L’Almanach international
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14 juillet : l’Irak célèbre la chute de la monarchie
Le Jour de la république irakienne est une fête nationale qui célèbre la chute de la monarchie hachémite et l’instauration d’une république irakienne en 1958.
Le Jour de la république irakienne (يوم الجمهورية) est une fête nationale qui célèbre la chute de la monarchie hachémite et l’instauration d’une république irakienne. en 1958
Le 14 juillet 1958, un coup d'État renversait la monarchie hachémite . Le roi et la reine étaient tués lors de ce soulèvement dont la date n’avait pas été choisie au hasard. Cette révolution menée au son de la Marseillaise, diffusée toute la journée à la radio, avait amené Abd al-Karim Qasim au pouvoir, comme Premier ministre de la nouvelle république. De 1968 à 2005, le jour de la République irakienne a été la fête nationale officielle du pays, jusqu’à ce que le Jour de l'indépendance de l'Irak, le 3 octobre, soit instauré comme fête nationale de l'Irak.
Le 14 juillet a été déclaré Jour de la République en Irak en 2005. Une statue d'Abd al-Karim Qasim a été érigée la même année au centre de Bagdad.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 juillet 2024
11 avril : le centenaire de la Jordanie sur fond de frictions dans la famille royale
La Jordanie fête son centenaire en tant qu’État. Un État encore sous tutelle britannique. Le pays n’était pas encore indépendant en 1921, il ne le sera qu’en 1946, mais ce 11 avril 2021, le pays a tenu à célébrer le centième anniversaire de la formation, par l’émir Abdallah, du tout premier gouvernement jordanien.
La Jordanie fête son centenaire en tant qu’État. Un État encore sous tutelle britannique. Le pays n’était pas encore indépendant en 1921, il ne le sera qu’en 1946, mais ce 11 avril 2021, le pays a tenu à célébrer le centième anniversaire de la formation, par l’émir Abdallah, du tout premier gouvernement jordanien.
On parle très peu de la Jordanie, laquelle s’est pourtant offert ces derniers jours une crise politique peu habituelle : la brouille entre le roi Abdallah (arrière-petit-fils de l’émir fondateur du pays) et son demi-frère, Hamzah. Comme il se doit, cette affaire de famille a été réglée promptement dans la discrétion des palais feutrés du royaume. C’est toutefois une crise politique qui pourrait bien ressurgir et avoir des répercussions sur la stabilité de ce pays fragile.
Il y a un siècle, bien peu auraient parié sur l’avenir politique de ce territoire inventé par les Anglais pour de simples raisons conjoncturelles. Le pays ne repose sur aucune réalité historique hormis de majestueuses ruines antiques dont le souvenir s’était totalement perdu. Ce bout de désert délimité par les Britanniques n’abritait au début du XXe siècle que quelques bourgades de quelques milliers d’habitants et des tribus bédouines nomades et réfractaires à l’idée de frontière. Aucune richesse connue à l’époque et aujourd’hui encore.
Pendant la Première guerre mondiale, Français et Anglais avaient fait la promesse aux élites locales de la création d’un grand royaume arabe bâti sur les décombres de l’Empire ottoman (alors alliés à l’Allemagne). Hussein, le chérif de La Mecque, de la famille des Hachémites, se voyait déjà le monarque de cet État qui aujourd’hui, grâce au pétrole, serait devenu une puissance incontestable.
On le sait, la promesse n’a pas été tenue. Elle ne devait de toute manière pas l’être puisque Français et Anglais se sont partagé secrètement la région dès 1916 (accords Sykes-Picot). La Syrie aux Français, tout le reste aux Anglais. En 1918, le chérif Hussein qui avait envoyé son fils Fayçal à la conférence de Versailles, le comprend très vite. On cherche alors des compensations. Sur un malentendu, Fayçal monte sur le trône de Damas. Il sera très vite chassé de Syrie par les Français qui ne voulaient gérer un royaume. Les Anglais lui proposent le trône d’Irak qui avait été promis son frère Abdallah. Pris de court on propose donc à ce dernier de venir régner à Amman, sur le petit territoire de Transjordanie délimité par les Anglais et qui n’avait pas du tout vocation de devenir un royaume. Damas et Bagdad avaient été des capitales arabes prestigieuses au Moyen Âge, Amman au contraire était une petite ville de province sans aucune prestance. Ce choix imposé ne fut pourtant pas le pire. La monarchie irakienne a été balayée quelques décennies plus tard alors qu’Amann est toujours la capitale d’une monarchie et la couronne sur la tête d’un descendant d’Abdallah.
À l’époque, ce petit pays a été baptisé Transjordanie, un nom inventé pour l’occasion car vu de Jérusalem où étaient établis les Anglais, ce territoire était situé de l’autre côté du fleuve Jourdain. En 1950, la Cisjordanie viendra agrandir le royaume qui désormais s’appellera Jordanie. On le sait, depuis 1967, la Cisjordanie est occupée par Israël, mais le pays réduit aujourd’hui à l’ancienne Transjordanie a conservé son nouveau nom.
Pourquoi avoir ainsi inventé un pays ? Ce territoire n’était, de fait, pas destiné en devenir un. Londres voulait juste créer un espace tampon pour stabiliser la géopolitique régionale. Devenant un petit royaume, cette zone tampon a parfaitement joué son rôle. Pour les Anglais, il fallait d’abord, borner le mandat britannique par rapport aux Français. Depuis Damas, ces derniers pouvaient avoir des visées sur la région.
Ensuite, il fallait surtout empêcher un éventuel royaume arabe dont l’idée n’était pas totalement abandonnée, d’atteindre la Méditerranée. Un émir du Nejd, de la famille des Séoud, commençait à élargir son influence. Sa conquête du ventre mou désertique de l’Arabie n’inquiétait guère. On n’avait pas conscience à l’époque de la richesse pétrolière de la région et de l’importance géopolitique qu’aurait cette matière un peu plus d’un demi-siècle plus tard. Il fallait surtout que Abdelaziz Ibn Séoud ne mette pas la main sur la Palestine, la région la plus riche à l’époque en raison de ses ressources en eaux. L’Arabie Séoudite sera créée en 1932, cantonnée par les Anglais au centre de la péninsule.
Enfin, les Anglais qui n’étaient pas avares de promesses avaient aussi promis en 1917 la constitution d’un « foyer national juif » en Palestine (déclaration Balfour). Ce n’était d’un courrier du ministre des Affaires étrangères britannique à un membre éminent de la communauté juive de Londres, mais cette missive a eu un tel impact politique que Londres a craint de se laisser déborder. Borner la Palestine au niveau du Jourdain paraissait plus prudent.
Finalement, c’est l’utilité géopolitique de ce territoire qui lui a valu de se pérenniser et de finalement, un quart de siècle plus tard, être admis aux Nations Unis comme État indépendant, le morcellement du Proche orient étant alors perçu comme définitif. La Jordanie a surmonté bien des crises. Le conflit israélo-palestinien a bien failli provoquer sa perte. Mais le roi Hussein, père du monarque actuel, a tenu bon. Mais cette question demeure sa principale fragilité. Comment exister face à la puissance israélienne sans avoir l’air de trahir les Palestiniens ? Eux-même constituent la majorité de la population, la plupart toujours considéré comme des réfugiés provisoires, même si on en est aujourd’hui à la troisième ou quatrième génération.
Et si, au contraire, la principale fragilité se nichait au cœur même du Palais royal ? Dans la brouille entre le roi Abdallah et son jeune demi-frère le prince Hamzah. Ce dernier était le préféré du roi Hussein, leur père commun, disparu en 1999. D’ailleurs, il lui ressemble tellement que la population en le voyant est prise de nostalgie. Les Jordaniens ont du mal à s’identifier à Abdallah, ce roi aux yeux bleus qu’ils trouvent bien trop occidentalisé. Hamzah ne complote pas vraiment contre son frère mais se plaît à écouter les doléances du peuple, notamment les critiques concernant la corruption des élites proche du Palais. Cela de quoi profondément agacer Abdallah qui a ordonné la semaine dernière une série d’arrestations dans l’entourage du prince. À la mort du Hussein, Abdallah a hérité du trône et Hamzah du titre de prince héritier. Titre qui lui a été retiré par le roi au profit de son propre fils. La logique est dynastique mais l’humiliation a été grande pour le prince rebelle sûr de son soutien parmi le peuple. Mais comme en 1921, personne n’a intérêt à une déstabilisation de la région. Joe Biden s’est précipité la semaine dernière pour soutenir le monarque lequel s’était mis à dos Donald Trump. Depuis, tout est sous contrôle, affirme-t-il. Le centenaire du 11 avril peut être célébré de manière sereine. Au moins en façade.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde