L’Almanach international
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15 juillet : Tayyip Erdoğan tente de justifier son régime autoritaire
La Journée de la démocratie et de l'unité nationale est le plus récent des jours fériés turcs. Il a été créé pour commémorer la tentative de coup d'État en Turquie qui a eu lieu le 15 juillet 2016 et qui a permis au président Erdogan d’instaurer un régime autoritaire.
La Journée de la démocratie et de l'unité nationale (Demokrasi ve Milli Birlik Günü) est un jour férié en Turquie célébré le 15 juillet. C'est le plus récent jour férié du pays, créé pour commémorer la tentative de coup d'État qui a eu lieu le 15 juillet 2016. Suite à ce coup politique raté qui n’a guère ébranlé le régime, le président turc a opéré une très vaste purge de la fonction publique (en particulier de la justice et de l’enseignement) et de l’armée pour révoquer et le cas échéant emprisonner tous ceux qui seraient susceptibles d’être des opposants à son pouvoir personnel. Depuis cette date, la Turquie dérive vers une dictature personnelle. Les conditions dans lesquelles se dérouleront les élections présidentielles de 2023 (celles du centenaire de la République turque) permettront de savoir si on a vraiment basculé dans une dictature à la Poutine.
Officiellement, ce jour férié a été créé en souvenir des 240 civils, policiers et soldats qui ont perdu la vie lors de la folle journée du 15 juillet 2016. On ignore qui est véritablement à l’origine de cette tentative coup d’État. Le gouvernement turc accuse un milliardaire conservateur turc réfugié aux États-Unis, Fethullah Gülen, mais il n’est pas exclu que les officiers gülénistes et kémalistes mis en cause dans l’opération ne se soient laissés piéger par les services d’Erdoğan, dans le but de trouver un prétexte pour anéantir toute l’opposition, en particulier celle des gülenistes, les principaux concurrents idéologiques de l’AKP (le parti d’Erdogan), mais aussi la gauche et les libéraux.
Une cérémonie de commémoration est organisée à Ankara devant la Grande Assemblée nationale turque, avec la participation du président et du président du Parlement.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
10 novembre : 80 ans après, la seconde mort de Mustapha Kemal
À 9 h 05, heure de son décès, des sirènes retentissent et toute la Turquie se fige. La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé le 10 novembre 1938. Avec Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme ?
À 9 h 05, des sirènes retentissent toute la Turquie se fige. Les sirènes retentissent La circulation s’arrête, le temps de deux minutes en hommage à Mustapha Kemal, dit Atatürk, le père fondateur de la république turque, décédé à 57 ans, le 10 novembre 1938, il y a 80 ans jour pour jour. Mais, avec Recep Tayyip Erdoğan au pouvoir, que reste-il aujourd'hui du kémalisme ?
Devenues quotidiennes, les purges décidées par le président Erdoğan s’abattent sur tous les opposants : ceux de gauche, les syndicalistes, les militants des droits de l’homme et de la cause kurde. Tout le monde est sous la menace, les gens sont tétanisés par la peur. Les dénonciations de Kemal Kiliçdaroglu, le chef du Parti républicain du peuple (le parti d’Atatürk !) ne pèsent pas grand chose face au rouleau compresseur du parti islamo-conservateur, l'AKP.
Des centaines de personnes se rassemblent devant le palais de Dolmabahçe, à Istanbul, sur les rives du Bosphore où Atatürk a rendu son dernier souffle, le 10 novembre 1938, à 9h05. Heure à laquelle toutes les pendules du palais ont été arrêtées. Traditionnellement, une marche est organisée aujourd’hui par la municipalité de Beşiktaş jusqu’au palais de Dolmabahçe. Une gigantesque chaîne humaine doit porter un drapeau turc mesurant plus d’un kilomètre de long.
À Ankara, des milliers de personnes afflux sur la colline d’Anıttepe où se trouve le mausolée Anıtkabir. La dépouille de Mustapha Kemal y a été transférée en 1953, lors de funérailles nationales. Le site accueille plus de 3 millions de visiteurs par an. Le mausolée abrite aussi un musée consacré à Atatürk et à la Guerre d’indépendance turque (1919-1922).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 novembre 2018