L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
9 janvier : la Journée de la souveraineté nationale au Panama
L’émotion est grande au Panama, Donald Trump a affirmé vouloir reprendre le contrôle du canal qui traverse le pays. Le 9 janvier est un jour de deuil au Panama pour commémorer les victimes des émeutes qui avaient abouti à la restitution de la zone du canal aux Panaméens.
L’émotion est grande au Panama, Donald Trump a affirmé à plusieurs reprises vouloir reprendre le contrôle du canal qui traverse le pays et que le président Jimmy Carter avait restitué aux Panaméens après une décennie de crise que l’on commémore chaque 9 janvier.
Le 9 janvier est en effet un jour de deuil au Panama, pendant toute la journée, il est interdit de boire de l’alcool et d’organiser des fêtes ou des spectacles publics. C’est un jour férié et chômé au niveau national pour commémorer la mort de 21 étudiants et d’un bébé panaméens tués le 9 janvier 1964 lors des émeutes au cours desquelles les Panaméens revendiquaient la souveraineté sur le canal de Panama. Cette journée est connue comme la Journée des Martyrs (Día de los Mártires) ou la Journée de la souveraineté nationale (Día de la Soberanía Nacional).
À l’époque le pays était divisé en deux espaces car les Américains occupaient la zone du canal de Panama qu’ils s’étaient attribués à perpétuité depuis le début du siècle. Des milliers d'Américains et leurs familles vivaient dans cette zone selon leurs propres lois et coutumes tout en travaillant pour le canal ouvert en 1914. Les États-uniens y avaient aussi installé une importante base militaire. Les Zonians, comme on les appelait, n’avaient pratiquement aucun contact avec le reste du pays et sa population. Laquelle ne pouvait accéder à la zone du canal sans une autorisation spéciale.
Face aux protestations récurrentes des Panaméens, Washington avait fini par faire des concessions symboliques, comme la présence conjointe des deux drapeaux américain et panaméen sur les bâtiments officiels de la zone du canal à partir du 1er janvier 1964. Mais les Zonites ignorèrent l'accord et refusèrent de hisser le drapeau panaméen. Ce fut notamment le cas des élèves américains du lycée Balboa. Après négociation avec la police, il a été convenu qu'un groupe de six étudiants panaméens s'approcherait du mât du drapeau pour hisser leur drapeau et chanter l'hymne panaméen. Les Zonites tentèrent de les empêcher. Ils ont encerclé les étudiants et une bagarre a éclaté, au cours de laquelle le drapeau panaméen a été déchiré en plusieurs morceaux. Quand cela s’est su dans le reste du pays, des milliers de manifestants ont afflué dans la zone du canal. La police, débordée, a été contrainte de demander l'aide de l'armée américaine, qui a décidé de tirer et d'utiliser des gaz lacrymogènes contre les manifestants. 21 étudiants panaméens et 4 membres des forces américains ont perdu la vie au cours des trois jours d’émeute.
Ces événements ont mis en lumière la situation coloniale que subissait le Panama de la part d’un État toujours prompt à dénoncer le colonialisme des Européens. Il faudra malgré tout attendre de nombres années pour que la situation évolue. En 1977, le traité Torrijos-Carter établit la neutralité du canal et la double administration panamo-américaine sur les lieux. Puis, le 31 décembre 1999, les États-Unis ont finalement rendu canal au Panama.
Comme chaque année, le Président Laurentino Cortizo, accompagné de membres du Cabinet, dépose une couronne de fleurs devant le Monument aux Martyrs du Centre de Formation Ascanio Arosemena du Canal de Panama, où se trouve également la « Flamme éternelle », à la mémoire des 21 martyrs qui ont offert leur vie. la lutte pour la souveraineté nationale. Il s’agit de l’ancien lycée Balboa qui porte aujourd’hui le nom d’un étudiant de 20 ans tué d’une balle dans le dos le 9 janvier 1964.
De leur côté, divers mouvements populaires et syndicats panaméens manifestent au parc Santa Ana de la capitale pour rendre hommage aux martyrs mais surtout pour dénoncer le poids de l’influence américaine sur le mouvement actuel de leur pays.
Le prétexte avancé par Donald Trump pour en recoloniser la zone du canal est d’écarter la menace chinoise sur une voie où transite environ 5% du trafic commercial mondial. En réalité, le futur président américain veut avant tout alléger le coût du transport d’une côte à l’autre des États-Unis. Il critique régulièrement le tarif de la traversée l’isthme panaméen par ce canal dont Washington a perdu le contrôle il y a 25 ans.
Ce dimanche, le président du Panama, José Raúl Mulino, a ferment réagit : « Le canal n’est contrôlé, directement ou indirectement, ni par la Chine, ni par la Communauté européenne, ni par les États-Unis, ni par une tout autre puissance. En tant que Panaméen, je rejette fermement toute expression qui déforme cette réalité » Mulino a insisté en affirmant que « chaque mètre carré du canal de Panama et de ses zones adjacentes appartient au Panama et continuera à lui appartenir. (…) La souveraineté et l’indépendance de notre pays ne sont pas négociables ».
Le Panama a un autre jour férié relatif à une autre intervention américaine sur son territoire, le 20 décembre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 janvier 2025
La jeunesse états-unienne attend de pied ferme les étudiants panaméens. Une réaction empreinte de racisme et d’un évident esprit colonial.
L’arrivée du drapeau dans la zone du canal conformément à l’accord.
Différents mouvements politiques panaméens prennent part aux commémorations.
24 novembre : des fleurs sur la tombe de Barbara
Chaque 24 novembre, jour anniversaire de la mort de la chanteuse Barbara, en 1997, la ville allemande de Göttingen fait fleurir sa tombe. Est-ce juste à cause du titre d’une chanson ?
Chaque 24 novembre, jour anniversaire de la mort de la chanteuse Barbara, en 1997, la ville allemande de Göttingen fait fleurir sa tombe. Est-ce juste à cause du titre d’une chanson ? En juillet 1964, Barbara est invitée par le directeur du Jungen Theater de Göttingen, une petite ville de Basse-Saxe. Elle refuse d’abord, puis se laisse convaincre à aller chanter en Allemagne. La jeune femme d’origine juive a échappé à la déportation en vivant cachée pendant l’occupation allemande. La guerre s’est terminée il y a moins de vingt ans. Ce qui la fait changer d’avis c’est qu’on lui dit qu’elle a beaucoup de fans parmi les étudiants cette ville universitaire. Beaucoup n’ont même pas vingt ans. Le récital a failli ne pas avoir lieu parce que Barbara avait exigé un piano à queue, elle refuse le piano droit qu’on lui présente. Mais finalement quelques étudiants costauds finissent par leur ramener celui d’une vieille dame. La soirée connaît un tel succès que le directeur du théâtre prolonge son contrat de huit jours. Barbara tombe amoureuse de la ville et de ses « enfants blonds ». Après avoir griffonné les premières paroles de Göttingen, elle interprète cette nouvelle chanson le dernier soir, devant un public conquis. « Bien sûr, ce n’est pas la Seine. Ce n’est pas le bois de Vincennes. Mais c’est bien joli tout de même à Göttingen.» " Cet hymne célébrant l’amitié franco-allemande est resté une chanson culte. « Et tant pis pour ceux qui s’étonnent. Et que les autres me pardonnent. Mais les enfants, ce sont les mêmes. À Paris ou à Göttingen.» Barbara a fait ensuite une version allemande de cette ode à la réconciliation franco-allemande.
La France et l’Allemagne ont scellé leur réconciliation un peu plus d’un an plus tôt, le 22 janvier 1963. La visite de Barbara à Göttingen, suivie de plusieurs autres, et sa chanson sont de ces petits gestes qui rapprochent les peuples.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 novembre 2024
Barbara en 1965 (photo Ron Kroon)
24 octobre : la Zambie célèbre son indépendance
La Zambie célèbre l’anniversaire de sa déclaration d'indépendance à l’égard de la Grande-Bretagne il y a 60 ans. En 1964, les Anglais occupaient le pays, connu sous le nom de Rhodésie du Nord, depuis plus de 80 ans.
La Zambie célèbre l’anniversaire de sa déclaration d'indépendance à l’égard de la Grande-Bretagne en 1964. Les Anglais occupaient le pays, connu sous le nom de Rhodésie du Nord, depuis plus de 80 ans.
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, face à la poussée des mouvements anti-coloniaux. le Royaume-Uni a décidé de créer une Fédération de Rhodésie et du Nyassaland, composée de la Rhodésie du Nord, de la Rhodésie du Sud (aujourd'hui Zimbabwe) et du Nyassaland (aujourd'hui Malawi), et de lui donner un statut semi-autonome. Les habitants de la Rhodésie du Nord s'opposèrent à cette décision et déclenchèrent une série de grèves générales en 1960-1961. En octobre et décembre 1962, la Rhodésie du Nord a organisé des élections pour son conseil législatif. Celui-ci a adopté les résolutions appelant à la sécession du pays de la fédération et exigeant une pleine autonomie interne en vertu d'une nouvelle constitution. Finalement, la fédération a été dissoute en 1964. La Rhodésie du Nord a élu son premier président Kenneth Kaunda, qui a pris ses fonctions le 24 octobre 1964 et a rebaptisé le pays République de Zambie. C’est cette date est célébrée en Zambie comme le Jour de l'Indépendance (Zambian Independence Day), qui est l'un des jours fériés de la république.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 octobre 2021
31 mars : des marches du silence en souvenir des victimes de la dictature brésilienne de 1964
Il y a 60 ans l’armée prenait le pouvoir au Brésil pour instaurer une dictature qui dura deux décennies et fit sa cohorte de victimes auxquelles de nombreux Brésiliens entendent rendre hommage, en dépit du renoncement du président Lula à toute commémoration, de crainte d’une réaction des nostalgiques de la dictature.
« Sans mémoire, il n’y a pas d’avenir », c’était le mot d’ordre de la campagne de sensibilisation, dans le cadre du 60e anniversaire du putsch qui a instauré une terrible dictature au Brésil. À la demande du président Lula, tout a été annulé. Mais, la société civile a pris le relais de l’hommage aux victimes du pouvoir militaire.
Ce week-end, le Brésil marque le 60e anniversaire du coup d'État militaire du 31 mars/ 1er avril 1964 qui a renversé le président João Goulart, élu démocratiquement en 1961. La dictature militaire d’extrême droite durera 21 ans. Ce régime autoritaire est à l’origine de la mort de plusieurs centaines d’opposants politiques et de milliers d’Amérindiens, déplacés de force. Des dizaines de milliers de personnes ont été détenues, une grande partie d'entre elles a été torturée. Quelque 10 000 Brésiliens ont été forcés de s'exiler…
Les militaires ont lâché le pouvoir en 1985, sans aucune épuration dans leurs rangs. La loi d’amnistie de 1978 qui les protège de toute poursuite n’a jamais été abolie. Une partie d’entre eux, en particulier les haut gradés qui ont commencé leur carrière sous la dictature, restent nostalgiques de cette époque où ils avaient tout pouvoir. Dans les milieux proches de l’ancien président Bolsonaro (lui-même ancien officier), le putsch du 31 mars est désigné comme la « révolution de 1964 ». Comme en Argentine ou au Chili, dans les milieux conservateurs, prévaut l’idée que le pays aurait été sauvé du péril communiste.
Est-ce la peur d’un nouveau coup d’État militaire qui a incité le président Lula à interdire à son gouvernement toute commémoration ? Il a aussi renoncé au projet de musée de la mémoire et des droits de l’homme, centré sur la dictature, il n’a pas rétabli la Commission spéciale pour les morts et disparus politique que Jair Bolsonaro avait, bien sûr, supprimée. Lula a-t-il été traumatisé par la tentative de coup d’État de janvier 2023, quand des milliers de militants d’extrême droite, acquis à la cause de Bolsonao, sont venus s’agacer les institutions de Brasilia ?
Pas de commémoration gouvernementale, mais des marches dans tout le pays à la mémoire des victimes.
Ce 31 mars, à São Paulo, se déroule la quatrième édition de la Marche du Silence (Caminhada do Silêncio). Elle commence à 16 heures, devant l'ancien siège du DOI-Codi (un centre de torture dépendant de l’armée), transformé en commissariat de police, au sud de São Paulo. Les manifestants se rendent ensuite au Monument en hommage aux morts et disparus politiques, dans le parc d'Ibirapuera. Le lieu où les membres des familles des victimes de la dictature allument des bougies, déposent des fleurs et récitent des prières à ceux qui ont été assassinés par les forces publiques. Le thème de cette année est « Pour que tu n'oublies pas / Pour que ça ne continue plus » (“Para que você não esqueça / Para que não continue mais”).
Ce même jour, une marche quitte Rio de Janeiro en direction de Juiz de Fora, vers Minas Gerais. C’est la Marche pour la démocratie (marcha pela democracia) ou la « marche inversée » ou , car, il entreprend le parcours en sens inverse des troupes dirigées par le général Olympio Mourão Filho, commandant de la 4e région militaire, qui avaient quitté le Minas Gerais pour se diriger vers Rio, pour renverser le régime constitutionnel. Ce 31 mars 2024, les caravanes quittent Cinelândia, au centre de Rio, pour aller à la rencontre de la famille de l'ancien président, João Goulart, mort en 1976, en exil, sans avoir revu le Brésil. Cette marche fera un arrêt symbolique à Petrópolis, où se trouvait la « Casa da Morte » (un centre clandestin de torture et d'assassinat). Un autre centre de torture existait à Parelheiros, dans le sud de São Paulo, il est appelé aujourd’hui, la ferme du 31 mars (Fazenda 31 de Março).
À Salvador de Bahia, la marche du silence aura lieu dimanche 1er avril, elle partira à 17 heures, de Piedade à Campo da Pólvora, où se trouve le Monument aux Bahiens morts et disparus sous la dictature.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 mars 2024
31 mars : À São Paulo, une marche du silence en mémoire des victimes de la dictature militaire brésilienne
La Caminhada do Silêncio commémore les victimes de la junte brésilienne issue du coup d’État du 31 mars 1964.
Une première marche avait réuni 10 000 personnes en 2019 pour réagir contre la célébration du coup d’État du 31 mars 1964 par Jair Bolsonaro. Les deux années suivantes l’épidémie de covid, terrible au Brésil, avait empêché la commémoration. Cette année, 2022, une nouvelle édition de la Caminhada do Silêncio, conduira à un rassemblement au parc d'Ibirapuera, dans le sud de São Paulo. C'est une manifestation de plusieurs entités, à la date qui fait référence au coup d'État de 1964, pour la démocratie et la mémoire, pour les victimes de la violence d'État, dans le passé et dans le présent : victimes de la dictature, population noire, peuples autochtones, LGTBI+ communauté, touchée par covid . Et contre les risques de déboires institutionnels, qui semblaient plus présents ces dernières années, sous le gouvernement actuel.
Le rassemblement commencera à 17h30 sur la Praça da Paz, avec un accès par les portes 7/8 du parc d'Ibirapuera. La marche partira à 19h en direction du Monument aux morts et disparus politiques (porte 10). Les responsables conseillent le port d’un masque. Comme son nom l'indique, il n'y aura pas de discours. Les manifestants apporteront des photos, des bougies et des fleurs.
La Caminhada do Silêncio est organisée, notamment par l’Institut Vladimir Herzog (du nom d’un opposant torturé et assassiné) et le Núcleo Memória, avec le soutien de la ville de São Paulo. Ainsi, plusieurs organisations « attirent l'attention de la société sur les violences commises par l'État pendant et après la dictature ». L'initiative met également en lumière les luttes et les populations rendues invisibles à cette époque - telles que les populations noires, les peuples autochtones, les LGBTQIA+ - qui souffrent à ce jour des conséquences du maintien et de la montée de projets politiques contraires aux principes démocratiques et droits de l'homme », disent l'IVH et le Núcleo Memória. « L'assaut de l'État par l'extrême droite et sa « nécropolitique » responsable de plus de 650 000 morts par covid-19, le recul des politiques publiques de préservation de l'environnement et des peuples autochtones, le retour du pays sur la carte de la faim, le démantèlement de la culture et tant d'autres violations récentes des droits uniront à cette date d'innombrables fronts de résistance sociale.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 mars 2022
Les manifestants sont venus avec des photos de disparus sous la dictature
Rassemblement au parc d'Ibirapuera en 2019
31 mars : le Brésil de Jair Bolsonaro nostalgique de la dictature militaire
Séance solennelle ce jeudi à l'Assemblée législative de Brasilia en l'honneur du 58e anniversaire du coup d'État militaire de 1964 dont Jair Bolsonaro est un grand admirateur.
À la demande du député d'État Capitão Assumção (PL), une séance solennelle a lieu ce jeudi à l'Assemblée législative de Brasilia en l'honneur du 58e anniversaire du coup d'État militaire de 1964. Rien d’étonnant quand on sait que Jair Bolsonaro, ex-capitaine chez les parachutistes et dont le gouvernement comprend plusieurs militaires parmi les ministres, est un admirateur avoué de la période de la dictature.
Le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, élu en 2018 et a pris ses fonctions le 1er janvier 2019, avait ordonné la commémoration du 31 mars 1964, date du coup d’État militaire qui a confisqué la démocratie pendant 21 ans. Cinq généraux se sont succédés à la tête de la junte qui a dirigé pays pendant cette période de répression, de tortures des opposants ou d’assassinats (plusieurs centaines d’entre eux ont perdu la vie). Le régime s'est durci en 1968 avec l'interdiction des manifestations, la censure et le jugement des prisonniers politiques par des tribunaux militaires. Beaucoup d’artistes et d’opposants politiques se sont exilés, comme les musiciens Gilberto Gil et Caetano Veloso, pour sauver leur vie.
En juin 2016, Jair Bolsonaro affirmait à la radio Jovem Pan : "L'erreur de la dictature a été de torturer sans tuer". Lors de la séance de la Chambre des députés où a été votée en avril 2016 la destitution de la présidente Dilma Rousseff (qui fut torturée par les militaires), Bolsonaro avait dédié son vote au colonel qui était le chef du renseignement sous la dictature, accusé d'au moins six assassinats sous la torture. "À la mémoire du colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra, la terreur de Rousseff (...), je vote oui !".
Contrairement à d'autres pays comme le Chili et l'Argentine, au Brésil, les militaires ont maintenu le contrôle total de la transition de la dictature à la redémocratisation. « À tel point que jusqu'à aujourd'hui, tout ce qui touche à la justice transitionnelle passe par les militaires, comme la Commission des morts et des disparus en 1995 et la Commission d'amnistie. Tout a dû être négocié avec les militaires.
Depuis 1986, la Constitution interdit à l'armée de s'ingérer dans les affaires publiques. En 2019, Bolsonaro avait demandé au ministère de la Défense d’organiser des fêtes de commémoration dans les casernes. Cela ne se produira pas cette année. L’an dernier dans une crise d'autoritarisme le président paranoïaque a renvoyé son ministre de la Défense, ce qui a entraîné la démission des trois principaux chefs militaires du Brésil, trois généraux à la tête de l'armée de terre, de l'armée de l'air et de la marine, le 29 mars 2021, ce qui ne s’était jamais vu… En campagne pour les élections d’octobre 2022, Jair Bolsonaro qui les années précédentes avait évoqué l’idée d’un nouveau coup d’État militaire, va plutôt faire profil bas. Les sondages ne lui sont pas très favorables face à Lula, son adversaire de gauche. Il a toutefois choisi un militaire comme candidat à la vice-présidence, son nouveau ministre de la Défense, Walter Souza Braga Netto, un nostalgique lui aussi du golpe de 1964.
Ce 31 mars 2022, l’heure est au recueillement, les opposants à Bolsonaro organisent des marches du silence (Caminhada do Silêncio), dans plusieurs villes du Brésil.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 mars 2022
Le 31 mars 1964, l’armée brésilienne renversait João Goulart, le président élu en 1961
Les cinq généraux qui se sont succédés à la tête de la junte