10 janvier : jour férié au Bénin pour célébrer le vaudou
Danses au son des tambours rituels, invocations par les grands-prêtres de leurs esprits tutélaires, scènes de transes... Des milliers d'adeptes se pressent chaque année, le 10 janvier, sur la plage de Ouidah au sud du Bénin mais, aussi à Grand Popo et dans beaucoup de villes et villages du Bénin pour ce jour (férié) de la Fête du vaudou (fête du vodoun).
On arrive en masse ici des pays voisins, Togo, Nigéria, Ghana mais aussi du Brésil, des Antilles, des États-Unis depuis 1993, date de son institution comme fête officielle par le président Nicéphore Soglo. Il y a 30 ans, le pays sortait de deux décennies d’un régime marxiste-léniniste sous la férule de Mathieu Kérékou arrivé au pouvoir en 1972 après un coup d’État. Une véritable chasse aux sorcières avait alors été lancée contre les pratiquants de ce culte (vodounon) et leurs adeptes (vodounsi) qui n’épargna pas non plus les catholiques et les musulmans. Si le vaudou n’a pas disparu, durant ces deux décennies, sa pratique demeurait clandestine et dangereuse.
Venu du Nigeria et apparu dès la fin du XVIe siècle à la frontière du Bénin et du Togo actuel, le vaudou sera diffusé via la traite des esclaves dans le reste du monde. Le vaudou haïtien, le candomblé au Brésil, la santeria à Cuba, le quimbois dans les Grandes Antilles… en sont les héritiers. Des représentants de ces pays viennent chaque année participer à cette fête internationale du vaudou, unique au monde.
Le vaudou est de nos jours, pratiqué par les deux tiers des populations togolaise et béninoise, par ailleurs rattachés à une Église officielle, catholique ou musulmane dans un syncrétisme qui semble naturel ici. Pour ceux qui ne pratiquent pas, cette fête du 10 janvier est avant tout une célébration culturelle, voire identitaire. La majeure partie de la population béninoise est aujourd’hui attachée à cette Journée nationale des cultes (son nom officiel) qui n’en est à 30e édition et qui se déroule dans plusieurs villes du pays. La Fête du Vodoun, donne incontestablement au Bénin, une aura internationale dont le Togo entend profiter aussi en proposant, lui aussi, une fête qui s’est déroulée samedi dernier.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde