L’Almanach international
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21 novembre : les Serbes de Bosnie-Herzégovine célèbrent la paix et reconnaissance de leur république
Le 21 novembre est un jour férié et chômé en Republika Srpska. Celle-ci, en 1995, obtenait sa reconnaissance internationale mais dans le cadre d’une fédération de Bosnie-Herzégovine dont elle s’applique à saper les fondements. C’est tout le paradoxe de ce jour férié serbe.
Le 21 novembre est un jour férié et chômé en Republika Srpska. La république serbe qui avait été fondée illégalement le 9 janvier 1992, obtenait le 21 novembre 1995 sa reconnaissance internationale mais dans le cadre d’une fédération de Bosnie-Herzégovine dont elle s’applique à saper les fondements. C’est tout le paradoxe de ce jour férié serbe.
Le 14 décembre 1995, un accord de paix signé au Palais de l'Élysée à Paris, mettait officiellement fin à quatre années de guerre en Bosnie-Herzégovine. La signature de cet accord a été précédée par un accord-cadre signé le 21 novembre de la même année à Dayton, dans l'Ohio, aux États-Unis. Ce document organisait la Bosnie-Herzégovine en tant qu'État composé de trois peuples constitutifs et d'autres.
L’accord comprend 11 annexes, dont l’annexe 4 – Constitution de la Bosnie-Herzégovine. Elle confirme la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de la Bosnie-Herzégovine en tant qu’État. Il est établi que la Bosnie-Herzégovine est constituée de deux entités autonomes de taille à peu près égale, la Fédération de Bosnie-Herzégovine (Federacija Bosne i Hercegovine, FBH) et l’entité de la République serbe (Republika Srpska, RS), et qu’elle est composée des peuples bosniaques, croates et serbes, ainsi que d’autres peuples. La présidence de l’ensemble est composée de trois membres : un représentant bosniaque, un représentant croate et un représentant serbe. Voilà comment fonctionne la Bosnie-Herzégovine depuis 1995.
Des deux entités, seule la république autonome serbe commémore sa création par un jour férié, le 21 novembre : Jour de la création de l'Accord-cadre général pour la paix en Bosnie-Herzégovine (Дан успоставе Општег оквирног споразума за мир у Босни и Херцеговини). Mais tout en faisant en sorte qu’un jour, le fragile édifice politique mis en place le 21 novembre finisse par s’effondrer. Les dirigeants serbes y travaillent depuis des années avec le soutient de la Serbie et de la Russie. Début 2021, Milorad Dodik, le dirigeant ultranationaliste de la république serbe annonçait une série de mesures visant à séparer la république dont il a pris la tête de l’État fédéral bosnien, notamment en termes de justice, d’armée et d’imposition. L’objectif ultime des dirigeants serbes est l’indépendance totale, voire un rattachement à la Serbie. Les États-Unis, cosignataires de l’accord, ont aussitôt pris des sanctions financières à l’encontre du dirigeant d’extrême droite qui trahit les accords de Dayton que sa république fêtent ce jour, une célébration aussi modeste que paradoxale, tant les dirigeants serbes rêvent de voir un jour ces accords voler en éclat.
Plusieurs signataires dont la France condamnant plus particulièrement l’adoption par l’Assemblée nationale de la Republika Srpska, le 19 avril 2024, des projets de loi sur les élections, les référendums et sur l’immunité, y voyant une atteinte à l’ordre constitutionnel de la Bosnie-Herzégovine.
La rupture du fragile équilibre géopolitique mettrait inévitablement la paix en péril, car cela déboucherait sur un éclatement de la Bosnie-Herzégovine, cela ressusciterait les ambitions nationalistes croates, donnerait des idées aux Albanais et aux Kosovars, menacerait l’existence du Monténégro et de la Macédoine du Nord… mettrait à nouveau l’ex-Yougoslavie à feu et à sang. Les guerres yougoslaves sont déjà à l’origine de quelque 150 000 morts, d’où le souci de la majorité des signataires de Dayton de les empêcher de reprendre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 novembre 2024
17 mai : pour ne pas oublier le panchem-lama
Des manifestations de Tibétains ou d’amis du Tibet se déroulent un peu partout dans le monde, ce 17 mai ou au cours du week-end qui vient, en soutien du panchem-lama, le deuxième plus grand chef spirituel du bouddhisme tibétain, avec le dalaï-lama. Il a été enlevé par le régime communiste chinois, le 17 mai 1995, et n’est plus jamais réapparu.
Des manifestations de Tibétains ou d’amis du Tibet se déroulent un peu partout dans le monde, ce 17 mai ou au cours du week-end qui vient. À Paris, un rassemblement aura lieu samedi, 18 mai, place de la Bastille en soutien au panchem-lama, le deuxième plus grand chef spirituel du bouddhisme tibétain, avec le dalaï-lama. Il a été enlevé par le régime communiste chinois, le 17 mai 1995, et n’est plus jamais réapparu.
Depuis le 17 mai 1995, personne n’a vu celui qui n’était encore qu’un petit garçon de six ans, appelé Gedhun Choékyi Nyima, alors âgé de six ans. Ce qui a fait de lui le plus jeune prisonnier politique du monde. Deux jours plus tôt, il venait d’être reconnu par le dalaï-lama comme étant une réincarnation du panchen-lama, ou "grand érudit" en tibétain. Il a été enlevé et amené en Chine avec sa famille. On ne sait pas, aujourd’hui, s’il est vivant ou mort. On peut juste imaginer le visage qu’il aurait aujourd’hui. Son image a été minutieusement construite en consultation avec des Tibétains, en utilisant des informations exhaustives par l’artiste, Tim Widden. Le 25 avril dernier, on a tout de même fêté ses 35 ans.
À sa place, les autorités chinoises ont nommé un faux panchen-lama pour le remplacer. Une personne qu’on puisse manipuler pour servir les intérêts chinois. L’enjeu est de taille pour Pékin, car si le dalaï-lama participe à la désignation du pandem-lama, cette cooptation est réciproque. Or, Tenzin Gyatso, l’actuel dalaï-lama, qui vit en exil qour échapper à l’emprise chiboise, est aujourd’hui âgé de 88 ans. Il va bientôt falloir lui trouver un successeur, ou plutôt une réincarnation. Pékin veut contrôler cette désignation comme il contrôle le Tibet que les Chinois occupent depuis 1959. L’objectif est l’effacement complet de la culture tibétaine afin d’annihiler toute velléité d’indépendance du Tibet.
༸པཎ་ཆེན་སྐུ་འཕྲེང་ ༡༡ པ་དགེ་འདུན་ཆོས་ཀྱི་ཉི་མ་རིན་པོ་ཆེ་མཆོག་གང་མགྱོགས་སུ་གློད་གྲོལ་བྱ་དགོས། །
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 mai 2024