17 avril : le vendredi saint des chrétiens
Pour les chrétiens d’Occident et d’Orient c’est Vendredi saint ou le Grand vendredi (pour les orthodoxes) qui commémore le jour de la crucifixion et de la mort de Jésus, tel qu’il est décrit dans les Évangiles. Cette fête fait partie du triduum pascal, qui s'étend du Jeudi saint (commémoration du dernier repas du Christ avec ses apôtres) aux vêpres du dimanche de Pâques. Le Vendredi saint est deux jours avant Pâques, ce qui en fait une fête mobile entre le 20 mars et le 23 avril. Les églises d’Occident et d’Orient le fêtent à des dates différentes ; leur coïncidence, cette année, est un hasard.
Pour beaucoup de chrétiens, en particulier dans le monde hispanique, le Vendredi saint reste le jour du « chemin de croix » et, effectivement, c’est le temps fort de cette journée. La tradition qui voulait que l’on reproduise la Passion telle que la vécut le Christ, en grandeur réelle et tenue d’époque, a progressivement disparu en France, sinon dans le village de Burzet, en Ardèche, et elle reste encore très présente en Italie et en Espagne, en Amérique latine ou aux Philippines, pays dans lequel des chrétiens n’hésitent pas à se faire flageller puis crucifier afin de reproduire au plus près le martyre du Christ et d’expier ses fautes.
C’est au XIVe siècle que les Franciscains ont institué le chemin de croix, dans l’esprit des processions de pénitents du Moyen Âge qui défilent également en ce jour, cagoulés, sous les couleurs de leur confrérie, exhibant les instruments de la Passion ou des statues de la Vierge. La Semaine sainte à Séville, en Espagne, est très connue pour le spectacle qu’elle offre dans les rues de la ville. À défaut de procession, les fidèles vont revivre la montée au Golgotha en suivant les quatorze stations du chemin de croix, de sa condamnation à mort par Ponce Pilate (1re station) jusqu’à sa mise au tombeau (14e station) reproduites à l’intérieur des églises ou dans ses abords.
Le jour est férié en Espagne, Portugal, Allemagne, Suisse, Pays-Bas, Finlande, Suède, Danemark, Norvège,Tchéquie, Slovaquie, Hongrie, Lettonie, Bulgarie, Grèce, Moldavie, Roumanie, Serbie, Liban, Brésil, Canada, Chili, Éthiopie, Kenya, Nigeria, Nouvelle Zélande, Hong Kong, Philippines, Inde, Indonésie, Macao… Tous les pays d’Amérique latine sauf le Mexique.
Il n’est pas férié en France, Italie, Irlande, Pologne, Belgique, Luxembourg, Autriche, Slovénie, Lituanie, Chypre, Mexique…
Par provocation, des libres penseurs français organisent, en ce jour de privation pour les catholiques, un banquet républicain. La tradition, qui s’est un peu perdue aujourd’hui, remonte à un dîner « gras » offert le vendredi 10 avril 1868 par Sainte-Beuve à ses amis, Ernest Renan (auteur de La Vie de Jésus et animateur de la revue La Liberté de penser), Gustave Flaubert, Hippolyte Taine, Edmond About… Ce diner a été tant décrié par la presse conservatrice que l’idée a été reprise les années suivantes dans diverses villes de province et diverses associations. La grande époque de ces banquets sera celle du combat anticlérical de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Son maintien au début du XXIe siècle est une réaction à la montée des intolérances religieuses de toutes parts.
Les prochaines dates : vendredi 3 avril 2026, vendredi 26 mars 2027…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 avril 2025
Procession avec Notre-Dame des Douleurs lors des Saintes Représentations du Vendredi saint à Romagnano Sesia, Piémont, Italie (photo : Sarin)
Crucifixion, par Giotto (1304), fresques de l’Église de l’Arena à Padoue
À gauche, Marie effondrée a besoin d’un soutien. Au pied de la croix, Marie-Madeleine en pleurs. À droite, des soldats se disputent le manteau du Christ. Un centurion qui l’a reconnu tente d’attirer l’attention des autres.