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La Roumanie célèbre enfin Constantin Brancusi, artiste national devenu français

 

Constantin Brâncuși (1876-1957) est un artiste majeur du début du XXe siècle, l’initiateur de la sculpture moderne. Il est à la sculpture ce que Picasso a été pour la peinture. S’il a fait ses débuts en Roumanie, son pays natal, c’est en France où il a émigré en 1904, qu’il est devenu l’artiste que l’on connaît.

Sa reconnaissance a été tardive en Roumanie. C’est en 2015 seulement que le Parlement a décrété une Journée Brâncuși (Ziua Brâncușilo), célébrée chaque 19 février, jour de son anniversaire. En 2016, le gouvernement roumain a lancé une souscription pour l’acquisition d’une œuvre de Brancusi dont le portrait figure désormais sur les billets de banques roumains. C’est un échec, en dépit d’une active communication avec pour slogan « Brâncuși est à toi ». L’œuvre, titrée La sagesse de la terre, sera tout de même achetée par l’État roumain qui, jusque-là, n’en possédait aucune.

Constantin Brancusi est peu retourné en Roumanie mais n’a jamais oublié son pays natal. En 1951, l’artiste prévoit de lui léguer l’ensemble de ses œuvres encore en sa possession. Refus des autorités communistes de Bucarest : « l’œuvre de Brancusi n’aide en rien la construction du socialisme en Roumanie » ! L’État communiste roumain le déchoit même de sa nationalité, Brancusi devient donc français en 1952, cinq ans avant sa mort à l’âge de 81 ans. Le contenu de son atelier de l’impasse Ronsin est légué au Musée national d’art moderne qui lui rendra un formidable hommage. Aujourd’hui, en effet, son atelier est visible, totalement reconstitué, sur le parvis du Centre Pompidou, à Paris. En 1955, Brancusi avait demandé à être enterré dans le cimetière de son village natal de Hobita, en Olténie. Nouveau refus des autorités roumaines… Brancusi repose au cimetière du Montparnasse à Paris.

Constantin Brâncuși a été élevé récemment au rang d’artiste national. Mais, l’hommage de la Roumanie a ses limites. En 2018, sa maison natale à Hobita s’est effondrée. L’État avait refusé de la prendre en charge…


Pour en savoir plus sur les Roumains devenus français, lire :  Ces Roumains qui font la France, deux siècles d’immigration en provenance de Roumanie et de Moldavie, éditions BiblioMonde

 

photo d’Edward Steichen, 1922

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Le Musée d’art moderne de Paris consacre une rétrospective à un artiste roumain devenu français

 

La vie de Victor Brauner (1903-1966) est marqué par des exils successifs. Il est né à Piatra Neamţ, en Moldavie. Sa famille doit fuir en Allemagne en 1907 pour échapper aux violences antisémites. Dans les années 1920, ce jeune roumain participe néanmoins à la vie artistique de Bucarest, avant de venir à Paris, une première fois en 1925, puis à nouveau, en 1930. Il y fréquente les milieux surréalistes, source d’inspiration de son œuvre. Les difficultés financières le contraigne à regagner la Roumanie en 1935 où il est en bute à nouveau avec l’antisémitisme d’un régime qui vire au fascisme. En 1938, il regagne la France. La guerre l’oblige à se cacher dans un village des Hautes-Alpes, faute d’avoir pu émigrer aux États-Unis, par manque d’argent. En avril 1945, il retrouve Paris et le monde de l’art. Seule la dernière décennie de sa vie, le succès venant, lui permettra de vivre un peu plus à l’aise. Il repose au cimetière Montmartre.

Cet artiste singulier est très peu connu en Roumanie et n’est pas près de l’être car la grande rétrospective de son œuvre qui devait avoir lieu cette année à Bucarest est annulée en raison de la Covid-19. Les Parisiens ont eu le temps de le découvrir en septembre, espérons que l’exposition rouvrira.

Le Musée d'art moderne de Paris lui consacre une exposition du 18 septembre 2020 au 10 janvier 2021 : Victor Brauner, Je suis le rêve. Je suis l'inspiration

Pour en savoir plus lire Ces Roumains qui font la France, par Bruno Teissier

 
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