L’Almanach international
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29 mai : Istanbul fête sa « conquête » par les musulmans
Recep Tayyip Erdoğan célèbre à la fois sa victoire électorale et le 570e anniversaire de la conquête de Constantinople, devenue Istanbul, par un jeune sultan, âgé alors de 21 ans : Mehmet II Fatih, après 53 jours de siège. Le président Erdoğan a fait de cet événement une de ses deux dates fétiches avec le 24 juillet (1923).
Les autorités turques célèbrent aujourd’hui le 570e anniversaire de la conquête Istanbul (Constantinople) (İstanbul'un fethinin yıl dönümü) par un jeune sultan, âgé alors de 21 ans : Mehmet II Fatih (c’est-à-dire le Conquérant) après 53 jours de siège et quelques trahisons dans le camp chrétien. C’était le 29 mai 1453. Il signait ainsi la fin de l’Empire byzantin mais il allait faire de la Turquie un État prospère et moderne. La célébration de cet anniversaire est un événement récent,largement dû à la volonté de Recep Tayyip Erdoğan, l’indéboulonnable président autoritaire de la Turquie.
D’année en année, c’est avec toujours plus de faste que l’on organise l’événement au point que l’on en délaisse une autre fête, celle du 19 mai, dédiée à Mustafa Kemal (Atatürk).
En 2019 : spectacle pyrotechnique doublé d’un son et lumière sur la Corne d’Or, grande parade dans le stade de football de Besiktas, organisée par l’Association de la jeunesse d’Anatolie, une ONG islamiste proche de l’AKP (le parti islamo-conservateur au pouvoir)… la fête ne passe pas inaperçue.
En 2020, les cérémonies n’ont pas eu lieu, pour cause de pandémie, mais sur ordre de Recep Tayyip Erdoğan, la basilique Sainte-Sophie a été rouverte à la prière (ce qui a créé un afflux de visiteurs mettant en péril ce monument du Ve siècle, en principe protégé par l’Unesco).
En 2021, contre toute attente, l’AKP a annulé toute manifestation sans donner de raison. Il est vrai que depuis 2019, la municipalité est passée à l’opposition. Cependant, c’est le 29 mai 2021, que la fameuse mosquée pour laquelle le parc de Taksim a été détruit, a été inaugurée.
En 2022, s'exprimant lors de la réunion du groupe du parti AK, le président Erdoğan a déclaré : "Nous célébrerons le 29 mai à l'aéroport d'Atatürk". Les festivités commencent à 16h00 dans le Jardin de la Nation de l'aéroport d'Atatürk. Cette infrastructure destinée à faire l’Istanbul un hub aérien de taille mondiale est la fierté du nouveau sultan, Erdogan. 1453 et 1923 (le 24 juillet) sont ses deux dates fétiches.
En 2023, l’évènement permet à Recep Tayyip Erdoğan, ancien maire d’Istanbul, de célébrer de manière très symbolique sa troisième victoire à la présidentielle turque.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde
15 juillet : Tayyip Erdoğan tente de justifier son régime autoritaire
La Journée de la démocratie et de l'unité nationale est le plus récent des jours fériés turcs. Il a été créé pour commémorer la tentative de coup d'État en Turquie qui a eu lieu le 15 juillet 2016 et qui a permis au président Erdogan d’instaurer un régime autoritaire.
La Journée de la démocratie et de l'unité nationale (Demokrasi ve Milli Birlik Günü) est un jour férié en Turquie célébré le 15 juillet. C'est le plus récent jour férié du pays, créé pour commémorer la tentative de coup d'État qui a eu lieu le 15 juillet 2016. Suite à ce coup politique raté qui n’a guère ébranlé le régime, le président turc a opéré une très vaste purge de la fonction publique (en particulier de la justice et de l’enseignement) et de l’armée pour révoquer et le cas échéant emprisonner tous ceux qui seraient susceptibles d’être des opposants à son pouvoir personnel. Depuis cette date, la Turquie dérive vers une dictature personnelle. Les conditions dans lesquelles se dérouleront les élections présidentielles de 2023 (celles du centenaire de la République turque) permettront de savoir si on a vraiment basculé dans une dictature à la Poutine.
Officiellement, ce jour férié a été créé en souvenir des 240 civils, policiers et soldats qui ont perdu la vie lors de la folle journée du 15 juillet 2016. On ignore qui est véritablement à l’origine de cette tentative coup d’État. Le gouvernement turc accuse un milliardaire conservateur turc réfugié aux États-Unis, Fethullah Gülen, mais il n’est pas exclu que les officiers gülénistes et kémalistes mis en cause dans l’opération ne se soient laissés piéger par les services d’Erdoğan, dans le but de trouver un prétexte pour anéantir toute l’opposition, en particulier celle des gülenistes, les principaux concurrents idéologiques de l’AKP (le parti d’Erdogan), mais aussi la gauche et les libéraux.
Une cérémonie de commémoration est organisée à Ankara devant la Grande Assemblée nationale turque, avec la participation du président et du président du Parlement.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde