Il a cent ans, Karl Liebknecht était assassiné
Le 15 janvier 1919, le socialiste révolutionnaire Karl Liebknecht était assassiné par des membres des Corps Francs aux ordres du gouvernement, le même jour que Rosa Luxembourg, sa partenaire spartakiste.
Il laissait une épouse, Sophie et 3 enfants âgés de 12 à 18 ans, Vera la plus jeune est morte dans les années 1930 sans descendance. L’aîné, Wilhelm, qui porte le nom de son grand-père, cofondateur du Parti socialiste allemand va fuir en URSS en 1928, c’est là qu’est née sa fille unique Maja qui vit aujourd’hui dans le Brandebourg.
Robert, son second fils se réfugiera en France en 1933 avec son épouse Hertha. Après avoir étudié à Berlin, puis aux Beaux-Art de Dresde, il est devenu peintre. Le couple s’installe à Paris. Grâce à leur nom, ils sont accueillis très chaleureusement par les intellectuels de gauche. Hertha est responsable des enfants juifs de l'hôpital Rothschild, sauvés par "l'Organisation pour le salut des enfants" (OSE) française.
Leur exil français est interrompu par un internement en septembre 1939. Robert, au camp des Milles, où étaient emprisonnés les citoyens allemands réfugiés en France bien qu’antinazis dans leur très grande majorité. En captivité, il y a côtoyé d’autres artistes comme Max Ernst, Ferdinand Springer, Alfred Otto Wolfgang Schuize dit Wols… Son épouse Hertha a été emprisonnée à Gurs, le sinistre camp qui a retenu des centaines de femmes allemandes. Libérés, ils parviennent à se retrouver et à se cacher, leur fille, Marianne est née en France en 1941. En 1943, la famille arrive à passer en Suisse, le bébé dans les bras, en échappant aux balles des gardes frontières. Ils y demeureront jusqu’en 1948, avant de se réinstaller à Paris où Robert est mort en 1994 et Hertha en 2000. Le couple avait obtenu la nationalité française en 1956.
À propos du refuge des Allemands en France, lire Ces Allemands qui font la France, par Christine Ramel et Bruno Teissier
Marianne, leur fille vit aujourd’hui en Autriche, ses propres fils ont la nationalité américaine, l’un vit à New York, l’autre à Londres, le troisième à Graz. Aucun ne se dit communiste, même si pour Marianne « les valeurs défendues par notre famille sont bien vivantes ». Sa cousine, Maja, qui a vécu en URSS est moins convaincue.
L’urne funéraire de Robert Liebknecht repose dans la tombe familiale du cimetière berlinois de Friedrichsfelde où se déroule chaque année, autour du 15 janvier une cérémonie en l’honneur de son père et de Rosa Luxembourg.
Photo : Karl, son épouse Sophie et ses trois enfants (nés de sa première épouse, Julia)