L’Almanach international
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28 novembre : l’indépendance ratée du Timor oriental
Le 28 novembre 1975, après plusieurs siècles d’occupation portugaise, le FRETILIN, mouvement indépendantiste timorais, proclame la « République Démocratique du Timor oriental ». Mais cette république ne durera que neuf jours, anéantie par l’occupation militaire de l’Indonésie qui annexera le pays pour un quart de siècle. La date de la proclamation d’indépendance fait l’objet au aujourd’hui d’un jour férié au Timor oriental.
Dans la foulée de la « révolution des Œillets » du 25 avril 1974, au Portugal, un mouvement indépendantiste timoré se constitue à la fin de l’été : le FRETILIN (Frente Revolucionária de Timor-Leste Independente). Le Portugal occupe la partie orientale de l’île de Timor depuis quatre siècles. La révolution d’inspiration socialiste qui a renversé la dictature d’extrême droite au Portugal, ouvre la voie à la décolonisation de l’empire colonial portugais. En juillet de 1975, Lisbonne accord un statut plus favorable à ses colonies. Contrairement aux autres colonies portugaises le Timor oriental n’a pas vécu de guerre d’indépendance. La voie vers l’émancipation commençant à s’ouvrir, les principaux partis politiques se prononcent tous contre la tutelle portugaise mais ne sont pas unanimes sur l’avenir du pays : intégrer l’Indonésie, comme Goa a intégré l’Inde en 1961, ou constituer un État indépendant. Pour tenter de freiner l’audience du FRETILIN (mouvement socialiste), partisan de l’indépendance, une formation politique soutenue par l’Indonésie, les États-Unis et l’Australie, l’UDT (União Democrática Timorense), tente un coup d’État au mois d’août qui n’aboutira pas. Le Portugal tente alors de négocier avec les deux formations rivales (fruits des rivalités Est-Ouest à l’échelle mondiale). Les États-Unis, dont la politique étrangère est conduite par Henry Kissinger, ont fait le choix de soutenir le dictateur indonésien Suharto.
Dans le camp adverse, FRETILIN proclame la « République Démocratique du Timor oriental » le 28 novembre 1975. C’est l’anniversaire de cette proclamation que les Timorais célèbrent chaque 28 novembre sous le nom de Jour de la proclamation de l'indépendance (Dia da Proclamação da Independência), même si cette indépendance ne sera effective que… 26 ans plus tard.
En effet la République démocratique du Timor oriental (Repúblika Demokrátika de Timór-Leste) n’existera que 9 jours, avec Francisco Xavier do Amaral pour président, c’est à-dire jusqu’au 7 décembre 1975, date de l’intervention militaire indonésienne.
Deux jours après la proclamation du FRETILIN, le 30 novembre 1975, l’UDT proclame l’intégration du pays à l'Indonésie. Cette annonce, préparée en fait à Djakarta, servira de prétexte à une occupation militaire du Timor oriental, le 7 décembre 1975. Le nouvel occupant établit alors une Assemblée populaire à ses ordres, laquelle demande officiellement l'intégration à l’Indonésie le 31 mai 1976. Mais, l’ONU ne reconnaîtra jamais cet état de fait. Les manifestations populaires sont très violemment réprimées. Le FRETILIN, devient le principal mouvement de résistance et son action politique évolue vers une forme de guérilla, sous la conduite de Xanana Gusmâo. Quant à l’UDT, elle finit elle aussi par dénoncer la répression indonésienne… La lutte des Timorais de l’Est leur coûtera 200 à 300 000 morts et leur indépendance ne sera effective que le 20 mai 2002.
Le Timor oriental est un pays démocratique. Le FRETILIN (gauche) n’est plus au pouvoir, il est dans l’opposition depuis 2007 (sauf pour une brève période en 2015-2017). Mais, la déclaration d’indépendance qu’il a formulé en 1975 appartient à la mémoire nationale. Le 28 novembre est depuis l’indépendance, un jour férié et chômé.
Ce 48e Anniversaire de la proclamation d’indépendance de la RDTL débute par une messe de remerciement dite le 27 novembre à 9h. en l’église du Sacré-Cœur de Jésus, à Becora. Suivi d’un dépôt de fleurs pour les héros de la patrie à 10h30 dans le port de Dili, devant le Palais du Gouvernement. Ce même jour, veille de la fête, le président de la République procède à une remise de prix qui se déroule dans sa résidence, Palais présidentiel Nicolau Lobato (du nom d’un héros de l’indépendance, le chef du gouvernement formé le 28 novembre 1975). Le 28 novembre 2023, à 8h, cérémonie de lever du drapeau devant le palais présidentiel. Un défilé militaire, une minute de silence et la décoration des combattants et vétérans de la Libération de la Patrie Les festivités durent ensuite toute la journée.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 novembre 2023
11 septembre : 50 ans après, les Chiliens ne sont toujours pas guéris du régime de Pinochet
Un demi-siècle est passé et le Chili ne parvient toujours pas à tourner la page du coup d’État qui a mis brutalement un terme à son régime démocratique. 11 septembre 1973 Les commandants en chef des armées et celui de la police lancent une insurrection, sous la direction du général Augusto Pinochet et le soutien de Washington.
Un demi-siècle est passé et le Chili ne parvient toujours pas à tourner la page du coup d’État qui a mis brutalement un terme à son régime démocratique. Le 11 septembre 1973, les commandants en chef des armées et celui de la police lançaient une insurrection, sous la direction du général Augusto Pinochet et avec l’appui de Washington. Le palais présidentiel de la Moneda était encerclé et bombardé. Vers 13 h 30, le président Salvador Allende se suicidait. Candidat de l’Unité populaire – coalition de gauche regroupant, en particulier, le Parti socialiste, dont il est membre, et le Parti communiste –, Allende était arrivé en tête de l’élection présidentielle chilienne, qui ne comprennait qu’un seul tour, avec 36,6 % des voix. Trois ans plus tard, lors des élections législatives de mars 1973, son soutien populaire s’était renforcé puisqu’il obtenait ‘4% des voix. Sa figure de leader s’était également consolidée à l’international, surtout après son discours aux Nations unies en 1972, ce qui lui valait l’animosité du président Nixon et de son secrétaire d’État, Henry Kissinger, qui ont tous deux œuvré au renversement de la démocratie chilienne.
Le général Pinochet sa junte resteront au pouvoir jusqu’en 1990. Durant ces seize années de dictature, les forces armées et la police politique ont torturé des dizaines de milliers de personnes, en assassinent plus de 3 200 (soit autant que les victimes d’un autre 11-Septembre, celui qui a frappé les États-Unis en 2001). Des centaines de milliers de personnes seront contraintes à l’exil.
Le Chili a hérité de cette terrible époque une constitution qu’il n’est pas encore parvenu à remplacer en dépit des efforts du président actuel, le socialiste Gabriel Boric. Celui-ci a été élu en mars 2022 avec 56% des suffrages face au candidat d’extrême droite Antonio Kast. Ce dernier, un nostalgique de la dictature de Pinochet, développe un discours totalement négationniste en ce qui concerne les crimes du régime issu du putsch de 1973. Il a tout de même obtenu 44% des voix, c’est dire combien est divisée la population chilienne face à la mémoire du coup d’État du 11 septembre 1973, que l’on commémore aujourd’hui, et de la dictature qui s’est ensuivie. Non seulement l’extrême droite pinochétiste, mais également des députés de droite ont refusé de participer aux commémorations du 11-Septembre organisées par le gouvernement du président Boric.
Le pays n’a pas su solder les crimes du régime de Pinochet tourner la page. Mais peu à peu la justice fait son chemin. Elle vient de condamner définitivement sept anciens militaires pour l’enlèvement et l’assassinat, au lendemain du coup d’État, de Viktor Jara (1932-1973), célèbre chanteur chilien proche de Salvador Allende. Même un demi-siècle après, il n’est jamais trop tard.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 septembre 2023
Lire : 11-Septembre, notamment les témoignages de Eduardo Olivares Palma et de Maria Claudia Poblete