1er avril : l’investiture des capitaines-régents de la république de Saint-Marin
Chaque 1er avril, en république de Saint-Marin (San Marino), on sort les costumes traditionnels pour la cérémonie d’investiture des deux chefs d’États. Les capitani reggenti (capitani reggenti) sont toujours deux, généralement un de droite et un de gauche, mais pendant leur mandat ils se doivent de s’exprimer d’une même voix. Le 18 mars 2022, le Grand Conseil Général a élu Oscar Mina et Paolo Rondelli, nouveaux capitaines-régents pour le semestre du 1er avril - 1er octobre 2022. Le premier, démocrate-chrétien, est un conservateur et les engagements du second le situent nettement plus à gauche.
On est à l’opposé du modèle français : leur mandat n’est que de six mois. Ils ne sont pas rééligibles avant trois ans. C’est l’assemblée qui les choisit et non directement le peuple car la république de Saint Marin a un régime d’assemblée. C’est en effet le Grand conseil général (Consiglio Grande e Generale), soixante membres élus pour cinq ans, qui dirige le pays. Même s’il existe un gouvernement : le Congrès d’État composé de dix secrétaires d’État (Segretari di Stato), présidé par les deux capitaines-régent qui prennent leurs fonctions aujourd’hui. Passé les six mois, les citoyens pourront leur demander des comptes. C’est prévu par la constitution (laquelle date de 1600 et serait la plus ancienne du monde encore en vigeur). Un idéal démocratique ? Ce modèle de démocratie ne peut fonctionner qu’en petit comité (environ 30 000 électeurs). Et, la petite république, la plus ancienne du monde dit-on, n’a pas été exempte de scandales politiques : on a pu déplorer des cas d’achats de vote ou de liens d’élus avec la mafia. La petite république prospère sur ses spécificités fiscales : la confidentialité des comptes a attiré quantité de capitaux, plus ou moins louches, et les sièges sociaux fictifs de milliers de sociétés. Ceci au détriments des contribuables des pays voisins.
Aujourd’hui, la garde du Grand Conseil général (Guardia del Consiglio Grande e Generale), corps de garde composé de citoyens volontaires enfile ses uniformes historiques pour une cérémonie qui se déroule deux fois par an, les 1er avril et les 1er octobre. C’est elle, théoriquement, qui assure la protection des capitaines-régents et du Conseil.
Ce système politique date du XIIIe siècle, les deux premiers capitaines-régents ont été élus en 1243. Mais, ce mode de désignation des dirigeants en usage dans certaines cités médiévales italiennes à l’époque, provient des usages de la République romaine. C’est là que les Saint-marinais nous rappellent que leur république aurait été fondée au début du IVe siècle, un 3 septembre selon la légende. De nos jours, Saint-Marin est une république démocratique multipartite. Les partis sont organisés en deux grandes alliances. L'alliance de droite, Pacte pour Saint-Marin, est dirigée par le Parti chrétien-démocrate de Saint-Marin et l'alliance de gauche, Réformes et liberté, est dirigée par le Parti des socialistes et démocrates.