6 décembre : la mort de Malik Oussékine toujours dans les mémoires
Dans l’histoire des bavures policières, il en est un qui a frappé les esprits plus que d’autres et qui est régulièrement commémoré. En 2006, Bertrand Delanoë, faisait poser une plaque sur les lieux du drame, disons plutôt du crime. « À la mémoire de Malik Oussekine / étudiant / âgé de 22 ans / frappé à mort / lors de la manifestation / du 6 décembre 1986 ». La plaque le mentionne pas la qualité de policier en service des agresseurs, lesquels ne seront pas emprisonné pour leur crime. Le ministre de l’Intérieur s’appelait Charles Pasqua. « Je vous vous couvre » avait-il dit aux forces de l’ordre quelques jours plus tôt. Très vite les bavures se sont multipliées. Celle qui coûté la vie au jeune Malik Oussékine sera celle qui fera prendre conscience de cette dérive.
On était dans une période manifestations étudiantes contre une réforme très controversée des universités. Malik Oussékine ne faisait pas partie des manifestants, ce soir du 5 décembre 1986, il sortait d’un club de jazz. Vers minuit, trois policiers « voltigeurs » le prennent en chasse sans qu’il ait commis la moindre infraction. Il parvient à se réfugier dans un hall d’immeuble, aidé par un habitant qui rentrait chez lui. Malheureusement, l’un des policiers parvient lui aussi à se glisser à l'intérieur et ouvre à ses deux collègues. Les trois CRS rouent de coups de pied et de matraque, dans le ventre et dans le dos, Malik Oussekine, tombé à terre, qui leur dit pourtant qu'il n'a rien fait. La victime, frappée à mort, ne se relèvera pas. Dans ce hall, pas de caméra, mais un témoin qui lui même a reçu quelques coups de matraque et pourra témoigner de la violence de l’intervention policière, laquelle était sans aucun objet. L’émotion a été très forte sur le moment. Les policiers ont été jugés aux assises plusieurs années après les faits et n’ont écopé que d’une peine symbolique. Aucun n’est allé en prison ni avant ni après le procès. Les leçons n’ont pas été tirées.