L’Almanach international
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17 août : la fête nationale du Gabon
Le Gabon célèbre une indépendance, acquise le 17 août 1960, mais qu’il n’avait, à l’époque, pas vraiment souhaitée. La fête de l’Indépendance est marquée par un grand défilé. Les festivités sont néanmoins limitées par le couvre-feu, vestige du coup d’État de 2023.
Le Gabon célèbre une indépendance, acquise le 17 août 1960, à l’égard de la France. Mais, à l’époque, il n’avait pas vraiment souhaité. Léon Mba, le leader local, avait réclamé la départementalisation de son pays, comme la Guadeloupe ou la Guyane. L'indépendance lui sera finalement imposée par Paris. Le président De Gaulle ayant mis son véto à la demande gabonaise.
Léon Mba est élu président de la république en 1961 (il était le seul candidat). Trois ans plus tard, il sera déposé lors d'un coup d'État puis ramené au pouvoir par une intervention militaire française. À sa mort, Albert-Bernard Bongo (qui deviendra Omar Bongo Ondimba, après sa conversion à l’islam) instaure, en 1967, une dictature soutenue par la France, qu’il lèguera à son fils, Ali Bongo. Il laissera en héritage une fortune considérable, fruit de quatre décennies de pillage de son pays. Ali Bongo a régné jusqu’en 2023, année où il a été renversé par une révolution de palais. Le pays est aujourd’hui dirigé par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, qui se présente comme le « président de la transition »… Le Gabon, ce meilleur élève de la Françafrique, n’a jamais connu la démocratie.
Le Gabon n’était pas une colonie comme les autres, il est devenu français dès 1839 après la signature d'un traité entre la France et un souverain de l'estuaire du Gabon, Antchuwè Kowè Rapontchombo, dit le « roi Denis ». Sa capitale, Libreville a été fondée en 1849 pour accueillir des esclaves libérés comme de Freetown en Sierra Leone. En 1886, le Gabon devient officiellement une colonie française et, malgré la résistance de quelques chefs guerriers fangs, mitsogos ou punus, avant d’être intégré à l’Afrique Equatoriale française (AEF) en 1910. Lors de sa première visite en France en tant que président, Léon Mba déclarait : « Le Gabon est indépendant, mais entre le Gabon et la France rien n’est changé, tout continue comme avant. »Ce pays qui célèbre son indépendance aujourd’hui a-t-il jamais été vraiment indépendant ? Même si aujourd’hui, le pays se détache de la France pour s’offrir à la Chine qui ne fera qu’une bouchée de ce pays de deux millions d’habitants richement doté en matières premières.
Pour ce 64e anniversaire de l’indépendance au Gabon, le président lance les festivités en allant déposer une gerbe au Mausolée Léon Mba, avant la parade militaire proprement dite de ce mardi 17 aout, à partir de 10h., sur sur le grand boulevard du bord de mer. Les journées du 15, 16 et 17 ont été déclarées fériées. Les festivités sont néanmoins limitées par le couvre-feu, vestige du coup d’État de 2023. Alors que le Gabon s’apprête à vivre littéralement deux semaines de célébrations nationales (jusqu’au 30 août, date de la nouvelle fête de la libération), l’opposition se demande si on peut véritablement fêter la liberté quand celle-ci demeure partielle.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 août 2024