L’Almanach international
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17 avril : Verrazzano, la gloire des Italo-Américains
Il y a cinq siècles, le 17 avril 1524, le navigateur florentin, Giovanni da Verrazzano entrait dans la baie de New York. Cette « découverte » était restée dans l’oubli jusqu’au milieu du XXe siècle quand son nom a resurgi et baptiste aujourd’hui un célèbre pont de New York.
Il y a cinq siècles, le 17 avril 1524, le navire français La Dauphine, conduit par le navigateur florentin, Giovanni da Verrazzano entrait dans la baie de New York. L’an dernier, en 2024, la ville de New York a célébré le 500e anniversaire de cette « découverte ». C’était aussi le 70e anniversaire du Verrazzano Day, célébré chaque année par la ville de New York.
Verrazzano, qui avait été chargé par le roi de France François Ier de trouver un passage vers l’Asie, avait touché la côte américaine en Caroline du Nord, puis avait fait route vers le nord jusqu'à Terre-Neuve. Au cours de son périple, il passa devant Sandy Hook, dans le New Jersey, et pénétra dans l'embouchure du fleuve Hudson. Le rapport de Verrazzano à François Ier contenait la première description de la côte nord-est de l'Amérique du Nord et conférait à la France ses droits sur les terres américaines. Mais Verrazzano s’était contenté de planter le drapeau du roi de France et de baptiser Nouvelle-Angoulême, le futur site de New York. Un lieu qu’un siècle plus tard les Hollandais vont baptiser Nouvelle-Amsterdam en s’y établissant. Entre-temps, en 1609, l’anglais Henry Hudson avait lui aussi pénétré dans la baie qui porte aujourd’hui son nom. Ce dernier figurait dans les livres d’Histoire américains comme le découvreur de la baie.
C’est Giovanni (John) LaCorte, un Italo-Américain qui a sorti Verrazzano de l’oubli à une époque où un grand mépris frappait encore les Américains d’origine italienne. Il a d’abord fondé la Société historique italienne d'Amérique, à l’image de celle que possédaient les Irlandais depuis longtemps. L’une des premières réalisations de la société fut la résurrection d’un obscur monument Verrazzano, installé au début du XXe siècle, enlevé en raison de travaux, puis oublié dans une réserve. C'est grâce à l'effort singulier de LaCorte que ce monument fut sorti d’un entrepôt et placé en évidence à Battery Park, à l'extrémité sud de Manhattan, en 1952. Depuis ce jour, la Société organise chaque 17 avril une cérémonie devant ce monument. En 1954, il obtint que le 17 avril soit proclamé « Journée Verrazzano » par le maire de New York, Robert Wagner. Cette initiative fut même suivie en 1957 par l'État de New York. Mais la notoriété du navigateur demeurait très locale.
À cette époque, New York était en train de se doter d’un grand pont pour relier Staten Island au continent. La construction avait débuté en août 1954 et l'étage supérieur sera ouvert à la circulation le 21 novembre 1964. Il restera le plus long pont suspendu du monde jusqu’en 1981. Ce sera la dernière réalisation du célèbre et très influent promoteur qui a remodelé New York, Robert Moses. Celui-ci était très opposé à ce que son œuvre puisse porter le nom d’un Italien. Mais, après des années de négociation, John LaCorte fini par convaincre le maire de New York. La chose était acquise qu’il soit baptisé pont Verrazano-Narrows (narrows : détroit) quand un groupement de New-yorkais a lancé une pétition pour qu’il porte le nom de Kennedy, le président récemment assassiné. LaCorte dut intervenir auprès de Robert Kennedy pour cela ne se fasse pas… finalement c’est cet ouvrage d’art spectaculaire sur lequel passe chaque année le marathon de New York qui a donné sa gloire au navigateur italien. Une vue aérienne du pont Verrazzano apparait sur chaque reportage racontant cette course à pied mythique qui part de Staten Island.
Depuis 2007, un monument commémoratif rend hommage à l'œuvre de John N. LaCorte pour valoriser l’héritage de l’immigration italienne en Amérique du Nord. Il a été érigé dans le parc John Paul Jones, à l'angle de la 99e Rue et de la 4e Avenue à Brooklyn, près du point d'ancrage et de l'entrée du pont Verrazzano.
Cette gloire outre-atlantique a rejailli sur le village natal du navigateur florentin. Chaque année, le 17 avril, la localité de Greve in Chianti, en Toscane, célèbre son plus célèbre « enfant du pays », Giovanni da Verrazzano, né en 1485. L’an dernier les festivités du Verrazzano Day avaient duré trois jours. L’État italien avait même émis un timbre-poste pour célébrer le 500e anniversaire de son voyage.
À Greve in Chianti, la Journée Verrazzano 2025 débute à 10h30 par la présentation d’un ouvrage : Giovanni da Verrazzano, Studi per il Cinquecentenario, publié par Polistampa à Florence. Il est présenté par le professeur Leonardo Rombai et Luigi Giovanni Cappellini, président de la Fondation.
À l'issue de cette présentation, un symposium réunit les auteurs des études, la plupart issus de l’université de Florence, experts reconnus dans le domaine. Le symposium se conclura par une intervention du professeur Formisano, spécialiste reconnu d'Amerigo Vespucci, soulignant l'importance des contributions de Florence à l'ère de l'exploration.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 avril 2025
Sur la place centrale de Greve in Chianti, en Toscane, la statue du célèbre explorateur, né en 1485 dans le château voisin de Verrazzano.
17 avril : Cuba célèbre l’anniversaire de la victoire de la baie des Cochons
On célèbre le 62e anniversaire de la tentative d’invasion américaine de l’île de Cuba, par la baie des Cochons. Le vainqueur Fidel Castro, qui a su mobiliser les Cubains, y a gagné un prestige considérable. Le résultat de l’initiative malheureuse des États-Unis, c’est l’ancrage de Cuba dans le camp soviétique et aujourd’hui prorusse. Cuba a pris le parti de Moscou et non de Kiev, pourtant un parallèle pouvait être fait entre l’agression que Cuba a subi en 1961 et celle de l’Ukraine en 2022.
À Cuba on célèbre chaque année l’Anniversaire de la victoire de la baie des Cochons (Aniversario de la victoria de la Playa Girón) avec un gala commémoratif organisé sous le patronage du président cubain Miguel Díaz-Canel. Le Musée Mémorial Playa Girón de la municipalité Ciénaga de Zapata de Matanzas a préparé une nouvelle exposition pour ce 62e anniversaire de la victoire qui est un jour férié à Cuba.
En avril 1961, les autorités américaines organisaient un débarquement d’exilés cubains armés afin de renverser le régime cubain de Fidel Castro. Au Guatemala, la CIA a lancé une opération pour recruter des exilés cubains pour envahir Cuba. Plus de 1 300 volontaires se sont présentés, dont beaucoup n'avaient aucune expérience militaire. Tout commence, le 15 avril 1961, par un bombardement aérien des bases aériennes cubaines qui précède le débarquement de 1 500 exilés cubains à partir de bateaux amarrés dans la Baie des Cochons (une zone peu peuplée et peu surveillée du sud ouest de l’île). L'attaque est d’abord considérée comme un succès, car les assaillants ont rapidement contrôlé les positions de la baie et de Playa Girón. Mais dès que la nouvelle lui est parvenue, Fidel Castro a mobilisé massivement des troupes pour contenir l'invasion. Après plus de 60 heures de combats, l'armée cubaine a anéanti l'avance des combattants contre-révolutionnaires. 114 des combattants exilés cubains sont morts et plus de 1 200 ont été arrêtés. Le 17 avril, la défaite était complète pour les Américains. La rébellion contre le régime de La Havane n’a pas eu lieu, au contraire le prestige de Fidel Castro sort renforcé. En revanche, c’est un désastre médiatique considérable pour le président Kennedy et les États-Unis.
L’objectif était de renverser un régime susceptible de devenir un satellite de l’URSS à 144 km des côtes de Floride. Cela aura l’effet inverse. En réaction, aussitôt après l’attaque, Fidel Castro qualifie pour la première fois sa révolution de socialiste. Un pacte d'alliance avec l'Union soviétique de Nikita Krouchtchev sera scellé. Et, très vite, 43 000 soldats soviétiques s’installent à Cuba, pour protéger l’île et soutenir le Fidel Castro, lequel restera au pouvoir bien au-delà de l’existence de l’URSS. Il est mort en 2016, peu après avoir céder le pouvoir à son frère Raúl Castro. Lequel a annoncé hier, 16 avril 2021, son retrait du pouvoir, lors du 8e congrès du Parti communiste cubain. Il a passé le relais Miguel Díaz-Canel, nouveau premier secrétaire du parti. La veille de la commémoration, le 17 avril 2021, du 60e Aniversario de la fallida invasión de Bahía de Cochinos, une page s’est tournée.
À Miami, on célèbre également le souvenir des victimes de cette opération désastreuse. Samedi matin, une cérémonie aura lieu au pied du monument à l'Armée de l'Air de Libération de la Brigade 2506, à Little Havana quartier de Miami où vit la communauté cubaine toujours très revancharde. Le gouverneur de Floride, le républicain Ron DeSantis, qui sera l'un des orateurs, des membres du Congrès de Floride, devraient y assister ainsi que des survivants octogénaires de la Brigade 2506, le groupe de combattants cubains ayant participé à l'échec de l'invasion de la Baie des Cochons (ou de la Playa Girón).
Ce 62e anniversaire cubain coïncide également avec le 77e anniversaire de la fête de l'indépendance syrienne. Les deux régimes ont organisé des célébrations communes à Damas.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 avril 2023
À Cuba la victoire “de la baie des Cochons” est connue comme celle “de la Playa Girón”. Le timbre de gauche commémore la proclamation du caractère socialiste de la révolution cubaine. Le résultat de l’initiative malheureuse des États-Unis, c’est l’ancrage de Cuba dans le camp soviétique et aujourd’hui prorusse. Cuba a pris le parti de Moscou et non de Kiev, pourtant un parallèle pouvait être fait entre l’agression que Cuba a subi en 1961 et celle de l’Ukraine en 2022.
Fidel Castro
Prisonniers états-uniens
17 avril : la journée des luttes paysannes
Cette journée internationale commémore l’assassinat, le 17 avril 1996, de 19 paysans brésiliens, membres du Mouvement des sans-terre (MST) qui manifestaient pour réclamer l’accès à la terre. Ils ont été tué par des tueurs à gages à la solde de grand propriétaires terriens. Le président Bolsonaro a approuvé ces exécutions.
Cette Journée internationale de lutte pour la terre (Dia Internacional de Luta pela Terra) commémore l’assassinat, le 17 avril 1996, de 19 paysans brésiliens, membres du Mouvement des sans-terre (MST) qui manifestaient pour réclamer l’accès à la terre. Ils ont été tués par des tueurs à gages à la solde de grand propriétaires terriens qui préfèrent louer leur terres à des multinationales pratiquant une monoculture d’exportation, plutôt que de laisser les paysans locaux les exploter pour vivre. Le drame est connu sous le nom de massacre d’Eldorado dos Carajás.
Malheureusement, le contexte politique du Brésil a totalement changé. Jair Bolsonaro, lors de sa campagne électorale, a approuvé le meurtre du 17 avril 1996 ! Aujourd’hui, président, il annonce qu’il va demander à ce que les militants du MST soient désormais assimilés à des terroristes. Cette année, la question sera quelque peu éclipsée par la pandémie qui commence à toucher le Brésil, mais beaucoup de militants, notamment dans les régions où le confinement n’a pas cours, veulent marquer cette journée par des manifestations.
Chaque année, le 17 avril, journée créée en 1996 par la Via Campesina, mouvement fédérant plusieurs dizaines d’organisations paysannes, est l’occasion de dénoncer l’accaparement des terres. Quelque 200 millions d’hectares, soit 4 fois la superficie de la France, sont déjà aux mains des multinationales. Au Brésil, 1% des propriétaires cumulent plus de 50% des terres, il n’y a pas eu de redistributions des terres contrairement aux États-Unis, au début du XXe siècle.
Le Mouvement des sans-terre (MST) est une organisation paysanne née au Brésil au début des années 1980, et il est aujourd’hui l’un des plus importants mouvements sociaux d’Amérique Latine. Il prend racine dans les occupations de terres qui se développent de manière isolée dans l’état du Rio Grande do Sul à la fin des années 1970 . Aujourd’hui, quelque 120 000 personnes installées dans tout le Brésil peuvent être déclarés hors-la-loi . Des centaines de militants du MST sont morts dans des actions et occupations sans terres qui ne se produisent pas toujours sans conflits ni excès. Le 8 décembre 2018, huit d’entre-eux ont été sommairement exécutés par des hommes masqués à qui Bolsonaro a promis l’impunité pour ce type de meurtre.
Si les luttes sont anciennes en Amérique latine, le phénomène est en pleine expansion en Afrique où des sociétés chinoise ou coréennes ont déjà loué d’immenses espaces.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 avril 2020