7 octobre : Notre-Dame du Rosaire contre les Turcs
L’Église catholique célèbre aujourd’hui la fête de Notre-Dame du Rosaire. Elle le fait de façon plus solennelle encore à Lourdes où les dominicains organisent chaque année, le grand pèlerinage du Rosaire dans la basilique du même nom qui débute dès le 6 octobre au soir et dure trois jours.
Cette fête fut instituée par le pape Pie V suite à la victoire de Lépante, dans le golfe de Patras (Grèce), le 7 octobre 1571. La Sainte-Ligue coalisée par le Pape écrasait la flotte du sultan d’Istanbul et mettait fin aux ambitions ottomanes en Méditerranée occidentale. Cette victoire fut considérée comme un miracle obtenu par la prière du Rosaire à laquelle toute la chrétienté avait participé à la demande du pape dominicain (la dévotion au rosaire ayant été initiée par l’ordre de Saint-Dominique). Depuis lors, l’Église continue d’honorer, chaque 7 octobre, la vierge du Rosaire qu’elle invoque aujourd’hui sous les vocables de « Notre-Dame de la Victoire » (de Lépante) ou de « Secours des chrétiens ». Il s’agit de remercier Dieu, par l’intercession de la Vierge, d’avoir sauvé l’Europe de l’invasion turque.
Longtemps, cette fête était fixée au premier dimanche d’octobre. C’est le pape Pie X, en 1913, qui l’a finalement placée le 7 octobre. Plusieurs basiliques portent le nom de Notre-Dame du Rosaire, notamment à Lourdes, Fatima… mais aussi de nombreuses églises de par le monde. La dernière construite est celle de Doha, au Qatar, inaugurée en 2008 et pouvant accueillir 1200 fidèles. À Bruxelles, Montréal, Tunis, Détroit… Dans, celle de Paris, dans le 14e arrond., une messe a été dite, avec un jour d’avance, ce dimanche 6 octobre, suivie d’une veillée pour l’occasion.
Il est à noter que la Sainte-Ligue anti-ottomane qui a écrasé la flotte d’Ali Pacha, comprenait l’Espagne des Habsbourg, République de Venise et bien sûr, les États du Pape. Le royaume de France, en revanche, était depuis 1536, l’allié des Turcs. La géopolitique et la realpolitik s’imposaient déjà face aux solidarités religieuses. Toutefois, une seconde victoire contre les Ottomans, en 1716 à Petrovaradin (Serbie) verra la fête étendue à l’ensemble de l’Église catholique de rite latin, y compris en France.
En 2024, la coïncidence des dates amène évidemment l’Église catholique à avoir une pensée pour les victimes juives des massacres du 7 octobre perpétrés par le Hamas. Ce n’est pas un hasard si le Pape François a choisi la date du 7 octobre 2024 pour instituer une journée de jeûne et de prière pour la paix mondiale car dans les mois qui ont suivi, des dizaines de milliers de Palestiniens et, depuis peu de Libanais, ont été à leur tour massacrés. Sans oublier les autres guerres, au Soudan, en Ukraine, en Birmanie…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 octobre 2024