Algérie, Maroc Bruno Teissier Algérie, Maroc Bruno Teissier

avril 2021 : la Visite de Jean Castex à Alger annulée

 

Officiellement, la visite du Premier ministre français à Alger a été annulée, ce 9 avril 2021, en raison de « l’épidémie de Covid-19 ne permettant pas à ces délégations de se retrouver dans des conditions pleinement satisfaisantes ». En réalité, Alger était déçue du format de la visite : quatre ministres et seulement une journée… Le président Macron avait pourtant opté pour un soutien ouvert au président Tebboune, mal élu fin 2019. Lors de cette rencontre, plusieurs sujets économiques, sécuritaires ou culturels étaient sur la table et des accords devaient être signés. Ce sera pour une autre occasion.

Le pouvoir algérien de moins en moins légitime face à un Hirak reparti de plus belle le 22 janvier dernier et qui marquait ce vendredi, sa 112e manifestation. Faute d’avoir laissé émerger le moindre leader, il a été impossible d’acculer le pouvoir à négocier comme cela s’est fait au Soudan. Du coup, le pouvoir renvoie aux manifestants leur manque de légitimité, l’éparpillement de leurs revendications et même leur infiltration par les islamistes.

Le gouvernement algérien attend des jours meilleurs pour négocier avec le gouvernement français sur des sujets importants comme les séquelles des essais nucléaires de l’ère De Gaulle en Algérie.

Des gestes maladroits de part et d’autre sont à déplorer : le 8 avril, El Hachemi Djaaboub, ministre algérien du travail, qualifiait la France d’« ennemi traditionnel et éternel » de son pays. On peut aussi noter l’annonce par La République en Marche, le parti d’Emmanuel Macron, de l’ouverture d’une antenne politique à Dakhla, au  Sahara occidental, un territoire occupé par le Maroc, ce que lui conteste l’Algérie. Cette annonce a eu lieu la veille de l’annulation de la visite. S’il fallait chercher un prétexte à cette annulation, il était offert sur un plateau.

Pour un point sur la situation de l’Algérie, lire : Géopolitique de l’Algérie de Kader A. Abderrahim

 
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Un an de Hirak en Algérie

 

Le 22 février marque un an de protestations populaires en Algérie, tous les vendredis (les mardis pour les étudiants), toutes générations confondues, une lame de fond qui a pris le nom de Hirak. Un an de manifestations, depuis le 22 février 2019, qui ont impressionné par leur civisme et leur pacifisme face à un pouvoir qui, de son côté, n’a pas osé faire couler le sang comme cela avait été le cas lors des émeutes d’octobre 1988.

La vague de protestations, d’abord dirigée contre l’ancien président Abdelaziz Bouteflika qui a, finalement, démissionné et contre le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire Gaïd Salah, décédé avant la fin de l’année, continue de demander un changement de régime. Car la nouvelle version du régime, avec en tête un président de 74 ans, Abdelmajid Tebboune, et un chef d’état-major du même âge, Saïd Chengriha, ne représente en réalité qu’un changement dans la continuité. Les arrestations et les condamnations de manifestants du Hirak se multiplient, le régime tente de reprendre la main.

Cela-dit, si rejeter le régime est une chose, avoir une vision claire sur la meilleure manière de le renverser en est une autre. Le Hirak est aujourd’hui victime de sa nature décentralisée et apolitique. On voit mal sur quoi il peut déboucher à court terme alors que l’Algérie voit son environnement régional chanboulé. Le danger d’une déstabilisation totale de Sahel, la guerre civile en Libye et un conflit au Sahara occidental qui sans être chaud, s’éternise.

Pour un point sur la situation de l’Algérie, lire : Géopolitique de l’Algérie de Kader A. Abderrahim

 
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