L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

Bruno Teissier Bruno Teissier

8 avril : en Israël, c’est le jour de l’Aliyah

Le Jour de l'alya (Yom HaAliyah) est une fête officielle créée en 2016 qui célèbre l'immigration des juifs de la diaspora en Israël. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le contexte actuel n’est pas favorable à ce mouvement qui a fondé le pays, bien contraire.

 

Le Jour de l'alya (Yom HaAliyah, יום העלייה) est une fête officielle qui célèbre l'immigration des juifs de la diaspora en Israël. Elle a été fixée au 10 Nissan (date du calendrier hébraïque), si bien que sa date varie sur le calendrier grégorien, entre mi-mars et mi-avril.

Cette fête est de création très récente : elle a été instituée par la Knesset (le parlement israélien) en 2016 dans un contexte de déclin de l’immigration vers Israël. L’apport soviétique, fort au début des années 1990-2000, était tari. De plus en plus d’alyoth (pluriel d’aliyah ou alya) en provenance des pays occidentaux avaient conduit à des retours au pays d’origine ou un départ vers ailleurs, faute d’une intégration dans un pays où la vie n’est pas si facile.

La date choisie pour cette fête de l’alya est d’origine religieuse. Selon le Livre de Josué, c’est le 10 Nissan que Josué et les Israélites traversèrent le Jourdain pour entrer en “Terre promise”, après quarante ans d'errance dans le désert. Cette migration mythique est considérée comme la première « aliya ».

L’alya ou aliyah (עֲלִיָּה) est un élément fondamental du sionisme. Ce nationalisme religieux affirme que tous ceux qui, au cours de l’Histoire, ont adhéré au judaïsme ont vocation à venir s’installer sur la terre où est née cette religion. L’objectif du sionisme, comme tous les courants nationaux nés au XIXe siècle était de créer un État. Généralement, les promoteurs de ces États s’appuyaient sur une base ethnique, linguistique ou historique. Dans le cas du futur Israël, c’est sur un substrat religieux, voire culturel (pour ceux qui avaient pris leur distance avec la religion) que le pays a été inventé. Mais, contrairement au Pakistan, un autre État fondé sur une base religieuse, la population qu’il était censé rassembler n’est pas présente sur le territoire choisi ou très marginalement. En 1880, on ne comptait qu’environ 24 000 juifs en Palestine, soit 4,4% de la population (tandis que 10 millions juifs vivaient éparpillés à travers le monde). D’où l’importance de la notion d’alya (vague d’immigration) pour y parvenir. Une série de pogroms perpétrés dans l’Empire russe à l’encontre des juifs va initier le mouvement, à partir de 1881. La prise de conscience en 1945 de l’ampleur de la Shoah, va encore amplifier le processus. En 1945, la population de Palestine était de 1,8 million d’habitants dont un tiers de juifs. Ces derniers ont fondé Israël en 1948. En 1950, est adoptée une loi dite « du Retour » qui garantit à tout juif dans le monde le droit d’immigrer en Israël, de s’y installer et d’obtenir la citoyenneté israélienne presque sans entrave. Cette loi, d’inspiration sioniste et religieuse, ne concerne que les juifs. Aucun des habitants musulmans ou chrétiens, parmi ceux qui ont dû fuir la Palestine lors de la guerre de 1947-48, n’est autorisé à revenir.

Hormis cette loi du retour ouvertement discriminatoire, la déclaration d’indépendance d’Israël offrait toutefois une égalité des droits entre tous ses citoyens :  « L’État d’Israël sera ouvert à l’immigration des juifs de tous les pays où ils sont dispersés ; il développera le pays au bénéfice de tous ses habitants ; il sera fondé sur les principes de liberté, de justice et de paix enseignés par les prophètes d’Israël ; il assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe ; il garantira la pleine liberté de conscience, de culte, d’éducation et de culture ; il assurera la sauvegarde et l’inviolabilité des lieux saints et des sanctuaires de toutes les religions et respectera les principes de la charte des Nations unies. »

Tout a changé en 2018 quand la Knesset, inspirée par les suprémacistes juifs, aujourd’hui au pouvoir, vote cette formulation : « Israël est l’État-nation du peuple juif dans lequel il réalise son droit naturel, culturel, historique et religieux à l’autodétermination ». Plus aucune allusion n’est faite aux non-juifs, c’est-à-dire les Arabes israéliens qui représentent 22% des 10 millions d’habitants du pays, sans compter ceux qui vivent en territoires occupés par Israël soit 5,5 millions d’Arabes dits Palestiniens. Vu le contexte de guerre dans lequel vivent aujourd’hui Israël et Palestine, l’alya ne joue plus qu’un rôle marginal dans l’évolution démographique de la région. Au contraire, un mouvement inverse s’intensifie, sans que les autorités israélienne (contrairement à ce qu’elles font pour les alyoth) ne publient aucun chiffre. Dans  ce cas on parle de yéridah (יְרִידָה,) le contraire d’aliya (ou aliyah).

Comme toutes les fêtes juives, Yom HaAliyah commence la veille au soir, à la tombée de la nuit, soit ce lundi 7 avril 2025 et se déroule ce mardi 8 avril 2025, jusqu’à la tombée de la nuit. Comme, elle tombe pendant les vacances scolaires, la loi prévoit une autre date pour la célébrer dans les écoles et lycées, où elle est observée les 7 Heshvan (soit le 25 octobre 2025). En 2026, Yom HaAliyah sera fêtée les 27-28 mars (et 17-18 octobre pour les scolaires). En 2027, les 16-17 avril (et 6-7 novembre)…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 avril 2025

Timbre israélien de 1955 évoquant l’alya

 
Lire la suite
1899, Pérou, Japon, 3 avril Bruno Teissier 1899, Pérou, Japon, 3 avril Bruno Teissier

3 avril : la journée d’amitié péruvo-japonaise

Le 3 avril 1899, arrivait au Pérou un bateau chargé de 790 immigrants japonais. Le premier d’une longue série : plus d’une centaine en une vingtaine d’années. La communauté japonaise a profondément marqué la culture péruvienne.

 

Le 3 avril 1899, arrivait au Pérou un bateau à vapeur, le Sakura Maru, chargé de 790 immigrants japonais. C’était le premier d’une longue série : plus d’une centaine, en une vingtaine d’années. La communauté japonaise du Pérou a eu jusqu’à 100 000 personnes. Certains ont regagné l’archipel, mais ils sont encore 80 000 aujourd’hui. On les appelle les Nikkei. Leurs écoles ayant été fermées d’autorité dans les années 1940, ils ont décidé de s’intégrer et d’apprendre l’espagnol, beaucoup aujourd’hui, ont oublié le japonais. On les nomme Nisei à la deuxième génération et Sansei à la troisième.

Chaque année, le 3 avril, pour la Journée d’amitié péruvano-japonaise (Día de la amistad peruano-japonesa), une cérémonie se déroule à 15h30 devant le monument commémoratif situé au Champ de Mars (Campo de Marte), à Lima. Elle est complétée à 17h. par une cérémonie du thé et un culte bouddhiste à la mémoire des immigrés.

Cette journée est officielle au Pérou depuis 1989. À partir de 1990, des Péruviens d’origine japonaise ont été autorisés à émigrer vers le Japon. Ils sont quelque 50 000 à l’avoir fait.

Cette présence asiatique a marqué la culture péruvienne, en particulier la cuisine dont la fusion nippone-péruvienne est devenue une référence mondiale. Le ceviche, en particulier, a été optimisé avec l'aide de la cuisine japonaise, qui a incorporé des techniques traditionnelles du sushi pour manipuler la chair du poisson afin de préserver sa fraîcheur et sa saveur de fruits de mer sans la trop cuire dans du jus de citron. C'est ainsi qu'est né le « Tiradito » , composé de fines tranches de chair de poisson auxquelles on ajoutait du jus de citron en quantité modérée au moment de servir. Plus tard, l'innovation des chefs péruviens et nikkei a permis de combiner la marinade au jus de citron avec diverses sauces telles que celles préparées avec du piment jaune , du rocoto, entre autres.

La communauté a aussi fourni un président au Pérou, Albero Fujimori, qui a laissé un très mauvais souvenir, son mandat ayant été marqué par la corruption et des délires ultranationaliste. Il a fait 10 ans de prison, avant de mourir en 2024. Sa fille, Keiko, est entrée également en politique, mais les Nikkei ne l’ont pas particulièrement soutenu, d'autant que son frère cadet, Kenji Fujimori lui dispute l'héritage du père, y compris en matière de corruption et de trafic d'influence aggravé, pour lequel il est poursuivi.

En 2024, les deux pays ont fêté avec beaucoup de faste les 125 ans de l’arrivée des premiers migrants japonais au Pérou. En 2023, une exposition était titrée « Japon-Pérou, 150 ans d’amitié » car les relations diplomatiques entre les deux pays remontent à 1873.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 avril 2025

 
jap-perou.png

i

Lire la suite
2020, Libye, Migrants, 9 février, naufrage Bruno Teissier 2020, Libye, Migrants, 9 février, naufrage Bruno Teissier

9 février : en mémoire de 91 migrants disparus en mer il y a un an

Le 9 février 2020, un bateau avec 91 personnes à bord a fait naufrage au large de la Libye. Tous ont disparu en mer.

 

Le 9 février 2020, un bateau avec 91 personnes à bord a fait naufrage au large de la Libye. Le bateau en détresse au large de la ville de Garabulli, en Libye, avait contacté Alarm phone (Plateforme non gouvernementale d'appel téléphonique de détresse en mer Méditerranée), l'ONG a immédiatement alerté les autorités italiennes, maltaises et libyennes, qui n'ont pas réagi. Aucun secours n’a été porté à cette embarcation en perdition dont les passagers et passagères ont disparu en mer sans laisser traces. Leur mort n’est pas un accident. Les autorités européennes et libyennes étaient bien informées de la détresse des 91 personnes et elles auraient dû intervenir. Ils étaient pour la plupart originaires du Nigeria et du Soudan, tentant de s’éloigner des côtes libyennes et de rejoindre l’Europe via la Méditerranée. 

Depuis quelques années, les entraves à l’action des ONG se multiplient, notamment de la part des autorités italiennes et maltaises. Parfois, ce sont des pêcheurs libyens qui les recueillent…

Plus de 20 000 personnes ont ainsi disparu au fond de la mer depuis 2014, beaucoup d'entre elles lors de "naufrages invisibles". Ces « bateaux fantômes », également appelés « épaves invisibles », sont généralement signalés par des ONG telles que « Alarm Phone » et « Caminando Fronteras ». Ces dernières reçoivent souvent des appels de migrants en détresse en mer et de membres de la famille à la recherche d’un être cher perdu.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 février 2021

 
2-9.png
Lire la suite