L’Almanach international

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1854, Régionalisme, Roumanie, 10 mars, affirmation nationale Bruno Teissier 1854, Régionalisme, Roumanie, 10 mars, affirmation nationale Bruno Teissier

10 mars : la journée des Sicules de Roumanie

Oui, il existe bien un peuple Sicule au cœur de l’Europe, les Széklers dans la langue locale, un dialecte du hongrois. Chaque 10 mars, ils revendiquent en vue d’obtenir leur autonomie.

 

Oui, il existe bien un peuple Sicule au cœur de l’Europe, les Széklers dans la langue locale, un dialecte du hongrois. Ils vivent dans quelques vallées des Carpates au cœur de la Transylvanie, en plein centre de la Roumanie alors que la Hongrie considère ce peuple de 600 000 personnes comme faisant partie du peuple hongrois. La légende voudrait que ce soient des descendants des Huns qui ont déferlé sur l’Europe conduit par Attila. Les Turcs les revendiquent aussi comme étant des leurs. À Istanbul, une manifestation de l’extrême droite nationaliste a lieu chaque 10 mars en soutien aux Sicules.

À Budapest, le drapeau des Sicules flotte sur le Parlement depuis 2013, le gouvernement hongrois leur distribue des passeports en vertu d’une procédure de naturalisation simplifiée. Cela a le don d’irriter les autorités roumaines qui font chaque année, le 10 mars, en sorte que les manifestations soient le plus limitées possible. Le drapeau sicule est interdit en Roumanie, sous peine d’amende. 

La journée du 10 mars est récente, elle date de 2012 quand le Conseil National Sicule (SzNT) a proposé que le 10 mars devienne la Journée de la Liberté Sicule en mémoire des martyrs sicules. Car la revendication est ancienne. C’est en mémoire de trois leaders d’une conspiration anti-Habsbourg exécutés le 10 mars 1854 que le Conseil National Sicule (CNS) organise depuis 2004 une commémoration au pied du Monument des Martyrs Sicules. Le massacre est connu sous le nom de Siculicidium.

Les représentants des Sicules, en particulier László Tökés, député européen, réclame un statut d’autonomie comparable à celui dont disposent les Allemands du Sud Tyrol ou les Suédois des îles Aaland. Régulièrement, et encore en 2020, le parlement roumain rejette toutes les demandes d’autonomie du pays sicule (Székelyfyföld). En 2013, László Tökés a demandé à la Hongrie d’assumer un rôle de protectrice des minorités hongroises de Roumanie ce qui a mis le feu aux poudres à Bucarest. Depuis, chaque année, un bras de fer entre les autorités roumaines (préfet, chef de la police) et les représentants sicules s’engagent pour obtenir l’autorisation du rassemblement du 10 mars de Marosvásárhely , la capitale des Sicules. Chaque année, on trouve une idée pour exprimer la revendication autonomiste : une chaîne humaine, des feux de joie…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 mars 2021

 
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Extrême droite turque (Loups gris) manifestant à Istanbul en faveur de l’autonomie des Sicules

Extrême droite turque (Loups gris) manifestant à Istanbul en faveur de l’autonomie des Sicules

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1659, France, Régionalisme, 7 novembre Bruno Teissier 1659, France, Régionalisme, 7 novembre Bruno Teissier

7 novembre : 361 ans après, le traité des Pyrénées divise encore

Chaque année, le 7 novembre à Perpignan, c’est la Diada de Catalunya Nord. Des centaines de manifestants, parfois des milliers, se rassemblent place de Catalogne pour dénoncer un traité vieux de 361 ans.

 

Chaque année, le 7 novembre à Perpignan, c’est la Diada de Catalunya Nord. Des centaines de manifestants, parfois des milliers, se rassemblent place de Catalogne pour dénoncer un traité vieux de 361 ans. Cette année, toutefois, en raison du confinement, cet anniversaire est organisé par “Col·lectiu 7 de Novembre” de manière radiophonique et sur internet.

Le Traité des Pyrénées a été conclu entre la France et l’Espagne le 7 novembre 1659 pour mettre fin à 25 ans de guerre entre les couronnes de France et d’Espagne. Le traité a été signé sur un territoire demeuré neutre entre les deux pays jusqu’à nos jours, l’île des Faisans sur le fleuve Bidassoa qui sépare les deux pays. Les monarques étaient représentés par leurs premiers ministres, Mazarin et don Luis de Haro. On pourra noter que cette frontière française est la seule à ne pas avoir bougé depuis aussi longtemps.

Les catalanistes dénoncent aujourd’hui un traité des Pyrénées qui a séparé la Catalogne en deux. Ils déplorent le déclin de la Catalogne française, le Roussillon, en proie au chômage, dont la capitale, Perpignan est tombée récemment dans l’escarcelle de l’extrême droite. Cette situation contraste avec le dynamisme de Barcelone et de la Catalogne, surtout dans les territoires qui depuis quelques années ne veulent plus être espagnols. Faute d’une indépendance de la Catalogne, peu probable, et d’une modification d’une aussi vieille frontière (une des plus anciennes d’Europe), encore moins probable, les militants régionalistes réclament un statut d’autonomie comparable à celui de la Corse. Le manifeste 2020 de la Diada réclame de nouveau un statut particulier pour la Catalogne Nord, la ratification par l’État français de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, et dénonce les entraves que met l’État à l’essor du développement de l’enseignement en catalan sur le territoire. Il est question de créer un parti politique pour représenter ces idées. Il faudra aussi lui trouver des électeurs, le Parti Unitat Catalana ayant rarement dépassé les 3%.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 novembre 2020

Mise à jour 2023 : La Diada 2023 s’est déroulée le samedi 4 novembre et a rassemblé un millier de personnes. Cette année quatre associations co-organisatrices, Catalogne Nord pour l’Indépendance/ANC, la Délégation du Conseil de la République, le Casal de Perpinyà et Òmnium Catalonia Nord, ont souhaité alerter l’opinion publique sur l’urgence à promouvoir l’usage et la transmission de notre langue catalane dans tous les secteurs de la vie sociale, dans l’espace public et dans les médias locaux. Les militants ont demandé à ce que la langue catalane devienne officielle en Catalogne Nord. Ils ont notamment dénoncé la décision du tribunal de Montpellier contre ces maires des Pyrénées-Orientales qui veulent assurer les séances ou une partie des séances de leurs conseils municipaux en catalan avec une traduction française. Les manifestants ont aussi réclamé l'ouverture des frontières au col de Banyuls et en Cerdagne, au nom du droit de la libre circulation des personnes en Europe.   #DiadaCatNord 

Depuis qu’en 2020, elle a été remportée par l’extrême droite, la municipalité de Perpignan tente de freiner au maximum toute fête ou célébration catalaniste.

 
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