au monde. Ils accueillent le prestigieux Open britannique (The open Championship), le plus ancien tournoi de golf du monde qui se dispute au mois de juillet. Dans cette ville, Le jour de la Saint-Andrew, six incroyables chefs régionaux se réunissent pour vous proposer un dîner exceptionnel.

André et son frère Simon étaient des pêcheurs en Galilée. Ils ont rencontré Jésus et sont devenus ses premiers disciples. André sera martyrisé pour ses croyances, il aurait refusé une croix en forme de T, se jugeant indigne d'être crucifié de la même manière que Jésus-Christ. Ainsi, il a été cloué sur une croix en forme de X le 30 novembre 60 après JC en Grèce, et ainsi la croix diagonale du sautoir a été adoptée comme symbole de saint André.

Rule, un moine grec, gardien des reliques d'André à Patras, a été invité dans une vision à cacher certaines des reliques jusqu'à instruction supplémentaire. Justement, quelques jours plus tard, l'empereur Constantin faisait enlever les parties restantes du corps d'André pour les faire transporter à Constantinople. La légende raconte que l’ange est de nouveau apparu et a dit à Rule de prendre les os qu'il avait cachés et de partir vers l'ouest en bateau. Là où il échouerait, il devrait jeter les fondations d'une église. Finalement, une tempête a conduit saint Rule sur le promontoire de Muckross à Fife, dans le petit village de Kilrymont, qui a ensuite été nommé St Andrews. D’où le rapport entre un pêcheur du lac de Galilée, devenu apôtre, et la lointaine terre d’Écosse qui arbore aujourd’hui la croix de saint André. Désormais, chaque 30 novembre, elle glorifie sa culture largement d’origine païenne, beaucoup plus que le saint lui-même.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 novembre 2020

 
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