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1840, 6 février, Nouvelle-Zélande Bruno Teissier 1840, 6 février, Nouvelle-Zélande Bruno Teissier

6 février : la fête nationale contestée de la Nouvelle Zélande

L’ambiance de la fête nationale de Nouvelle Zélande n’est pas des plus sereine depuis le retour de la droite au pouvoir. C’est l’anniversaire d’un traité controversé entre les autochtones maoris et les colons anglais que l’on célèbre aujourd’hui. Ce traité a été signé à Waitangi, le 6 février 1840.

 

La Nouvelle Zélande a le mérite de ne pas avoir choisi comme fête nationale l’anniversaire de l’arrivée des premiers Euro­péens, comme le très controversé Australia Day. L’ambiance n’est pas pour autant plus sereine car on a opté pour la date d’un traité entre les autochtones maoris et les colons anglais. Ce traité a été signé à Waitangi, le 6 février 1840. C’était, il a 185 ans jour pour jour. D’année en année, les activistes maoris ont fait de Waitangi Day (Te Rā o Waitangi) une journée de protestation contre l’iniquité du traité qui leur a été imposé par le Royaume Uni. Beaucoup sont, en effet, convaincus que ce traité qui devait les protéger, les a en réalité grandement défavorisés. Surtout, depuis qu’ils ont pris conscience que les deux versions du texte en anglais et en maoris ne disaient pas vraiment la même chose.

Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les Maoris ont perdu le contrôle d’une grande partie des terres qu’ils possédaient, le plus souvent après des confiscations. Le fameux traité, était alors totalement ignoré. À partir des années 1950, les Maoris ont de plus en plus cherché à utiliser le Traité comme une base pour revendiquer des droits et récupérer les terres perdues. Les gouvernements des années 1960 et 1970 ont répondu en donnant au Traité un rôle de plus en plus central mais selon l'interprétation qu’en ont faite les Anglais. Car, comme on l’a vu, les deux versions divergent.

De fait, peu de commémorations importantes sont organisées pour l’anniversaire de ce jour fondateur de la Nouvelle-Zélande. Les Néo-Zélandais profitent généralement de ce jour férié qui tombe à la période la plus chaude de l’été, pour aller à la plage. Ceux qui ne partent pas, pourront se rendre au Summer Vibes North Shore Waitangi Day Festival à Auckland.

À Waitangi, lieu de signature du traité, les commémorations commencent généralement la veille, le 5 février. Dans les années 2000, des violences avaient régulièrement lieu, au point que la cérémonie avait été, un temps, déplacée à Wellington. Aujourd’hui, la protestation se limite à des débats vigoureux auxquels des politiciens néo-zélandais sont invités à participer. L'année dernière, on a connu un afflux sans précédent, quelque 80 000 personnes sont venues à Wataingi, soit quatre fois plus que lors des célébrations précédentes. C’était une réponse aux politiques du nouveau gouvernement de droite qui a succédé aux travaillistes. Le parti libertarien ACT (Association of Consumers and Taxpayers) membre de la coalition gouvernementale, milite même pour supprimer tout droit spécifique aux Maoris. D’ailleurs, cette année, Christopher Luxon, le premier ministre, a annoncé qu’il ne viendrait pas.

Célébré depuis 1934 seulement, car le traité avait été oublié et redécouvert au début des années 1930, ce jour n’est férié que depuis 1974, d’abord sous le nom de New Zealand Day puis de Waitangi Day ou te Tiriti o Waitangi.

Les Maoris forment une population d’un peu plus d’un million de personnes (en comptant la diaspora) et quelque 17% de la population néo-zélandaise actuelle.

À Londres, la ville où vivent le plus d’expatriés néo-zélandais, la fête nationale est célébrée par le Waitangi Day Charitable Ball, organisé par la New Zealand Society et lors duquel on décerne le prix du Néo-Zélandais de l'année au Royaume-Uni. Par ailleurs, il est aussi d’usage de faire la tournée des pubs en utilisant la Circle Line du métro londonien. Ce “Kiwi barathon”, comme on l’appelle, aura lieu ce samedi, le 8 février.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 février 2025

 
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