L’Almanach international
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1er juin : l’Indonésie célèbre les cinq principes qui fondent l’État
Le 1er juin est un jour férié, célébré pour la première fois en 2017 à l’initiative du président Joko Widodo : la Journée du Pancasila. Ces principes ont été énoncés le 1er juin 1945 pour rassembler un archipel diversifié peuplé de centaines de groupes ethniques : la nationalité indonésienne, l'internationalisme, le consensus délibératif, la protection sociale et la croyance en un seul dieu (sans préciser lequel !)
Le 1er juin est un nouveau jour férié célébré pour la première fois en 2017 à l’initiative du président Joko Widodo : la Journée du Pancasila (Hari Pancasila). « En tant qu'idéologie d'État, le Pancasila doit être reconnu et préservé par tous les citoyens de génération en génération », avait-il déclaré.
Pour faire face à la montée des idéologies islamistes, le président dont le mandat se termine à l’automne 2024 a voulu réaffirmer la philosophie de l’État indonésien tel qu’il a été fondé par Sukarno en 1945. Celui qui allait devenir le premier président du pays à l’indépendance avait conscience de la difficulté de rassembler un pays aussi vaste avec des langues et des cultures aussi diverses. Un État fondé sur l’islam, religion largement majoritaire, aurait marginalisé les bouddhistes, les chrétiens des îles orientales ou les hindous de Bali. Pour éviter ces tentations centrifuges, et lutter contre les islamistes de l’Aceh qui n’étaient pas représentatifs de l’ensemble de l’islam indonésien, Sukarno avait énoncé cinq principes fondateurs :
- Kebangsaan Indonesia : « la nation indonésienne »,
- Internasionalisme, atau peri-kemanusiaan : « internationalisme, ou humanisme »,
- Mufakat, atau demukrasi : « consensus, ou démocratie »,
- Kesejahteraan sosial : « le bien-être social ».
- Prinsip Ketuhanan : « principe de Dieu », la piété envers Dieu suprêmement unique, mais sans préciser lequel.
« Pancasila », est un terme sanskrit, la langue des textes religieux de l’hindouisme, qui signifie « cinq principes ». Un terme construit d’après pañca (cinq) et śīla (principes, préceptes)
C’est le 1er juin 1945, alors que les Indes néerlandaises sont encore occupées par les Japonais, que Sukarno prononce son discours devant le Dokuritsu Junbi Chôsakai ("comité pour l'investigation sur les efforts de préparation de l'indépendance de l'Indonésie"). Il y expose les cinq principes qui, selon lui, doivent fonder le futur État indonésien dont l’indépendance sera proclamée le 17 août 1945.
Ce même 1er juin 1945 est formé un comité chargés d’établir les bases du futur État indépendant. Le 22 juin, ce comité rédige la charte de Djakarta (Piagam Djakarta), qui énonce ces bases. Cette charte résulte d’un compromis entre les nationalistes et les musulmans. Il en résulte qu’il n’y a aucune référence à l’islam dans la constitution du premier pays musulman du monde. La religion n’est pas imposée, mais l’athéisme n’a, toutefois, pas été prévu.
Après son coup d’État sanglant qui a reversé le président Sukarno en 1966, le général Soeharto conservera cette ligne, jusqu’à la chute de sa dictature, en 1998. Il a fait du Pancasila l’idéologie nationale en le représentant comme la sagesse ancienne du peuple indonésien, antérieure à l'introduction de religions étrangères telles que l’hindouisme, l’islam et le christianisme. Plus récemment, face à une montée de l’islamisme, le président Joko Widodo a eu à cœur, en 2016, de sanctuariser ces préceptes fondateurs et d’annoncer leur célébration chaque 1er juin.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 mai 2024
17 août : l’Indonésie célèbre son indépendance
Une fois les Japonais chassés, les Indonésiens proclamaient l’indépendance de leur pays le 17 août 1945. Le colonisateur hollandais qui entendait conserver le contrôle de l’archipel, ne reconnaîtra toutefois la république d’Indonésie qu’en décembre 1949 au terme d’une violente guerre coloniale.
Le 17 août 1945, à 10h du matin, deux jours après la capitulation du Japon, Sukarno (fondateur du Parti National Indonésien en 1927 et futur président du pays) et Mohamed Hatta, signaient la La Proclamation de l'indépendance de l'Indonésie (Proklamasi Kemerdekaan Indonesia). Les Japonais étaient chassés du pays mais l’ancien colonisateur hollandais chassé par le Japon en 1942, entendait reprendre l’occupation des Indes orientales néerlandaises. Les Pays-Bas vont déclencher une guerre d’indépendance qui fera rage pendant quatre ans, avant de se résigner à reconnaître l’indépendance de la république d’Indonésie, le 16 décembre 1949. Les Américains menaçaient de suspendre l’aide accordée au Pays-Bas, dans le cadre du plan Marshall. Le Pays n’avait guère le choix.
La date retenue par Djakarta pour célébrer son indépendance est le 17 août et non le retrait des Hollandais, en décembre 1949 en dépit des craintes des Indo-Hollandais, la minorité chinoise et les soldats indonésiens de l’armée coloniale hollandaise, pour la plupart moluquois et rapatrié aux Pays-Bas.
Les Hollandais, pendant le conflit colonial, avaient favorisé l’émergence d’une République des Moluques du Sud, écrasée par les forces de Djakarta après 1949 (même si elle n’a jamais été formelle abolie). Les soldats moluquois finiront par ne jamais rentrer chez eux et par accepter la nationalité hollandaise, après de nombreuses années de pourparlers.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde