L’Almanach international
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19 février : la Journée de la démocratie au Népal, un pays où elle a rarement eu cours
Les Népalais célèbrent une révolution qui a mis fin à un système de premiers ministres héréditaires en 1951 mais qui n’a pas pour autant débouché sur la démocratie. Celle-ci, au Népal, est encore récente et bien hésitante.
Rastriya Prajatantra Diwas (राष्ट्रिय प्रजातन्त्र दिवस), la Journée nationale de la démocratie est célébrée à Tundikhel, dans le centre de Kathmandou, par un défilé militaire en présence des hauts responsables gouvernementaux et par des spectacles culturels. C’est un jour férié et chômé au Népal.
Cette Journée de la démocratie est présentée comme l’anniversaire de « l'entrée du Népal dans le monde moderne ». En 1951, un soulèvement populaire mettait fin à la dynastie des Rana qui régnaient sur le Népal depuis 1847. Les Rana formaient un clan qui a monopolisé le pouvoir pendant plus d’un siècle avec le soutien des Anglais. Les rois du Népal avaient alors perdu tout pouvoir et étaient relégués à une fonction de représentation. Le chef du gouvernement portant le titre de rana était toujours un membre du clan issu de la famille râjput Shumsher, lesquels se cooptaient de manière à perpétuer leur pouvoir. Ce siècle des Rana est vu comme une période sombre dans l’histoire du Népal.
Quand en 1947, les Britanniques se sont retirés de l’Inde (devenue indépendante le 15 août), cette oligarchie a perdu son principal soutien extérieur. Le Parti du Congrès indien n’a eu de cesse que de les chasser du pouvoir en provoquant une révolution en 1950. C’est avec son soutien que le roi Tribhuvan du Népal a finalement mis fin à leur pouvoir en janvier 1951. La primauté de la monarchie a été rétablie, tandis que le Congrès népalais obtenait la promesse que des représentants populaires élus seraient intégrés au nouveau gouvernement. C’est cet anniversaire que l’on célèbre chaque année au Népal par ce Jour de la démocratie.
Cela dit, cette révolution n’a pas pour autant instauré la démocratie. Loin de là, Il faudra attendre 1959 pour que le Népal connaissances ses premières élections parlementaires qui déboucheront sur un régime contesté par l’opposition. Dès 1960, le Népal connaît un retour à une monarchie absolue (celle du roi cette fois), qui a duré jusqu’en 1990, laissant la place à une monarchie constitutionnelle très chaotique, avec une alternance de régimes autoritaires et de crises gouvernementales sur fond de guérilla maoïste. Le Parlement a été suspendu encore une fois de 2002 à 2006. En 2008, le Népal est finalement devenu la République démocratique fédérale du Népal sans pour autant échapper l’instabilité gouvernementale. Si le régime actuel s’apparente à la démocratie, celle-ci a très peu existé depuis la révolution de 1951 que l’on commémore aujourd’hui.
Cette Journée nationale de la démocratie est célébrée chaque 7 Falgun, le septième jour du onzième mois de l’année du calendrier népalais, lequel débute à la mi-février pour se terminer à la mi-mars, soit le 19 février. En vérité, les autorités ont prévu trois jours de célébration, les 6, 7 et 8 du mois de Falgun, cette année 2079. En effet, le calendrier népalais a débuté en 57 avant J.-C., si bien que pour encore deux mois, nous sommes en 2079.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
29 janvier : le Népal célèbre ses martyrs
Ces martyrs que le Népal honore d’un jour férié sont tous ceux qui ont perdu la vie en luttant contre le pouvoir absolu de la famille Rana qui a régné sur le Népal pendant plus d’un siècle (de 1846 à 1951), mais aussi tous les morts de la guerre civile qui s’est terminée en 2006.
Ces martyrs que le Népal honore d’un jour férié sont tous ceux qui ont perdu la vie en luttant contre le pouvoir absolu de la famille Rana qui a dirigé le Népal pendant plus d’un siècle (de 1846 à 1951), avec le soutien des Britanniques, ainsi que les victimes de la récente guerre civile. À cette époque, le roi était relégué à une simple poste de représentation, le pays était dirigé de manière autoritaire par une dynastie de premier ministre, les Rana.
Le premier martyr officiel est Lakhan Thapa Magar. Il fut le premier à se rebeller contre Jung Bahadur, le premier ministre qui a pris le pouvoir en 1846 et s’est arrogé le titre héréditaire de Rana. Sous cette lignée, autoritaire et très corrompue, toute dissidence était interdite, l’éducation a été volontairement négligée afin de maintenir le peuple sous sa coupe. Le titre de Rana a, finalement, été aboli en 1951, lors d’une révolution constitutionnelle et la dynastie de premiers ministre chassée du pouvoir. La liste des martyrs comprend également Dharma Bhakta Mathema, Gangalal Shrestha, Dashrath Chand et Shukraraj Shastri. Tous ont été exécutés fin janvier 1941. C’est cet anniversaire qui tombe le 16 Magh du calendrier népalais (soit le 29 ou le 30 janvier du calendrier grégorien) qui est célébré aujourd’hui comme le Jour des martyrs ou Shaheed Diwas ( सहिद दिवस ). Un cinquième révolutionnaire, Ramhari Sharma, leur est souvent associé. Il est qualifié de martyr vivant, car étant brahmane, il n'a pas été exécuté.
À ces martyrs historiques, on associe aussi les quelque 13 0000 Népalais qui ont perdu la vie pendant la guerre civile entre le camp monarchique et les rebelles maoïstes qui a ensanglanté le Népal de 1996 à 20006. C’est leur mémoire que la Journée des martyrs (Shahid divas) a été réactivée et rendue fériée et chômée.
La porte des Martyrs (Shahid gate), le monument aux martyrs, a été érigée à Katmandou, la capitale du Népal. Le premier ministre et les hauts fonctionnaires se doivent de visiter ce monument aussitôt après avoir prêté serment. De nombreux parcs et rues au Népal portent le nom des martyrs pour honorer leur contribution au développement du pays. Les commémorations durent généralement toute la semaine qui précède, à l’instar de la compétition de la ligue de football Shahid Memorial A-division, organisée par l'Association népalaise de football et qui dure une semaine, c'est-à-dire du 10 au 16 Magh.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde