L’Almanach international
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4 avril : le Sénégal plus indépendant que jamais
Cette année, la Journée de l’Indépendance, qui est aussi la fête nationale du Sénégal, est célébrée sans aucun événement particulier, tout a été annulé par le président sortant. Qu’importe, le nouveau président Bassirou Diomaye Faye, vient de prendre ses fonctions dans une ambiance très festive compte tenu de l’espoir qui est mis dans cette alternance pour une majorité de la population.
C’est une célébration très sobre qui est annoncée pour la fête d’indépendance du Sénégal : cette année pas de grand défilé militaire sur le Boulevard De Gaule comme l’an dernier, pas de feux d’artifice… C’est le chef de l’État sortant, Macky Sall, face à l’incertitude sur l’issu du scrutin présidentiel, qui a annulé toutes les manifestations publiques sur l’ensemble du territoire. La fête nationale se limite à une levée des couleurs dans l’enceinte du palais présidentiel. Cet événement symbolique marque le début du mandat de Bassirou Diomaye Faye, qui a pris ses fonctions de président le 2 avril après son élection surprise au premier tour de l’élection présidentielle. Hier, il a nommé son mentor, Ousmane Sonko, à la tête du gouvernement. Cette alternance politique, qui n’était pas évidente il ya quelques semaine, a déjà donné lieu à des festivités, en particulier de la part de la jeunesse. Cette année, on refera pas la fête pour le Jour de l’indépendance.
Cette commémoration de l’indépendance coïncide très symboliquement avec l’arrivée au pouvoir d’un homme, Bassirou Diomaye Faye, qui a farouchement milité pour une rupture plus nette encore avec l’ancienne puissance coloniale qu’est la France.
Paris avait déjà pris ombrage de la non-condamnation par Dakar de l’agression russe, manière de montrer que le Sénégal n’était pas aux ordres des Occidentaux. Cela dit, arrivée au pouvoir le nouveau président a quelque peu modéré ses projets de rupture. La présence de soldat français sur le sol sénégalais n’est pas remise en cause, la disparition du franc CFA non plus, même si le nouveau président entend bien le réformer en profondeur. Le Sénégal du président Faye s’affiche plus indépendant sans toutefois tourner le dos à l’ancienne métropole comme l’ont fait le Mali ou le Niger récemment. Admirateur de Barack Obama et de Nelson Mandela, M. Faye se dit panafricaniste « de gauche » et prône le rééquilibrage des partenariats internationaux.
Cette Fête de l’Indépendance, qui est aussi la fête nationale du Sénégal, fait référence à l'accord signé le 4 avril 1960 entre la France et la Fédération du Mali, qui débouchera sur une indépendance proclamée le 30 juin suivant. Cette fédération fondée en janvier 1959 rassemblait, à l’origine, les colonies françaises du Dahomey (Bénin actuel), de Haute-Volta (devenu Burkina Faso), de l’ex-Soudan Français (le Mali) et du Sénégal. L’idée de l’époque, selon l’idéal panafricanisme, était de fonder de grandes entités politiques capables de tenir tête aux impérialismes européens et américain en Afrique. Mais, très vite les deux premiers pays se sont dissociés du projet et au moment de l’indépendance, il ne restait plus que le Sénégal et le Mali entre lesquels, les projets politiques ont rapidement divergé. Léopold Sédar Senghor (le leader sénégalais) était partisan du maintien des relations étroites avec l'ancien colonisateur français alors que Modibo Keita (leader malien) envisageait une africanisation accélérée et avait une position plus radicale. La rupture eut lieu le 20 août 1960, une semaine avant la première élection présidentielle. Finalement, Léopold Sédar Senghor y sera élu premier président de la toute nouvelle république du Sénégal le 5 septembre 1960. Contrairement à ce qui s’est passé dans certains pays d’Afrique, l’indépendance, longtemps réclamée avec le cri Mom sa reew ! (l’indépendance en wolof) aura été acquise sans violence.
La fête nationale du Sénégal commémore le 4 avril, jour où l’indépendance a été négociée et non celui où elle a été proclamée, le 30 juin suivant, une date qui n’est pas commémorée, pas plus que ne l’est le 20 août qui marque la rupture avec le Mali. À l’inverse, le Mali préfère célébrer sa seconde proclamation d’indépendance, celle du 22 septembre 1960, une fois la rupture avec le Sénégal totalement consommée.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 avril 2024
22 septembre : le Mali fête les 60 ans de sa seconde indépendance
Le 22 septembre 1960, le Mali, devenaient indépendant pour la seconde fois. Le 20 juin, la France avait accordé son indépendance à une Fédération du Mali…
Le 22 septembre 1960, le Mali, devenait indépendant pour la seconde fois. Le 4 avril, la France avait accordé son indépendance à une Fédération du Mali qui devait regrouper plusieurs pays mais tous s’étaient désistés, sauf le Soudan français (futur Mali) et le Sénégal, au moment de la proclamation d’indépendance, le 20 juin. Ce dernier a très vite fait sécession, laissant seul le pays qui deviendra le Mali. Un État qui va vite rompre avec la France pour se rapprocher de la Guinée et du Ghana et former une éphémère Union des États africains qui regardait alors vers Moscou, Pékin, ou Belgrade...
Aujourd’hui, après 60 ans d’indépendance, certains se demandent quelle est la souveraineté véritable du Mali, sachant que les deux tiers de son alimentation sont importés et que sa sécurité repose en partie sur la présence de l’armée française sur son territoire. Les deux tiers du territoire national échappent dramatiquement à la souveraineté nationale. Ses frontières sont régulièrement violées par des bandes armées… Depuis un mois, suite à un coup d’État militaire, le pays est dirigé par une junte provisoire. Bah Ndaw, ancien ministre de la Défense, a été désigné hier, président de transition. Un militaire à la retraite secondé à la vice-présidence par un militaire en activité… La junte militaire ne semble pas prête à lâcher le pouvoir.
C’est dans ce contexte que le Mali célèbre le Jour de l’indépendance. Néanmoins, l’État-major inter armée, le prytanée militaire de Kati, l’AMA-SNJ, l’Administration pénitentiaire, les Eaux et Forêts, la Douane malienne, la Protection civile, la Police nationale, la Gendarmerie nationale, la Compagnie de soutien ( DCSSA, DTTA, DMHTA), le Génie militaire, la Garde nationale, l’Armée de l’air, l’Armée de terre avec une section des commandos parachutistes suivie de la direction du Sport militaire… tous sont décidés à faire bonne figure en ce jour de fête nationale du Mali.
Une innovation toutefois : l’organisation d’un défilé patriotique avec pour slogan « La France dégage ! »…preuve que le nouveau pouvoir n’est pas parvenu encore à endiguer un sentiment anti-français qui prend de l’ampleur depuis un an.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde