L’Almanach international

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Nouvel an, Chili, Argentine, Amérindiens, 21 juin Bruno Teissier Nouvel an, Chili, Argentine, Amérindiens, 21 juin Bruno Teissier

21 juin : le nouvel an des Mapuches

We Tripantu est le jour le plus court de l’année, un jour sacré pour les Mapuches, peuple autochtone du Chili et de l’Argentine. C’est le début de l’hiver, ce matin, ils se sont réveillés à l’aube d’une nouvelle année. En 2021, le Chili a fait de cette date la Journée nationale des peuples autochtones.

 

Hier soir, c’était We Tripantu, le jour le plus court de l’année, un jour sacré pour les Mapuches, peuple autochtone du Chili et de l’Argentine. Cette année, le solstice d’hiver (nous sommes dans l’hémisphère sud) tombe dans la soirée du 20 juin. Les familles se sont réunies autour d’un grand feu. Ce matin, elles se sont réveillés à l’aube d’une nouvelle année. Ce jour est donc le nouvel an des Mapuches mais aussi celui des Aymaras et des Rapa Nuis (les habitants de l’île de Pâques).

Le 21 juin, d'autres cérémonies d'une profonde signification sacrée et spirituelle sont célébrées par le peuple Mapuche : le Katan Kawin , qui consiste à présenter officiellement les garçons et les filles devant le reste des familles Mapuche. Le rite de présentation consiste en le Katan , le perçage des oreilles et la mise en place d'anneaux qui symbolisent le nouveau rôle social qui est assumé. De plus, dans certains cas, ils reçoivent un nom propre original, des noms philosophiques, parfois rêvés par les parents, par les anciens, et pour une raison quelconque, ils ne pouvaient pas être enregistrés à l’état civil.

Cette fête a été déclarée comme Journée nationale des peuples autochtones, c’est un jour férié au Chili depuis 2021. La célébration de ce jour avait été instituée par décret suprême sous le gouvernement d'Eduardo Frei en 1998, mais n’est un jour férié que depuis peu. Au sein des communautés autochtones du Chili (13% de la population), les festivités durent jusqu’au 24 juin.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1781, Bolivie, cultures précolombiennes Bruno Teissier 1781, Bolivie, cultures précolombiennes Bruno Teissier

24 janvier : le culte d’une divinité pré-hispanique en Bolivie

Aujourd’hui, à La Paz en Bolivie, débute la Feria de las Alasitas une foire des miniatures basée sur un culte précolombien en l’honneur d’Ekeko, dieu andin de la prospérité et de l’abondance.

 

Des centaines de personnes se rassemblent au parc urbain central de la ville de La Paz à 00h00 précise, ce mardidi 24 janvier pour accomplir une tradition de gratitude envers les Ekeko. Aujourd’hui, en effet, débute la Feria de las Alasitas, la principale fête de la capitale bolivienne. La fête dure deux semaines, mais le 24 janvier précisément on y honore une divinité précolombienne, Ekeko, le dieu de la prospérité et de l’abondance. Alasitas est une foire, d’ailleurs, le mot « alasitas » signifie « achète-moi » en langue aymara.

Pendant des siècles, le culte des divinités autochtones a été interdit par les Espagnols. En Bolivie, la situation a changé après le siège de La Paz en 1781 par un groupe d'Aymaras conduit par Túpac Katari. Après avoir repoussé les Aymaras, le gouverneur Sebastian de Segurola a rétabli la célébration en l'honneur d'Ekeko en signe de bonne volonté. Cependant, il l’a déplacé au 24 janvier pour honorer en même temps la patronne de la ville, Notre-Dame de la Paix (Nuestra Señora de La Paz ), pensant que la vierge avait aidé les Espagnols à repousser une armée rebelle aymara de quarante mille hommes qui par deux fois en 1781 avait mis le siège devant la ville de La Paz.

Dans la culture amérindienne, Ekelo était célébré à l’occasion du solstice d’été, vers le 21 décembre, et non le 24 janvier comme en ont décidé les Espagnols. Il était représenté jadis sous la figure d’un petit bonhomme dodu et bossu pourvu d’un phalus disproportionné, symbole de fertilité. La communauté andine des Kallawayas, aujourd’hui encore, a conservé cette représentation. Mais le 24 janvier, à la Paz, l’effigie de l'Ekeko prend l’allure d’un petit homme, aux traits indigènes. Il est gros – il faut rappeler qu'il est le dieu de l'abondance, il ne peut donc pas être maigre – et porte le costume traditionnel bolivien, avec un bonnet andin. La figurine a la bouche ouverte pour y placer une cigarette allumée. La croyance populaire indique que si la cigarette n’est consommée qu’à moitié, elle n'apportera ni prospérité ni souhaits à celui qui l'offre. La miniature doit être installée au domicile de chaque personne et être surveillée tous les mardis et vendredis en changeant sa cigarette ou en lui offrant de l'alcool.

Durant la foire de l’Alasita, les visiteurs achètent des miniatures représentant de l’argent, des voitures, des maisons, du matériel de construction, des vêtements, de l’électroménager, de la nourriture … espérant que tout cela se fera réalité dans le futur. Le 24 janvier, des gens de toute la Bolivie viennent à La Paz pour acheter des versions miniatures des objets qu'ils souhaitent avoir ou réaliser au cours de l'année qui vient.

Même édulcorées, beaucoup de traditions précolombiennes ont connu un renouveau depuis la présidence Evo Moralès. L’Unesco a déclaré la Feria de las Alasitas, patrimoine culturel et immatériel de l'humanité, préservant même une tradition pré-hispanique typique des habitants des hauts plateaux andins.

 

Si on rêve d’avoir une maison, il convient de l’acheter d’abord en miniature et de la faire bénir dans l’espoir que le vœux se réalisera

Le parc urbain central de la ville de La Paz (photo Alvaro Montes)

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