LANGUEs ET POLITIQUE
Les enjeux de langues sont un aspect majeur des rivalités de pouvoir comme des questions identitaires qui nourrissent nombreux conflits actuels dans le monde. Cette collection se propose se faire le tour de leurs aspects politiques, de géopolitiques, de sociolinguistiques…
ISSN : 3001-7149
Les Marocains et leurs langues
Ce que parler quatre ou cinq langues veut dire
Farid Bahri
Quelle langue parle-t-on au Maroc ? La question paraît anodine. La réponse, pourtant, est loin d’être évidente, tant il y a de langues dans ce pays. Chacune a un rôle bien spécifique mais toutes définissent des projets identitaires bien distincts, qui peuvent être antagonistes. L’auteur analyse chacune d’elles non sur le plan linguistique, qui n’est pas l’objet du livre, mais sur la place qu’elles occupent dans la société marocaine et dans la politique de l’État marocain.
Au Maroc, on parle l’arabe, bien sûr, mais celui-ci se décline en différentes versions, dialectale ou classique – et tous les intermédiaires –, entre lesquelles l’intercompréhension n’est pas toujours assurée, mais une partie des Marocains s’exprime aussi en berbère (ou amazighe), langue qui possède plusieurs variantes régionales. Le français, voire l’espagnol, hérités de la colonisation, et même aujourd’hui, l’anglais, occupent toujours au Maroc une position incontournable… Ainsi, le jeune Marocain est confronté dès son plus jeune âge à cette surabondance linguistique avec laquelle il devra se débrouiller selon ses aspirations, ses études, sa classe sociale, la région où il vit… Cet empilement de langues est le fruit d’une multitude d’influences culturelles accumulées au cours de 2000 ans d’Histoire et entre lesquelles les Marocains n’ont pas encore su faire des choix définitifs.