L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
22 avril : la Journée mondiale de la Terre nourricière
Institué par des Américains, Earth Day a été officialisé par l’ONU. Faut-il y voir l’occasion d’une prise de conscience mondiale ou une simple opération américaine de greenwashing ?
Aux États-Unis, des centaines de marches, de piquets de grève et d'événements de nettoyage ont lieu à travers tout le pays à l'occasion de la Journée de la Terre (Earth Day). Ce mardi, des mouvements de défense de l’environnement et du climat intensifient leur résistance à l'autoritarisme de l'administration Trump et à sa « guerre contre la planète ». Des associations pro-démocratie s’associent à eux pour une vague d'actions visant à exiger le droit à une vie libre et saine. Pas sûr que le président Trump et sa poignée de courtisans les entendent.
Cette Journée de la Terre est avant tout nord-américaine mais elle commence à mobiliser en France comme dans d’autres pays. Lancée en 1970 par Gaylord Nelson, un sénateur américain réagissant à une marée noire qui dévasta la Californie en 1969, la journée a été officialisée par l’ONU en 2009 sous le nom de Journée internationale de la Terre nourricière, une journée consacrée à la protection de l'environnement qui a pour le moment un impact limité.
À l’origine, la date ne signifiait rien. Elle a été choisie pour mobiliser le plus d’étudiants nord-américains possible, elle tombe hors vacances et hors période d’examen. Les mauvaises langues ont toutefois fait remarquer qu’elle correspondait à la date de naissance de Lénine, une manière de dénoncer les premiers défenseurs de l’environnement comme de dangereux étatistes, terme très péjoratif aux États-Unis. Au moins peut-on dire que cette journée célébrée chaque année dans beaucoup de pays, est à l’origine des mouvements environnementalistes tels que nous les connaissons aujourd’hui. Elle fait écho à la Journée mondiale de l’environnement (5 juin). Ses détracteurs y voient avant tout une simple opération américaine de greenwashing, ni plus ni moins qu’une mascarade écologique.
Cette journée marque aussi l’anniversaire de la signature de l’Accord de Paris. Le 22 avril 2016, au siège des Nations Unies à New York, l’Accord de Paris sur le climat, adopté à la COP21, était signé par 175 Parties (soit 174 pays et l’Union européenne), ce qui lui a permis d’entrer en vigueur le 4 novembre 2016. Un accord dont les États-Unis se sont retirés le 20 janvier 2025, jour d’entrée en fonction de Donald Trump, un président qui est à la tête du premier État pollueur de la planète. Le 22-Avril est cette année plutôt morose.
Ne pas la confondre avec la Journée de la terre (sans majuscule) des Palestiniens célébrée chaque 30 mars.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 avril 2025
Un timbre-poste tunisien de 1965 transmettant déjà le message “une seule Terre” (une œuvre de Hédi Selmi )
22 avril : la mémoire de la Shoah en Serbie et de toutes les victimes du régime des oustachis
Le Jour du souvenir de l'Holocauste en Serbie commémore la tentative d'évasion du camp de concentration de Jasenovac, le 22 avril 1945. Cette journée est aussi l’occasion de se souvenir de toutes les victimes du régime des oustachis croates.
La Journée internationale du souvenir de l'Holocauste (ou Shoah) est célébrée le 27 janvier, mais certains pays ont une date qui leur est propre comme la Serbie où le Jour du souvenir de l'Holocauste en Serbie est observé le 22 avril.
Le nom complet de cette célébration est « Jour de mémoire pour les victimes de l'Holocauste, du génocide et des autres victimes du fascisme pendant la Seconde Guerre mondiale » (Дан сећања на жртве холокауста, геноцида и других жртава фашизма у Другом светском рату). Elle est dédiée à la mémoire des Serbes, des Roms et des Juifs qui ont été victimes de crimes contre l'humanité dans l'État indépendant de Croatie (un État fantoche de la Seconde Guerre mondiale en Allemagne ) et dans la Yougoslavie occupée par les nazis.
La date du 22 avril a été choisie car elle commémore la tentative d'évasion du camp de concentration de Jasenovac, tenu par les oustachis (fascistes croates). Le 22 avril 1945, plus de 1 000 prisonniers se révoltèrent et tentèrent de s'évader. La plupart ont été tués et moins d’une centaine a réussi à s'échapper. Le lendemain, des unités partisanes (résistants) se sont approchées du camp et la libération de Jasenovac a commencé. Mais ils n’ont pu entrer dans le camp qu'au début du mois de mai 1945.
Le terrible bilan de la Shoah en Serbie est d’environ 14 500 juifs assassinés, soit plus de 90 % de la population juive totale. Des milliers de Roms et de Serbes ont également été tués. Le 22 avril, de nombreuses cérémonies commémoratives sont organisées dans tout le pays pour honorer la mémoire des victimes du régime nazi et de leurs complices oustachis.
À Paris, l'association française "Enfants de Jasenovac", a organisé, pour la seconde fois, une commémoration qui s’est tenue samedi 20 avril 2024, place de Colombie, à 11 heures.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 avril 2024
22 avril : la mémoire d'un adolescent noir victime d’un crime raciste à Londres
La Journée Stephen Lawrence a été instituée en 2018 par la Première ministre Teresa May à l’occasion du 25e anniversaire du crime raciste qui a bouleversé le Royaume uni le 22 avril 1993.Cette affaire emblématique avait permis de faire évoluer le droit et les mentalités au Royaume-Uni.
La Journée Stephen Lawrence a été instituée en 2018 par la Première ministre Teresa May à l’occasion du 25e anniversaire du crime raciste qui a bouleversé le Royaume uni le 22 avril 1993.
Le soir du 22 avril 1993, le jeune Stephen Lawrence s’approchait d’un arrêt de bus pour rentrer chez lui. Alors qu'il marchait dans la rue pour voir si le bus arrivait, un groupe de jeunes blancs a entouré Lawrence et l'a poignardé avec un couteau à la clavicule droite et à l'épaule gauche. Les blessures ont sectionné les artères axillaires et pénétré dans un poumon. L’adolescent est mort dans l’ambulance qui le conduisait à l’hôpital. Lawrence a tenté de s'enfuir, mais il n'a réussi qu'à courir 130 mètres avant de s'effondrer. Stephen Lawrence était né en 1974 dans une famille d'immigrants jamaïcains arrivés au Royaume-Uni dans les années 1960.
Les agresseurs, membres d’un gang local coutumier des attaques à caractère racistes, ont été identifiés par les témoins et des témoignages d’habitants du quartier. Les suspects ont été arrêtés, mais toutes les charges ont finalement été abandonnées faute de preuves suffisantes. En avril 1994, la famille de Lawrence a engagé une poursuite privée . Comme la famille n'avait pas droit à l'aide juridictionnelle, ils ont dû créer un fonds de combat pour payer l'enquête, et leurs avocats ont travaillé bénévolement . Les charges retenues contre Norris et Jamie Acourt ont été abandonnées avant le procès et les trois autres suspects ont été acquittés par un jury en avril 1996. En juillet 1998 la famille Lawrence demande la démission du chef de la Met (Metropolitan Police Service), Sir Paul Condon. Celui-ci présente des excuses publiques en octobre 1998 et admet que des erreurs ont été commises. Un rapport est publié en février 1999. Il conclut que la force policière est « institutionnellement raciste » et propose des recommandations destinées à améliorer l'attitude de la police concernant le racisme, ainsi que des propositions de changements dans la loi pour renforcer le Race Relations Act.
Il a fallu attendre 2006, pour que l’enquête soit reprise sérieusement. Quatre ans plus tard, Norris et Dobson ont été arrêtés. En 2012, ils ont été finalement reconnus coupables et condamnés à une peine d'emprisonnement à perpétuité.
Ce fait divers emblématique a été commémoré dès 1994, ce n’est qu’en 2018 que le gouvernement conservateur de Teresa May a décidé d’en faire une journée du souvenir marquée chaque 22 avril, le Stephen Lawrence Day. Une fondation entretient la mémoire de l’adolescent. L’affaire Stephen Lawrence a amené de profonds changements culturels dans l'attitude vis-à-vis du racisme au Royaume-uni, notamment dans les forces de police, et des modifications importantes de la législation et des pratiques policières.
Une plaque a été posée à l'endroit où est mort Lawrence, sur le trottoir face au n° 320 dans Well Hall Road. Elle a été vandalisée à plusieurs reprises. Le Royal Institute of British Architects a institué en 1998 le prix Stephen Lawrence, un prix annuel d'architecture à la mémoire du jeune homme qui étudiait pour devenir architecte.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 avril 2023