L’Almanach international
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12 décembre : au japon, on dévoile le kanji de l’année
Chaque 12 décembre, au Japon, on publie le kanji (signe de l’écriture japonaise) de l’année. Celui-ci est choisi par un scrutin national dont le résultat est dévoilé, aujourd’hui, de manière solennelle dans un temple de Kyoto. Une manière comme une autre de saisir l’humeur de l’opinion japonaise.
Chaque 12 décembre, au Japon, c’est le Jour du kanji (漢字の日). Les kanjis sont des signes provenant de caractères chinois qui servent à écrire une partie de la langue japonaise. L’association chargée de leur promotion (日本漢字能力検定協会), a eu l’idée en 1995 de proposer un kanji de l’année (今年の漢字) qui est choisi par un scrutin national dont le résultat est dévoilé de manière solennelle au Kiyomizu-dera, un temple bouddhiste de Kyoto, le 12 décembre de chaque année.
Le caractère choisi de manière émotionnelle reflète généralement la principale émotion du moment. En 1995 le kanji qui a obtenu le plus de votes était shin (震 ) qui signifie tremblement de terre, en mémoire du séisme de Kobe, qui s'est produit le 17 janvier 1995. L’année suivant, le symbole choisi évoquait la nourriture (食 ), il faisait allusion à un scandale d’intoxication alimentaire affectant les programmes de repas scolaires. En 1997, c’était l’idée d’effondrement ( 倒 ), le Japon étant touché par la crise financière asiatique… En 2001, le kanji de l’année évoquait la guerre (celle du 11-Septembre et de l’Afghanistan), l’année suivante, il est question de « retour » ( 帰 ) : en 2002, cinq citoyens japonais enlevés par la Corée du Nord avaient pu revenir au Japon. En 2003, ce fut « tigre » ( 虎 ), les Japonais considérant que leur participation, même symboliquement, à la coalition américaine envahissant l’Irak revenait à « marcher sur la queue d'un tigre » (虎の尾を踏む)… En 2015, le terme de sécurité (安) évoque un attentat au sanctuaire de Yasukuni ainsi que les attaques terroristes à Paris. L’an dernier, en 2021, c’était le métal, l’argent, l’or ( 金 )… en référence aux JO de Tokyo qui se sont déroulés en juillet. Cette manifestation devenue populaire est une manière comme une autre de saisir l’humeur du moment au Japon.
Certains kanjis sont des versions simplifiées du hànzì chinois correspondant. Mais, il existe aussi des kanjis purement japonais qui n'ont pas d'équivalent en chinois. Il existe plus de 50 000 caractères kanji en japonais, mais en réalité, seuls 2 000 à 3 000 caractères sont couramment utilisés.
Mise à jour 13 décembre 2022 : C’est à nouveau le caractère 戦 (ikusa) qui a été sélectionné pour l’année 2022. Le caractère se lit aussi sen ou tatakau et représente le conflit, la bataille ou la guerre. Il évoque, bien sûr, la guerre en Ukraine mais aussi la lutte contre l’inflation qui a touché le Japon comme le reste du monde. Ce kanji avait déjà été sélectionné en 2001. Le deuxième choix des Japonais était le caractère 安 (san) qui évoque la sécurité, la paix, mais aussi “quelque chose de bon marché”, en référence sans doute à la chute historique yen.
En 2023 : c’est 税 : « les impôts ». En écho aux discussions sur les augmentations d'impôts qui ont eu lieu tout au long de cette année au Japon. En deuxième position est arrivé 暑 « chaud », évoquant le fait que la température estivale moyenne a été en 2023 la plus élevée depuis que l'Agence météorologique japonaise a commencé à tenir des statistiques. Et en troisième position, comme l’an dernier, 戦 « la guerre ».
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 décembre 2022