L’Almanach international
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23 mars : les Boliviens ne se consolent pas d'avoir perdu la mer
Les enfants des écoles défilent en chantant l’hymne à la mer. Hier, c’étaient des éléments de la marine nationale qui paradaient dans les rues de La Paz. Le Bolivie célèbre la mer, la mer perdue il y a près d’un siècle est demi. Aujourd’hui, le pays est enclavé à l’intérieur du sous-continent, à plusieurs centaines de kilomètres du littoral confisqué. Le peuple bolivien ne s’en est jamais remis.
La Paz s'habille en bleu pour commémorer la perte du littoral bolivien et réaffirmer son droit à la mer. Les enfants des écoles défilent en chantant l’hymne à la mer. Hier, c’étaient des éléments de la marine nationale qui paradaient dans les rues de la capitale. Chaque 23 mars, le pays fête la mer, ou plutôt pleure la mer qu'elle a perdue, car aujourd’hui, la Bolivie est un pays enclavé à l’intérieur du sous-continent. Le littoral perdu est situé à plusieurs centaines de kilomètres. Cela, depuis 146 ans, les Boliviens ne l’ont jamais accepté.
Jusqu’en 1879, la Bolivie possédait une province qui s’ouvrait sur le Pacifique, avec un littoral long de 400 km, située entre le Pérou et le Chili. Cette région lui a été confisquée par le Chili, vainqueur de la « guerre du Pacifique ». Depuis, la Bolivie ne rêve que de récupérer son accès à la mer. En 2013, le président Morales a une fois encore porté l’affaire devant la justice internationale en poursuivant le Chili devant la CIJ de La Haye. Ce fut l’un des plus importants procès internationaux de ce début du XXIe siècle. Le 23 mars 2018, le président avait fait dérouler le plus long drapeau du monde sur plus de 200 km, sur l'autoroute qui relie les départements de La Paz et d'Oruro en mobilisant pour cela 4 000 membres de la marine bolivienne. Car la Bolivie a bien une marine militaire… La réponse, finalement, est tombée en octobre 2018, en défaveur de la Bolivie. Le Chili, selon le tribunal de La Haye, ne lui doit rien. Ce n’est que partie remise, pense-t-on à La Paz…
Certes, les ports d’Arica et d’Iquique, devenus chiliens, sont ouverts aux échanges de marchandises avec la Bolivie. Le Pérou, qui avait appuyé La Paz lors du conflit de 1879, lui a même concédé 5 km de plages, près de la frontière chilienne, en vue d’y aménager des installations portuaires. Rien n’y fait, la mer fait partie intégrante de l’imaginaire national. Le Día del Mar (Jour de la mer) permet, chaque 23 mars, date de l’ultime bataille de la guerre du Pacifique contre le Chili, de rassembler la nation vers un objectif commun, fut-il chimérique.
La principale cérémonie se déroule à La Paz, le matin du 23 mars sur la place Abaroa que les autorités ont fait restaurer ces derniers jours afin de mieux accueillir la manifestation. L’après-midi, un défilé militaire parcourt les avenues 16 de julio et Mariscal Santa Cruz jusqu'à la Plaza de los Héroes. Puis, l’urne contenant les restes d’Eduardo Abaroa, héros de la guerre du Pacifique, est sortie de l’église San Francisco pour être conduite place Eduardo Abaroa où elle est honorée telle la dépouille d’un saint.
À Santa Cruz, l’autre grande ville du pays, l'un des plus grands projets immobiliers d'Amérique latine, est en cours de construction. On y construit le deuxième plus grand lagon artificiel au monde dans une copropriété privée. Le complexe d'habitation et la lagune sont promus avec le slogan « la mer devant votre maison ». On se console comme on peut.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 mars 2025
Le 23 mars 2018, on déroulait un drapeau long de 196,5 kilomètres
21 mai : la Journée des gloires maritimes
Chaque ville chilienne organise un défilé militaire chaque 21 mai, mais au Chili, l’épicentre des cérémonies se déroule généralement à Valparaiso, sur la Plaza Sotomajor, où se trouve le Monument aux héros d’Iquique…
Cette journée, El Día de las Glorias Navales, commémore une défaite du Chili. C’est l’anniversaire de la bataille navale d’Iquique qui s’est déroulée le 21 mai 1879, il y a 140 ans jour pour jour, un épisode de la guerre du Pacifique qui a opposé le Chili à la coalition du Pérou et de la Bolivie. En dépit de cette défaite devant un port péruvien, le Chili a finalement gagné cette guerre et agrandi son territoire aux dépens de la Bolivie qui perdra tout accès à l’océan.
Chaque 21 mai, toute ville chilienne se doit d’organiser un défilé, mais l’épicentre des cérémonies se déroule généralement à Valparaiso, sur la Plaza Sotomajor, où se trouve le Monument aux héros d’Iquique (photo).
Hier soir, un Te Deum a été joué dans la cathédrale d’Iquique, port du Pérou devant lequel s’est déroulée la bataille. Le 21 au matin, l'acte solennel a lieu sur la Plaza Capitán Prat, en présence des autorités régionales et de la marine nationale. Peu avant midi, on organise un pèlerinage nautique jusqu’à la bouée qui marque le point exact du naufrage de la corvette Esmeralda, suivi par de nombreux bateaux, ornées de drapeaux pour la circonstance. À 12h10 précise (synchronisé avec Valparaiso, Santiago et Talcahuano), un hommage est rendu à l’Esmeralda, avec les honneurs de sifflets, clairons et de 21 armes à feu. L'hommage se termine par le lancement d'offrandes florales à la mer.